27.4.07

Enfin !

Bientôt quarante ans que j'espère, que j'entreprends, que je rêve, que je m'engage, que j'attends.
16 Septembre 1969, discours de politique générale du Premier Ministre, Jacques Chaban-Delmas, à la tribune de l'Assemblée Nationale. Ce discours, fruit d'un intense travail collectif, co-rédigé par Jacques Delors et Simon Nora- marquera l'histoire de la Vème République du projet de "nouvelle société". 
Mai 1974, défaite de Chaban au premier tour de l'élection présidentielle
Juin 1988, fugaces 48 heures d'ouverture de François Mitterrand tout juste réélu Président sur le thème la France unie et qui envisage de nommer Premier Ministre, Jacques Chaban-Delmas. Ce sera Michel Rocard, on connait la suite.
Avril 2002, François Bayrou tente la percée de la cuirasse droite-gauche.
Avril 2007, Ségolène Royal, femme libre et déterminée, candidate de la gauche au 2ème tour de l'élection présidentielle,
ambitionne de rénover la politique française et tend la main au centre.
Pendant toutes ces années et même si j'étais bien jeune pour en juger -je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit- je n'ai jamais cru à des ralliements d'appareil, à des combinaisons de troisième force, à ces architectures aussi savantes qu'éphémères. Pourtant, je poursuis cette même utopie : personnalités de gauche et de droite, modérées, gouvernent ensemble une démocratie moderne, tolérante et fraternelle. Audacieuse.
Et là, je sens qu'il se passe quelque chose de profond, de dense, qui va au delà d'une circonstance, d'un intérêt purement électoraliste, et qui correspond à une aspiration populaire vaste et éclectique. Je ne m'en cache pas, je souhaite ardemment que Ségolène Royal soit élue. D'ailleurs, j'y crois depuis le premier jour. Entre autres je pense depuis longtemps qu'une arrivée massive des femmes dans tous les rouages de l'exercice du pouvoir -véritable parité- politique -et pas seulement- sera de nature à faire de la France une démocratie moderne du XXI° siècle, qui lui permette de retrouver cette essence lumineuse qui irradie en deçà et au delà toutes frontières. Déjà, en quelques mois, la perception de la France à l'étranger a changé.
Tour à tour, journaliste, observateur, conseil de dirigeants où consultant, à chaque place que j'occupe, je conserve cet espoir qu'un jour les forteresses verticales et leurs résistances imploseraient. Mon parcours personnel non tracé, éclectique voire chaotique, en fut parfois affecté.
Ainsi aux élections législatives de 1993 où je fus candidat libre en Sud-Ouest, indépendant de tout parti, sans soutien local ni national, je terminais cinquième sur douze, approchant 7% des voix. Pas si mal finalement, pour une première fois! Par souci de cohérence, j'appelais à voter blanc au deuxième tour. Cela ne me fut jamais pardonné, à droite bien entendu. Comment! Le propre neveu de Chaban, Président de l'Assemblée Nationale, membre éminent du RPR, ne se désiste pas en faveur de notre candidat ? Hé bien, non. Je ne me désiste pas (pour une bille de surcroît). Finalement, c'est le candidat socialiste qui l'emporta. Et, logique de l'histoire, il fut réélu brillamment au mandat suivant. Comme quoi...

Alors, lorsque je vis poindre Ségolène Royal et ses Désirs d'Avenir, une tonalité, une démarche et une liberté jamais vues... je n'hésitais pas. Je dus être parmi les tous premiers signataires et soutien. Mais vite, je compris que cela ne suffirait pas... je franchis le pas: la dernière heure du dernier jour valide de mai 2006
, je m'inscris pour apporter mon soutien interne - pour ne pas constater encore une fois de l'extérieur que l'étape incontournable ne pouvait décidément être franchie. Et comme, à présent, je me réjouis d'avoir permis -au milieu d'une multitude tout aussi spontanée- l'émergence rafraichissante!
Et, je l'écris au lendemain du premier tour, AVANT le résultat final, car quel qu'il soit ce qui est fait est fait, une page est écrite, le mouvement est lancé. Et si l'avenir devait décevoir cette sincère espérance, je n'oublie pas ces semaines exaltantes, neuves et profondément salutaires.
Mais on ne peut agir valablement que sur ce qui dépend vraiment de nous. Comment tabler sur l'authenticité des pensées et des actes? Peut-on réellement croire en un projet rénovateur et équilibré, réunissant hommes et femmes de bonne volonté, soucieux du bien public et porteur d'un idéal de rénovation et de dépassement dans le rassemblement?
Je suis un idéaliste. À chaque fois qu'on me l'a dit, j'ai cru percevoir que ce n'était pas un compliment! Tant pis, je persiste.