31.12.11

mes chers enfants,

trois mois
aucun signe,
d'ici je vous en prie
ne perpétuez pas
Bonne année
avec toute mon affection
rameaux d'olivier au monastère de ganagobie, 8 heures ce jour











18.12.11

souvent, je me demande...

Souvent, je me demande comment tenir une ligne juste à l'égard des pays - assez nombreux finalement - avec lesquels la France a eu maille... soit ex-colonies, soit ex-protectorats, soit ex-conflits, soit ex-alliances circonstancielles, oubliées et dénoncées opportunément.
Je lis toujours avec attention et réflexion les grands éditorialistes de la presse et pas seulement européenne, au premier rang desquels je place Jean Daniel qui chaque semaine depuis trente ans m'éclaire et m'inspire; je me sens en phase quasi totale avec la première plume du Nouvel Observateur et lorsque je m'en éloigne - comme par exemple lors de feu le débat sur l'identité nationale qu'il semblât appeler de ses vœux - c'est pour y revenir plus tard, après (nouvelle et plus mûre) réflexion.
Et puis il y a les grands témoignages, les entretiens de fond et les débats enrichissants, beaucoup de matériaux qui me passent entre les yeux ou les oreilles (beaucoup) et dont j'ai choisi de faire profiter mes lecteurs (?) dorénavant par une simple mention, un court billet... Ce blog reste mon espace d'expression prioritaire et même si d'autres peuvent s'ouvrir ailleurs, ils renvoient tous à http://audience-barcelona.blogspot.com/.
Aujourd'hui donc j'inaugure ce (modeste) débat participatif par l'interview de Moncef Marzouki, tout neuf Président élu de la République Tunisienne, publié ce jour par Le Journal Du Dimanche (Paris/France)

