19.12.09

Causez moins fort, il y a péril en la demeure !

Mais qu'ont-ils tous à crier dans le micro ? Ne savent-ils pas qu'une console, dans un studio radio, c'est fait pour réguler le son de façon harmonieuse et efficace ; et l'ingénieur du son, il est justement là pour ca ! Donc, côté micro, le mieux est d'être naturel, d'avoir une voix posée et surtout non forcée.. Car, côté écoute, c'est toute la différence. Alors Serge July (RTL) et Dominique Souchier (Europe1) - je ne cite que les deux derniers en date, mais je pourrai en nommer bien d'autres - cessez de crier et de découper les mots comme un steak haché, pour (le croyez-vous ?) obtenir un meilleur effet. L'effet, vous l'obtenez, mais il est insupportable ! Et franchement inefficace. Un exemple ? Tiens là, aujourd'hui : FIA-S-CO … A … COPENHAGUE !!!!
Pourtant franchement, entre nous soit dit, le titre tout simple se suffit largement à lui-même : “Le sommet de Copenhague est un fiasco.“ C'est net et tranché, grave et désespérant. Les implications et conséquences sont immenses, chacun le voit bien. Et même, au delà du problème majeur du réchauffement climatique et de ses effets direct et indirect sur nos vies, tant de questions gravissimes apparaissent. Notamment, et ce n'est pas la moindre des inquiétudes, les “démocraties modernes” montrent là leur limite : le temps électoral est en conflit majeur avec le temps vital - le court terme du tempo démocratique entre en conflit durable avec le long terme de l'engagement. Aussi désormais, les qualités du candidat ne sont pas celles requises pour le dirigeant. On l'a vu avec Chirac, on le voit avec Sarkozy (liste non limitative...), le voit-on avec Obama ? C'est là aussi une grave question et qui dépasse largement les personnes citées. Midi à sa porte, fi des méridiens qui n'ont qu'à bien se tenir. Ça y est, vous avez (enfin) compris, Barack Obama n'a pas été élu Président de la Planète, mais Président des États-Unis. America first ! Et comment l'en blâmer, ainsi que tous les autres d'ailleurs, tous les chefs d'États réunis - miracle déjà dit-on - autour du réchauffement solidaire (équitable ?). Alors, c'est vrai, c'est bien tout ce qu'on pouvait espérer ? Notre nature reprend le dessus sur la Nature. Et hop,c'est reparti. Heureusement, une bonne nouvelle, dans tout ce maelström (mot choisi), les banques, ca va, elles s'en sortent ! Grâce à nous tous contribuables -responsables et non coupables- qui avons su être solidaires derrière nos gouvernements, Tous unanimes, si coordonnés, si efficaces à trouver -et injecter sans coup férir- tous les milliards nécessaires au sauvetage impératif. Que dis-je, impératif... Vital ! N'ayons pas peur des mots. La globalisation, ca marche.
Et puis vraiment, comment y croire au réchauffement de Copenhague, quand on s'les gèle depuis une semaine ! Chaud ou froid pour la saison ? Notre pensée reste Allègre.
Je me souviens... Il y avait en France dans le temps (au siècle dernier !) un Commissariat au Plan, dont l'objet était justement de “planifier” les politiques d'intérêt général, sur le long terme, bien au delà des échéances politiques. Dans les années 2000 (merci Chirac-Villepin, notamment) on a jugé que c'était ringard, vieux Gaullien, avec tous ces fonctionnaires pantouflards qui n'avaient pas à rendre de compte au réel... Traduction : aux électeurs. Donc, exit le plan ! Déjà dans les années 80, Hervé de Charette, Ministre libéral, avait préconisé le remplacement du Plan par la Stratégie... grand mot, petit effet. Moi, je suis prêt à parier qu'on ne va pas tarder à en reparler d'un Plan*, et de ses bienfaits. Mais là, je m'inquiète... vont-ils aussi le crier : “OUI, C'EST LA SO-LU-TION … LE RE-TOUR DU PLAN !! Ce n'est pas parce que le drapeau et l'hymne retrouvent une prééminence dans l'Identité Nationale, que notre pavillon doive être agressé en permanence. En plus, c'est gravement contagieux, car du coup, les invités se sentent obligés de suivre le mouvement, voire d'en rajouter. Un exemple ? Tiens, là aujourd'hui, ce matin même sur Europe1, Axel Kahn, le brillant généticien et chercheur, iconoclaste président d'université, qui rivalisait de gammes avec Souchier. Une caricature ! Bon, A. Kahn déjà, il a un timbre naturel assez élevé, strident disons. Alors il faut pas trop le chatouiller dans son contre alto ! Résultat, moins les arguments étaient pertinents -de part et d'autre- plus le ton montait. Perte d'énergie et de temps. Secondaire, dira-t-on ? Non, croyez-moi**, le “ton” c'est ES-SEN-TIEL.
Je nous vois tous - ou presque - les pieds dans l'eau dans quinze-vingt ans, saluant le geste unanime des banques au niveau mondial de verser une taxe (dite post Tobin) de 0,000002009% sur l'ensemble des transactions spéculatives, pour abonder généreusement le fonds d'allocation "les pieds au sec", lancé par l'ONU, pour faire face au relèvement (désormais) irréversible du niveau des mers. Et on  se dira : Heureusement que, dès la fin des années 2000, on a fait face à la faillite financière mondiale... sans quoi, imaginez le pire, les bénéfices de cette taxe on ne pourrait même pas compter dessus !