image & digne de foi

Être dans l'image, sur l'image ou dans l'écran ce qui revient à peu près au même, au sein de l'image interdit de penser l'image, sauf à risquer de se nier soi-même. En tous cas c'est un risque qui serait à courir. J'ai dû en avoir conscience, car du temps où j'opérais, que ce soit à titre de présentateur, de chroniqueur ou de reporter, je me suis bien gardé de mettre les doigts dans l'engrenage d'une quelconque remise en cause. "On ne sort de ses ambiguïtés qu'à son détriment" affirmait judicieusement le cardinal de Retz; "Vérité mal établie commence par soi-même" ajoutais-je. Le recul et la distance prise, une très grande distance factuellement (vingt et quelques années et des milliers de kilomètres circomsphériques) me permettent d'y revenir, d'y venir, sans implication. Mais, alors que je m'apprête à pénétrer en son sein, un son obliquela radio encore et France Culture toujourssollicite sans qu'il (me) soit possible de s'y soustraire. C-c1 je retranscris:
  • L'image, dit Marie-José Mondzain philosophe (de l'image) et directrice de recherches au Cnrs, est l'opérateur foncier de la croyance, mais on ne construit pas du politique, du pouvoir, de la soumission ou de la confiance que sous le registre de la croyance. L'image ne donne rien à savoir mais elle donne à croire.
  • Donc, pointe Laure Adler primo écoutante, quand des hommes d’État s'achètent d'abord des télévisions pour asseoir leur propre pouvoir sur le peuple, on peut se dire qu'ils ont lus les maîtres byzantins...
  • Ils n'ont même eu besoin de les lire - et ils les ont rarement lus! - ils en sont les héritiers directs, souvent ils ignorent de qui ils tiennent cette grande tradition de "qui a le monopole du visible a le monopole de la croyance" (...) Faire croire cela peut être aussi ouvrir le régime de la confiance et de l'échange. Le faire voir et faire croire ce n'est jamais un faire savoir et ce que l'image fait savoir -par exemple la télévision dans un documentaire- elle nous demande d'y croire. Il y a donc le problème de la question de faire confiance à ceux qui nous font croire que ce qu'on nous donne à voir mérite le nom d'un faire savoir.
  • Donc les véritables maîtres du monde, ce sont ceux qui nous proposent des choses à voir comme si elles étaient le reflet de la réalité et que nous vivions sous un mode de transparence...
  • On peut le dire comme ça, en tous les cas vous avez prononcé le mot comme si, le comme si, le quasi, le semblant. Le mot grec εικόνα [i'kona] est loin de désigner uniquement cet objet de la croyance orthodoxe – je en suis pas du tout religieuse – Si l'icône m'intéresse c'est que εικόνα est le mot grec qui doit d'abord être traduit non par "image" mais par "semblant". Je le traduis même dans Nicéphore le Patriarche2 par "semblance". Ce régime de la semblance qui subsume3 à la fois la ressemblance, la visibilité, mais l'écart (avec un modèle invisible) fait de l'image le régime sous lequel la vérité ne fait qu'apparaître, dans toute sa fragilité, et donc l'image est donc ce qui demande à la parole et à la pensée d'établir la confiance, la méfiance, la défiance: c'est le régime de la foi! Donc l'église, qui installe à la fois un registre doctrinal de la foi chrétienne et en même temps un registre politique d'obéissance institutionnelle à un pouvoir temporel, demande que l'on croie à ce qu'elle fait croire en le donnant à voir. A tel point qu'il y a eu une véritable défiance de l'institution ecclésiastique à l'égard du Livre et de la Lettre. Vous savez que la Bible a été mise à l'index et que l'image a été appelée "la bible des illettrés" - Nous héritons de tout cela...
  • Mais il n'y avait pas (il n'y a pas, nda) de représentation de Dieu, impossible de représenter Dieu...
  • C'est toujours comme ça! Dieu est le mot par lequel se désigne philosophiquement les limites du pensable. L'activité philosophique, qui est une réflexion interminable et sans cesse renouvelée sur les conditions de possibilité du pensable, ne peut pas faire de Dieu l'objet d'une représentation.
  • ¡Heureusement il y a eu le Christ... et la Vierge Marie!
  • La Vierge, ça c'est très important... la divinité accepte, je dirais en anthropomorphisant4 mon propos, décide de modifier le contrat d'écoute et de parole avec le peuple élu pour se rendre à la fois universel et visible, en prenant sa visibilité (donc son humanité) à partir d'une personne, d'une femme. Le Christ ne tient sa visibilité que d'un corps féminin et le Dieu se rend visible – si on reprend le fondateur du christianisme c'est à dire les textes pauliniens – par des oxymores sans fin, à savoir que celui qu'on celui qu'on voit est aussi invisible, que celui qui souffre est aussi impassible, que celui qui va mourir est aussi éternel et immortel, que celui qui va se corrompre est incorruptible... la personne du Christ est ce lieu de crise; qui dit christique dit critique, situation de crise.
Voix de Jean-Luc Godard dans ses Histoires du Cinéma: “Oh quelle merveille de pouvoir regarder ce qu'on en voit pas! Oh doux miracle de nos yeux aveugles! À part ça, le cinéma est une industrie, et si la première guerre mondiale avait permis au cinéma américain de ruiner le cinéma français, avec la naissance de la télévision, la deuxième lui permettra de financer c'est à dire de ruiner tous les cinémas d'Europe.
  • Godard laisse a toute image sa turbulence éclatante et n'en impose jamais quelque vérité ultime.” C'est surtout une voix qui habite les images... Godard est quelqu'un qui m'aide à continuer de travailler, par son geste, par sa voix, par l’opiniâtreté parfois même ingrate de ses interventions, par son insolence (…) Lorsque mon père a quitté le noyau familial et le ghetto pour être peintre, il a appris par la suite qu'il avait été l'objet d'une cérémonie qui s'appelle le herem, de déni de filiation de la part de son père, ce qui est grave, très grave en tant que juif... ce qui est très grave d'une façon générale!
Tiens le “herem” je n'en avais jamais entendu parler, il semblerait que ce mot hébreu, dans son usage contemporain, fasse référence à un bannissement. Certes je ne suis pas juif, enfin je n'en suis pas tout à fait sûr, je n'en sais trop rien... en fait je ne sais pas grand chose sur mes origines, beaucoup moins que la moyenne en tous cas; sans doute ne m'y suis-je pas vraiment intéressé et lorsque j'ai pris conscience qu'il pourrait m'être sacrément utile de fouiller un peu, c'était trop tard, il n'y avait déjà plus personne pour me renseigner; quant à celles et ceux qui restaient, ils étaient carrément mutiques ou édredons ce qui est pire. Enfin, le fait est que mon père, un jour – je me souviens très bien c'était un téléphone un matin ou je me trouvais dans l'agence de la banque Espirito Santo (tout un programme!) de la place Camões à Cascais au Portugal – m'a lancé glacialement: “De toute façon tu as changé de nom, tu ne fais donc désormais plus partie de notre famille...!” En fait de “changement de nom”, j'avais simplement – quelques années auparavant (!) mais les contacts avec mon père étaient relativement espacés – ajouté à mon nom patronymique celui de ma mère… Il est vrai qu'étant niée dans sa propre identité, elle ne pesait guère dans la balance familiale versus pater. C'était donc pour moi une affaire de rééquilibrage, de réparation et également je dois le dire d'esthétique. Aussi, d'élargir le champ, l'assise, et la référence surtout pour mes enfants, pour tous nos enfants s'ils le désiraient, maintenant ou plus tard. Comme un espace offert de liberté élargi. Alors ce herem, il me parle bien en effet. Certes non par l'ampleur de ce que j'imagine pouvoir en être le rituel à la synagogue, mais dans son principe excluant, à peu près équivalent.
  • C'est pour cela que j'ai fait ce livre qui s'appelle Images, à suivre (2011) et qui pourrait s'appeler De la poursuite parce que je me suis interrogée à un moment de ma vie, soit maintenant: pourquoi j'ai été poursuivie à ce point par les images et pourquoi je les ai poursuivies? m'ont-elles persécutée et de quelle façon j'ai voulu moi aussi les persécuter? – en passant par les iconoclastes j'allais vers les persécuteurs d'images – et pourquoi, allant vers eux je découvrais que l'image ne me lâcherait plus... pour mieux comprendre en quoi elle devenait un horizon philosophique, politique, même je dirais psychique dans ma biographie: comment, en tant que philosophe et femme, le rapport que j'avais aux images, cette obsession de l'image, les poursuivant et devenant comme on le dit philosophe de l'image... en fait je suis en quête de ce qui permet à l'image d'être reconnue comme une condition de la pensée.
  • Nous sommes dans une période pré présidentielles. L'image a déjà beaucoup de pouvoir, beaucoup... et elle va avoir encore davantage de puissance!
  • Elle ne va pas en avoir de plus en plus, elle a déjà tous les pouvoirs. La question est de savoir qui dans ceux qui s'adressent à nous est digne de foi. C'est cette question de la confiance, dans cette danse plus ou moins macabre des images qui vont nous être proposées dans les mois qui viennent… Nous voilà dans un sorte de défilé de mode(s) et de modalités qui psychologise et télé-visualise les choix que nous avons à faire, parce que ces images ne nous donnent rien à entendre. Une des choses qui a été pour moi une la plus importante a été de distinguer les images qui prennent la parole et les images qui donnent la parole. Dans ces campagnes électorales comme dans la publicité de toutes façons ce sont des boites de communication qui construisent le défilé de mode des candidats: elles vendent un produit qui a un nom propre, comme des marques; elles construisent des images qui prennent la parole et nous disent ce que nous avons à voir, à entendre, à comprendre et ce que nous avons à en penser. Elles vendent des registres de crédulité. Par rapport à cela, j'espère que certains candidats sauront pratiquer une économie du retrait et une économie justement de la visibilité, qui donneront à ceux à qui ils s'adressent “la parole”, qui leur donneront les chances de penser, qui nous permettront de juger, de peser, de comparer... C'est une des leçons majeures de Jean-Luc Godard, à savoir qu'il n'est d'image que celle qui met en mouvement celui à qui elle s'adresse, c'est à dire qui lui donne de la liberté. Donc, pour ce qui est des mois qui viennent, je pense qu'il est urgent pour chacun de nous de parler à tout autre – de travailler le voisinage – de ce que nous voyons, et à exiger de ceux qui s'adressent à nous qu'ils fassent une offre de liberté et qu'ils nous traitent d'égal à égal. S'il s'agit uniquement de consacrer une conquête du pouvoir, je crois que la campagne qui vient est sans intérêt.
Et moi après ça, je vais écrire sur l'image...! Je crois que je vais attendre un peu.

Livres de Marie-José Mondzain: L'image peut-elle tuer? - Image, icône, icônomie, les origines byzantines de l'imaginaire comtemporain - Qu'est-ce que tu vois? (livre réalisé avec des enfants) - Images (à suivre) 

1copier-coller
2Discours contre les iconoclastes, Nicéphore le Patriarche, Traduction, Préface et notes (389 pages); éditions Klincksieck, Paris, 1990.
3subsumer: verbe transitif (latin subsumere, de sumere, prendre comme prémisses)
4anthropomorphisme: tendance à attribuer à Dieu, à un dieu les sentiments, les passions, les idées et les actes de l'homme
© Min. Culture, DRAC Rhône-Alpes - Les Aurignaciens qui ont déposé l'empreinte de leur main sur les parois de la grotte Chauvet ont été les premiers sapiens sapiens à fabriquer des images

16.12.11

un monde intérieur

Le monde intérieur emplit-il? Retiré, retirado, retrait, conjoints. Nécessairement? Non, pas nécessairement, on peut très bien se tenir dans l'entre deux, disons à l'entresol (entresuelo, zwischenstock) comme à l'entre étages du monte-charges -"Ascenseur pour l'échafaud", Miles Davis, un son rythmé, solitaire et continu-, à l'exact croisement des deux niveaux: se hausser lègèrement, peut-être naturellement allonger le cou et nous percevons le dessus; légère flexion, nous voici au dessous. Comme une petite gymnastique d'assouplissement, stretching. À propos, de quel niveau -dessus / dessous- le monde intérieur relève-t-il importe peu. Ce qui compte, ici, c'est la simultaniéité d'apercu qui lève la contradiction, voire l'antagonisme, autorisant de facto l'accès et l'entrée véritable. Il s'agit donc, ici, d'une réconciliation (au sens “processus de réconciliation”) comme la peau l'opère naturellement et apparemment si aisément, interne / externe. Bientôt, le processus bien enclenché et développé atteint la superposition, deux calques apposés et ajustés au besoin individuel. Au delà de la nécessité intérieure, un besoin vital. Le calque métaphorique ouvre une perspective de compréhension et une voie de vérité enfin sereine(?), au coeur du tumulte du sang (du coeur), de la vie.
La frustration de ne pas être parmi, s'estompe. La prise de conscience de l'illusion du partage circonstanciel -les fêtes!- laisse tout son champ libre à l'empathie spirituelle, à la connexion vibratoire, une libération amplificatrice d'énergies qui (se) réoriente vitalement, en effet. Un absolu fort incarné.
Ces trois derniers mois, je me suis beaucoup occupé de mettre mon corps en phase. Il est l'heure à présent -tout en poursuivant- de passer à l'âme, sans passer l'arme... L'édifice toujours fragile tangue sec sur la houle des sentiments, gîte même sacrément. L'amer varie sans cesse, alors l'humble solution -d'attente forcément provisoire- se limite à l'ancre flottante; du moins est-on ainsi assuré de sa relative stabilité, toute circonstancielle, histoire de faire le point, de se donner les moyens de. On "bouchonne dans la bonace" disait souvent Chaban. Reste à définir la bonace*, sa texture, son ampleur, sa nature même. ¿De laquelle parle-t-on? La mienne ressemble trait pour trait au monde d'aujourd'hui. Du seul mouvement et bien que balancier erratique aléatoire surgit autre chose. Aussi me saisit, à l'écoute de la radio**: "sans appui et pourtant appuyer" écrit Jean de la Croix. Ce qui peut me tenir, c'est ce que je ne tiens pas. Survivre implique donc d'être artiste. Un autre monde est possible, oui.
*en mer, calme plat entre deux périodes de mauvais temps (Larousse)
**France Culture évidemment