*bien sûr on trouvera un autre nom, plus tendance
**oui moi, moi-même, titulaire d'un master de ton, expert en ton(s), consultant européen itinérant sur la route du ton, auteur d'une thèse de septième cycle sur "le ton sur tous les tons" (en cours de rédaction)

17.12.09

Sens giratoire


Dans un référendum (France) ou une votation (Suisse), il est généralement demandé de répondre par oui ou par non. Une différence de taille est apparue néanmoins à l'occasion de la votation anti-minarets : le sens giratoire de la question.
Pour la constitution européeenne -dernière consultation officielle en date en France- nous avons eu à nous prononcer sur la question : êtes-vous pour ou contre la ratification du traité de constitution européenne etc ? Pour = Oui. Contre = Non. Même, pour le statut de La Poste -première votation officieuse en France- les citoyens mobilisés se prononcaient sur la question : êtes-vous pour ou contre le maintien du statut de La Poste etc ? Pour = Oui. Contre = Non.
En Suisse, à la question de la votation officielle (validée par le Conseil Fédéral) : êtes-vous pour la construction de minarets etc ? Pour = Non. Contre = Oui. Car la question était : êtes-vous favorables à l'interdiction de la construction etc ? Si fait que répondre OUI -signe sémantiquement considéré comme un acte Positif- revenait à INTERDIRE. Cette subtilité n'avait pas pourtant pas échappée aux autorités nationales et cantonales, et avait fait l'objet d'âpres débats dans les mois qui ont précédé la votation... Néanmoins la question fut agréée en l'état et donc posée de même ! Inversion de sens giratoire, trouble des esprits, confusion... ?
Je ne veux pas remettre en cause le résultat flagrant du vote. Flagrant, oui, et même peut-être pire. Car, imaginons, parmi ceux qui n'ont PAS pris part au vote, le nombre d'approbateurs tacites, genre « je ne m'en mêle pas... mais j'en pense pas moins ! » Courage bien d'chez nous, non ? francais, belge, suisse, bref francophone au sens très large... incluant nécessairement le Suisse Alémanique sans lequel le résultat...
Donc, de Suisse où je me trouve quelques jours*, je me faisais cette réflexion : Bien tordue la question, non ?
Mais aussitôt, par un esprit d'escalier que j'affectionne et qui est autant le reconnaître ma marque de fabrique la plus saillante (au sens équestre de saillie), j'extrapolais, me remémorant la lecture quelques jours auparavant d'un article sur « le pantalon de Lubna » (40 coups de fouet pour un pantalon, livre apparemment courageux de Lubna Ahmad al-Hussein) où il mentionné par l'auteur (de l'article**) que le port du pantalon est prohibé pour les femmes dans l'enceinte de l'université, au Soudan. Là en l'occurrence le campus de l'université de Khartoum. Et je n'ai pu m'empêcher de penser à l'interdiction du port du voile pour les jeunes filles dans l'enceinte de l'école, en France. Bien tordu mon esprit, non ? Car tout de même (!) l'interdiction française n'est pas assujettie à quarante coups de fouet, voire à la menace d'une lapidation en place publique. Dé-mo-cra-tie !
Oui oui oui, bien entendu... et pourtant je ne peux m'empêcher de faire un parrallèle et de m'interroger sur le fait (patent) suivant : la manière dont on pose le débat induit largement son orientation. Chacun voit midi à sa poste, Zurich-Paris-Khartoum... les décalages horaires méridiens ne sont pas seuls en cause, et pas davantage les degrés sur l'échelle démocratique - degrés au fait, Celcius ou Fahrenheit ?- il faudrait pourtant se mettre d'accord quand le même mot est employé (par exemple) par Georges W. Bush et Barack H. Obama... Tâche impossible reconnaissons-le. En « l'espèce », c'est tant mieux.
En France, « on » (l'establishment pour résumer grossièrement) se félicite que l'édiction de la loi sur le port du voile a très sensiblement réduit les risques de conflits dans l'enceinte scolaire publique. Sans doute, et aussi -notamment- accentué la déscolarisation d'un certain nombre de jeunes musulmanes. Mais, une fois le pansement couvrant aux chastes regards la plaie béante, s'avise-t-on bien de la douleur restante, des risques de gangrène et des multiples effets secondaires, rejet après greffe manquée, ressentiment de la parole non tenue et au final haine de l'intra-exclusion ? Ce ne sont pas les chefs d'établissements ou les proviseurs qui tireront désormais la sonnette d'alarme. Qui alors ? Quel est l'autre espace social d'intégration et de brassage existant ? Aucun, plus aucun.
Et puis, voilà que big bang boum, Diam's met le voile ! Oui, à qui se fier (I?) disent aussitôt avec surprise et force toutes celles qui, de Ni Putes Ni Soumises aux défenseures les plus ardentes de l'égalité féminine, fondaient hier encore sur la star du rap leurs sincères espoirs d'une démultiplication du 9-1 rebelle -et femme libre dans un univers passablement machiste- en une départementalisation contagieuse émancipatrice ! Faut-il reprendre à zéro le débat national ? Et au fait, en passant -puisque la bougeotte d'En-Haut nous impose son tempo frénétique- s'agit-il bien là d'Identité ? Tout est mouvant, aucune certitude, celle d'hier comme celle de demain. Alors...?
Alors voilà, pour remonter mon escalier avant de terminer, les termes du débat, quel qu'en soit le sujet, c'est bien l'essentiel. Autant (davantage?) que le débat lui-même, puisque cela Détermine : « parlons-nous bien, tous ensemble, de la même chose ? »
Donc, pour ajouter une (petite) pierre à l'édifice démocratique -sans cesse en construction quoiqu'on en pense et heureusement- la mise sur la table publique de toutes les données objectives et subjectives***, tenant compte de tous décalages (horaire, sociétal et coutumier) d'un débat où les citoyens sont appelés au final à se prononcer, est un condition préalable à l'exercice démocratique. Un bien au-delà du café du commerce, exercice bien d'chez nous, non ?