14.12.11

Viva Caixa

Une somme toute banale et simple promenade en l'inimaginable compagnie de Sisley, Renoir, Gérôme, Toulouse-Lautrec -ah, sa Carmen!-
Boldini, Caillebotte, Monet, Pissaro, Degas et d'autres... Nous sommes aujourd'hui mercredi, il n'y a personne, c'est stupéfiant, quel cadeau! Les fêtes? Me voici plus que comblé, pour moi c'est (presque) trop. Et voilà que je remercie ma banque, tout peut donc arriver. Quel épok epic.

9.12.11

let things...

...come to you.
Il s'adresse à lui:
- Au fond que préfères-tu, vraiment?
- Ce qui vient.

le vol, une perte?

Depuis le vol (1) il ne se passe pas une heure sans que je remarque amèrement le manque de tel document, texte, manuscrit, photo. Traces intimes rassemblées au fil des ans: dix, quinze, vingt ans peut-être (¡sans sauvegarde sauvegardée!). Ceux qui volent ainsi sans réfléchir, ni sélectionner, savent-ils la meurtrissure insigne qu'ils provoquent, immanquablement? Non, je ne le pense pas, sinon ils pourraient imaginer qu'ils encourrent une peine si lourde qu'elle les dissuade tout à fait d'emporter.
Immédiatement, j'ai pensé à Francois Nourissier. Non pas tant au livre qui en fut issu, "Le manuscrit", mais à l'instant même de ce qui se produisit le 26 juillet 1994 à l'aéroport de Marignane où lui fut volé son manuscrit, sans autre copie et pour cause - pas comme sans sauvegarde sauvegardée. Car je me souviens fort bien de ce que je ressentis à l'époque, une empathie quasi fraternelle pour cet homme, que pourtant je n'appréciais guère - je parle de l'homme non de l'écrivain - et j'échafaudais tout, sa fureur, son dépit, sa résignation, l'acceptation (dans l'ordre) puis la résurgence.
Et voilà que cela m'arrive! Bon, il ne s'agit pas à proprement parler d'un manuscrit - encore que la somme des textes en mémoire... - mais d'une foule d'éléments constitutifs de tout ce que je fais et suis depuis un bon moment, et de plusieurs manuscrits notamment. Pour moi, perte immense, irrattrapable. En même temps - "en même temps" dit Blak - l'allègement et la radicale rénovation (re-novation) soudain incontournable. Une fois l'esprit apaisé, assez rapidement en fait, je vois l'un et je vois l'autre, concluant: c'est ainsi et c'est bien ainsi. Taisant ma fureur, mon dépit, sautant les étapes vers l'acceptation, voire la compréhension positive.
Méconnaissable, ce moi-même que j'observe là. Bien sûr l'antienne, "ce que tu as fait, tu peux toujours le refaire..." en mieux. Oui, sauf la trace. Souvenirs, images et mots, mnémo- surtout, tous ces signes indicateurs qui réveillent, font ressurgir et révèlent des situations, des personnages, des rencontres. Irrécupérable. Cela fait beaucoup pour un seul homme...
Mais enfin, bon vent! Le transporteur, ce vent qui emporte feuilles et lettres.
Perdre ce que l'on a n'atteint jamais en valeur ce qui fait (ferait) perdre ce que l'on est. Axiome (2): la perte de A menace-t-elle Est? Dans la durée je ne le crois pas mais dans l'instant, si, sûrement. Nos déterminismes, repères traditionnels et références sociales, sont bouleversés, chamboulés. Mais après, rien. Ce qui vient chasse tout, recouvre, efface. Ce qui vient l'emporte toujours. J'en déduis, les alliés sont: le vent et ce qui vient. "Let things come to you" mantra du pauvre sur un sachet de YogaTea... pas si mal que ca, au fond! Feuillages, feuilles, feuilles de thé... "sois plume et tais-toi".

(1)cf. billets précédents, en particulier L'ami Jean
(2)Larousse: répétition continuelle et lassante de quelque chose

7.12.11

ombres - sombras

Jeux de lumières, de voix et de sons, de textes, de voies et d'essence, de corps envolés tournoyants ludiques.

Acte I - Le soleil a-t-il une ombre? Je veux dire intrinsèquement, une ombre qui lui revient en propre (figurée) et qui serait présente quelque part dans l'univers au gré de son évolution, selon une forme invisible à notre humaine perception, mais bien réelle? Pourquoi pas! J'y songeais, nageant avant qu'il ne se lève n'ayant pas encore émergé, je l'imaginai à l'horizon embusqué sous sa bande rougeoyante, mesurant prudent à tâtons notre surface.
Ce long filet indistinct ne serait-il pas l'ombre annonciatrice de l'astre, comme un porte-voir.
Ombre projetée.

Acte II - Kafka sur le rivage, Haruki Murakami.
"(Otsuka):
–  Votre problème, à mon avis... Votre problème, c'est que votre ombre est un peu effacée. C'est ce que je me suis dit dès que je vous ai vu. Votre ombre, sur le sol, est moitié moins sombre que celle des gens ordinaires.
–  Oui?
–  J'ai déjà rencontré quelqu'un comme ca, une fois.
Nakata ouvrit légèrement la bouche, et regarda fixement le chat.
–  Vous voulez dire que vous avez déjà rencontré quelqu'un comme moi?
–  Oui, du coup je n'étais pas tellement surpris de voir que vous saviez parler aux chats (...)
–  Ah...
–  Aussi je pense que plutôt que de chercher des chats égarés, vous feriez mieux de vous mettre sérieusement en quête de la moitié manquante de votre ombre."
Ombre manquante.

Acte III -
Je connais cette femme, je l'ai déjà vue quelque part dans la rue à Barcelone, il y a peut-être deux ou trois ans. Je l'ai vue, je l'ai même remarquée dans sa facon singulière et altière de se tenir. Alors lorsque son visage m'est apparu dès la première image du court-métrage d'Andrès Duque*, j'ai immédiatement fait le lien. Cette femme parle au monde, sans intermédiaire. Sans qu'il lui soit besoin d'inter-locuteur(s).
Ici c'est un jeu captivant de règles et d'équerres posés au sol, alignés et emboîtés, croisés également, ou animés dans l'air... indiquant dirigeant tracant, tout à tour flèches, sextant, amulettes. Avenida Paral-lel avec Paralel 10 une ligne géographique qui traverse 22 pays, dont les Philipinnes de Rosemarie la bien nommée. Film syllabique, alphabet métaphysique.
Ombre accompagnée.

Acte IV - Court métrage, le même. Il se termine par le chant assuré d'un jeune -philippin?- se produisant en karaoké sur un air de Frank Sinatra. Son image progressivement s'efface, laissant place à l'installation technique et le son reste intact.

Ombre effacée, dans le play bach dissout qui entendre, qui croire? Et surtout, à quoi se fier? Virtualités, le siècle nous interpelle à chaque instant. L'apparence elle même n'est plus certaine.
Ombre dissoute.

Acte V - Il se projette, s'envole et se déploie tout au long du mât rendu mobile par une installation sophistiquée, qu'il a concue et fabriquée de ses mains. Acrobate félin (on retrouve le chat), jongleur de postures, humoriste.
Elle joue live pianos et accordéon, s'accorde à lui, parfois enclenche "l'home que perdia esl botons"**.
Autour, une bonne centaine d'yeux, désilliés par la grâce, captés.
Magique.
Cela se produit à ciel ouvert chaque jour de cette semaine et jusqu'à dimanche dans la sobre et sculpturale entrée de la Caixa Forum de Montjuic. Si vous lisez ceci et êtes à Barcelone, courrez-y!
Tout de suite je pense à Tati, Jour de Fête, le lien avec le cinéma est pour moi évident, plus encore avec le muet. Je m'en ouvre à l'acteur qui conduit la compagnie Circ Pànic:
...et avec un grand écran en transparence sur lequel serait projeté simultanément la performance...?
Oui, comme en ombre chinoise! acquièsce réfléchissant Jordi Panareda.
Voilà, avec le musicien (musicienne en l'occurrence, Claudia Gómez Blasco qui inaugure cette session live et, selon moi, cela change tout) jouant en pied d'écran comme à l'époque du muet.
Spectacle spectaculaire et cinématographique, enchanteur. Enchanté!
Ombre portée.

Gare à ton ombre !
Cuidado con tu sombra, hombre !

*Paralelo 10 (2005) projection 10h-21h jusqu'aù 31 décembre (Caixa Forum de Montjuic)
**"l'home que perdia esl botons...", les boutons représentant ici une allégorie, il s'agit en fait de l'homme qui se dénude -se défaisant...de ses défenses précisement, soit de ses oripeaux  (déf. dictionnaire au figuré: ornement trompeur, faux éclat masquant le réalité). L'homme se présente comme nu, car unique valeur réellement existante.

5.12.11

uno, dos, tres y cuatro

Barcelona bogatell ce jour
de 7h40 ...



... à 8h06


...on est toujours le sud de l'autre

"Según el Daily Telegraph el Gobierno británico prepara planes de evacuación de sus ciudadanos de países del sur de Europa en caso de explosiones sociales subsiguientes a la desintegracíon del euro." La Vanguardia qui publie cette information "surprenante" ne doute certes pas que l'Espagne. au même titre le Portugal, la Grèce voire l'Italie, soit tout à fait sudistes, mais ne précise pas si la France... ¿ est un pays du sud ou du nord ? Et je suis bien incapable de répondre moi-même à la question (que pourtant je formule)! Aussi, si quelqu'un(e) parmi vous...
La France a la caractéristique, climatique du moins, d'être un pays tempéré. Si l'on s'accorde à cette singularité, peut-on l'extendre à la géographie par une qualification de "l'un et l'autre" en même temps. Ceci ne doit donc ni rassurer ni inquiéter (ou au contraire Si, les deux en même temps) nos compatriotes, juste rappeler qu'on a beau se croire -ou pire se penser (panser?)- au nord, on est toujours* au sud de l'autre.
*partout sur la planète

2.12.11

l'ami Moussa

Il est arrivé à point nommé, avant la chute -de rien, de rue- et m'a proposé de me loger trois semaines dans l'appartement vide qu'il vient de quitter avec sa famille pour un autre plus spacieux. Ce matin, je me suis levé et ai couru vers la mer, trois minutes à peine, l'eau était chaude (si tan es verdad, caliente!) dehors ca frissonnait, dur d'en sortir. Cependant, bon je l'ai échappé belle, j'étais à deux doigts et je ne risque pas d'oublier, ca marque, ca panique, ca tétanise. Merci Moussa, ami de fraîche date, comme quoi,

escenografia

Le discours de Sarkozy fait la une du El Periodico de Barcelone (El Pais également) aujourd'hui. La Une mais pas seulement, aussi son "épilogue".
A ce propos je recommande la lecture de l'excellente déclinaison-analyse de Ségolène Royal -comme d'hab (nda)- "Un oral de rattrapage complètement raté" qui reprend point pour point le discours de Toulon Acte 1 (2008) et la liste des 75 discours sur la crise (!) prononcés depuis. Words! words! words! Savoureux.

l'ami Jean*

Avant le vol, la perte, l'urgence...
Dimanche 27 novembre 20:00 Caixa Forum, montjuic Barcelone
Cher Jean, image matinale, je me baigne chaque lever de soleil dans la mer d'hiver, yes!
Sinon, cela fait 2 mois maintenant que je vis seul... Ca, ca va, mais les fêtes approchent, je redoute un peu cette période, loin des miens et eux à proximité et je les verrai pas à Barcelone. Je crois qu'il vaut mieux que je m'éloigne, vers chez toi penses-tu, au S., mais seul là haut, je ne sais pas? Je te dis cela comme ca, juste pour en parler ensemble, que tu y penses éventuellement ou que tu en parles avec I.. Bref voilà, sinon, la vie est toujours "étonnante". A big hug ami des dunes et tout de bon. A.

Mardi 29 novembre 21:13 M-sur-R canton de Vaud CH
Cher Alain. Merci pour ces photos, le soleil et la mer - très dépaysantes, même si ici le temps est très doux et ensoleillé depuis un mois, on ne sent pas du tout l'hiver venir. Je pense bien à toi depuis notre téléphone par skype -à te lire j'ai l'impression que tu prends le bon côté des choses- et que cela t'est bien rendu par la vie.
C'est mon frère Y. qui va monter au S. du 22 décembre au 3 janvier avec sa femme et leur fille K., et moi je monterai ensuite avec I., jusque vers le 7 ou 8 janvier -et pour les fêtes de Noël pour la première fois on va aller en hollande dans la famille de I. et chez ses amis- je me réjouis de découvrir ce pays à cette période de l'année -surtout que j'ai commencé depuis quelques semaines des cours de néerlandais- le 30 décembre je vais revenir en Suisse avec mes enfants car ils veulent être avec leurs copains pour Nouvel An. I. restera en Hollande avec sa soeur- voilà pour le programme.
Si tu as envie, tu peux venir chez moi dans mon humble demeure à M-s-R pendant cette période, pas de problème - pour être ensemble le jour de Noël ça va pas être facile car on sera en hollande, mais pour le w-e du Nouvel An, on peut faire quelque chose ensemble, aller marcher dans la montagne ou méditer dans un monastère? je n'ai aucun plan pour le moment. On peut s'appeler par skype, je suis là le soir, et aussi ce prochain w-e.
Tout de bon à toi, bonnes forces, je t'embrasse, à la prochaine, Jean

Mercredi 30 novembre 21:36 Blu, poble nou Barcelone
Merci Jean, tu es si spontanément accueillant et fraternel, cela m'émeut je t'embrasse A.
Pour skype, oui nous pouvons parler pendant le week-end, il faut simplement que l'on convienne d'une heure car je n'ai plus d'ordinateur (voir mon blog) et aussi plus d'argent car cette nuit mon compte a été siphonné!
Ainsi va la vie, elle continue, malgré tout.

Après le vol, la perte, l'urgence...
Jean lit mon blog -le vol la perte l'urgence- et me répond aussitôt.
Mercredi 30 novembre 21:36 M-sur-R canton de Vaud CH
On peut se parler par skype samedi soir ou dimanche - samedi 18h ça te va ? Si tu n'as plus d'argent, je peux éventuellement venir quelques jours dans ta direction autour du 30 décembre jusqu'à début janvier, à voir.
Oui, la vie continue - tout de bon et à bientôt, Jean

Jeudi 1er décembre 12:55 biblioteca M.Arranz, poble nou Barcelone
Hòla Jean, compagnon des dunes et des cimes, oui c'est parfait samedi 18h.
Pour ce qui est de n'avoir plus d'argent, en effet, mais plus grave que cela, à partir d'aujourd'hui je n'ai même plus de logement! J'avais un studio parfait près de la mer -donc j'allais me baigner chaque matin + méditation + qi cong sur la plage!¡- mais le propriétaire vient de rentrer de voyage. À l'heure où je te parle je ne sais pas où je vais dormir ce soir et je n'ai évidemment pas un sou pour payer la moindre pension, même une nuit. Je n'ai jamais connu une telle perspective! Enfin disons, à un tel point. Je contacte des gens que je conais ici pour m'acccueillir quelques nuits et c'est a,lors que je m'apercois que je n'ai même plus de crédit dans mon portable! Tu vois, c'est incroyable... en même temps, je ne peux m'empêcher de penser à tous ces gens qui galèrent sur la terre pour simplement survivre, je me sens proche d'eux et me dis que cette expérience doit (m')être profitable et enrichissante (pas au sens littéral!). Avant, la détresse humaine je la voyais conceptuellenent, même s'il m'est arrivé d'aider et de partager, mais le fait d'y être soi-même prend une toute autre dimension. Peut-être dois-je en faire quelque chose sur le plan littéraire -bien grand mot, au niveau de l'écriture disons- mais je ne peux en établir le projet actuellement, car là, tout de suite, je suis un peu nerveux, tout de même. Donc rendez-vous samedi 6pm, je trouverai un endroit...
Ah, mais non, c'est impossible! JE N'AI PLUS D'ORDINATEUR donc plus de skype, plus rien. Et là où je suis, dans la bibliothèque municipale, il n'y a pas skype installé sur les ordinateurs à la disposition du public (because of silence I suppose) Donc comment faire? Je ne sais pas Jean, je ne sais vraiment pas. Je vais réfléchir, déjà trouver à résoudre l'urgence, et je te recontacte via email, c'est le seul moyen d'accès gratuit dont je dispose car je n'ai plus de crédit sur mon téléphone portable. D'ici demain ou après-demain, j'aurai trouvé une solution. Je l'espère en tous cas... non, j'en suis sûr.
Allez, tout de bon mon ami A.

*Il ne s'agit pas d'une publicité indirecte pour le néannmoins excellent restaurant éponyme du 15º arrt de Paris, basque et chaleureux où j'eus à deux reprises mes habitudes: durant les périodes bénies à la création de FIP (1971-1972) et France Inter (1972-1973), puis à nouveau à l'époque FR3 (rue Francois 1er) pour la création de Soir3 et  ses sept premières et glorieuses  années (1975-1982)

30.11.11

à tout ... malheur est bon?

(vol ordi suite) Souvent j'écris -j'écrivais jusqu'à hier- sur le notebook relié à l'internet wifi bien calé sur les genoux... une menace potentielle et sournoise serait ainsi radicalement déjouée, vol envol

29.11.11

¿déconvenue? ¡réassort!

De bon matin, je nageais, à bogatell. Lever de soleil confondant et relativisation des aspects de la vie, rien à dire ni se plaindre ni regretter ni protester, finalement.
Pensée: aujourd'hui j'envoie un dernier e mail collectif avec quelques éléments sonore/image magnifique (texte lu + musique) et basta. Je passe au blog - à nouveau, après tant d'arrêts et de reprises, up and down comme moi - et je m'y tiens, discipline quotidienne, si possible - vecteur unique pour m'adresser à tous, donc à chacun(e) et à moi-même en particulier. Surface d'échanges (on verra bien, je n'y crois guère, espère toujours) aussi. Surtout? Entonoir par lequel tout pourra passer, etc etc je rêve... ai une pensée pour Doubrovski, Bourbon-Busset (genres opposés, du coup on imagine la palette de latitude ouverte, pour moi bien entendu) et d'autres, et me dis ¿après tout, pourquoi pas moi? Orgueil fatuité exhibition dandysme, un peu de tout oui, et aussi, urgence survie opportunité connexion, bouteille à la mer. Braver la solitude, exercer les sens.
Fort de l'intention (bonne) je me rends à la bibliothèque Manuel Arranz de Poble Nou, allume mon note book attends qu'il se déploie et prépare avidement mes doigts... vais rapidement aux toilettes, la porte d'à côté, reviens: plus de note book, disparu, envolé, volé.
Ce matin, prenant mon café - après une demie-heure de méditation, puis le bain méditéranéen au lever du soleil (qui se lève toujours même si on ne le voit pas et il se trouve qu'aujourd'hui il était bien visible, je peux en témoigner pour l'avoir photographié et je comptais d'ailleurs joindre ici une photo mais... lire la suite) je faisais, à la veille d'un nouveau xxx déménagement, l'inventaire de Tout ce que j'Avais de ce que je Possédais - ¡que de pensées ce matin! - et le tour fut rapide très rapide: hormis quelques affaires, vêtements et objets à remplir une valise ou deux, mon matériel pour écrire, computer donc plus une imprimante/scaner et un disque de sauvegarde (très chic, signé Philippe Starck, quelqu'un que j'admire beaucoup non pour ce qu'il produit, je n'y connais rien et en plus je ne pas sûr d'avoir jamais rien vu de tout ce qu'il a créé ¡à part une chaise! mais dans ce qu'il dit et aussi de temps en temps, fait... en même temps je le soupconne d'être assez bidon - peut-on être génial, talentueux, créatif et bidon? Réponse: oui. P.S. par exemple), et... et c'est tout, rien de plus. Pas grand chose donc sur le plan matériel, sur d'autres plans non plus, j'aurai (assurément) l'occasion d'y revenir.
Et-voila-t-y pas que ce seul espace libre d'écriture qui convient pile poil à ma vie nomade depuis quelque temps, m'est dérobé.
Je m'entretiens avec le bibliothécaire, Carlos, jeune catalan sympathique, il compatit, me dit que c'est déjà arrivé, qu'ils vont placer une recommandation de prudence sur les tables ,etc Je le libère aussitôt de son empathie sincère, lui dis: c'est un signe c'est toujours un signe - une chute un vol un heurt un choc - tout est bon pour qui s'en saisit. Je dois donc m'en saisir, soit repartir à zéro, sans mémoire ni référence, à mains nues. Rebelote (pour moi, tribelote au moins). Il me fait l'accolade. Hug, pensais-je.
Tout est bien ! On commence.
À la prochaine, demain au plus tard.

26.11.11

portrait de psy

Ce portrait de psychanalyste est parfaitement fidèle, il reflète contours et abstractions. L'esthétique des formes et des couleurs ajoute à une certaine douceur, qui tranche radicalement avec la réalité du Sujet (…) Tentant de prendre à la dérobée le cliché photographique de mon psychanalyste ouvrant la porte de son cabinet, j'obtins ce résultat déroutant et somme toute inespéré.
En fait de portrait du thérapeute, je saisis la photo, de l'analyse en cours... Scanner métaphysique intraconscient ! Mieux, l'analyse se planque sous des dehors -couleurs et formes donc- convenables et urbains. Pour déjouer les pistes ? Œuvre d'art auto saisie.

23.11.11

un chiffre se doit d'être précis

Souvent j'ai apprécié les articles de Sorj Chalandon publiés dans Libération. Le prix Albert-Londres en a sanctionné l'exceptionnelle qualité et à deux reprises, mazette. Sorj Chalandon est aussi écrivain. Il a donc atteint le rêve secret de chaque journaliste : devenir écrivain. Je n'ai -à ce jour donc rien n'est perdu- lu aucun de ses livres. Cependant une mention critique a attisé ma curiosité dans une récente livraison du Nouvel Observateur : « En chiffres. Sorj Chalandon, né en 1952 etc (…) Il a publié chez Grasset le Petit Bonzi (2005), Une promesse (prix Médicis 2006) et Mon traître (2008, 30 000 ex. vendus). Retour à Killybegs a été tiré à 31 000 exemplaires ». Tiens tiens 31 000, que voilà-t-il pas un chiffre d'une remarquable précision ? On notera 31 000 tirés, par différence avec 30 000 vendus, ce qui interpelle bien sûr. Ce qui est en jeu, c'est ce millier de lecteurs, à conquérir ou perdus d'avance ¿? Trente mille eussent suffi à indiquer la vaste diffusion, et partant, la notoriété confirmée de l'auteur (« bankable », as one said). Mais il y ce 1 000 qui vient s'interposer comme un bâton dans la roue empêchant l'essieu (les cieux) littéraire de se mouvoir sereinement. La question qui me vient gravement : qui a décidé ? L'éditeur, et dans ce cas pourquoi* ? Le magazine N.O. et plus précisément le journaliste (écrivain?) signataire de l'article critique Bernard Géniès, et dans ce cas pourquoi ? Une « coquille » tout simplement, et dans ce cas pourquoi pas.

*une suggestion (nda), les autres manuscrits ont tous été tirés à 31 000 ex. et 30 000 d'entre eux furent vendus

22.11.11

back again

Je reviens,
 à demain.