*référence à mon précédent post sur le sujet, je n'ai pas eu dilemne à interroger ici parmi mes amis (francophones) quant à leur vote, tant ils n'ont eu guère besoin de le préciser... suffit de voir leur tête pour comprendre : « ...et ce sont Nos Concitoyens qui ont fait Ca !! »
**Marie Lemonnier, envoyée spéciale à Khartoum, article paru dans le numéro 3349 du Nouvel Observateur (12-18 novembre 2009)
***subjectif, soit le sujet actif + principe de non précaution

9.12.09

Irreversible

Extrait :
" (...) la clarté de Setúbal à travers les stores pareille à la lumière ambrée de la morgue où le Christ avec une tête de trafiquant de drogue mort d'overdose attend son autopsie sur le mur, les rideaux semblables à des tentures mortuaires, sur le marbre de la commode des boîtes et des brosses comme des os alignés pour l'examen du médecin légiste, ma femme s'affalant doucement comme une pieuvre s'endort, plongeant ses tentacules dans le sable des draps 
— Quel soulagement 
moi, craignant qu'elle ne me dévore, de m'habiller dare-dare avant qu'elle ne me demande dans son sommeil 
Tu ne me fais pas un bisou Luís ? 
et que je ne sois obligé de me couler jusqu'à cette chose flasque en chemisier à volants et de frotter mon menton sur un front enduit de crème hydratante, pendant qu'une paume visqueuse me pincerait l'oreille 
À ce soir Luís 
me rappelant une fille brune, boulotte, en train de m'enfiler une alliance au doigt sur la photo de l'album, j'ai fait chauffer du café dans la cuisine en priant pour qu'elle ne s'amène pas en chaussons histoire de m'aider à allumer le gaz, trouver le sucre, ouvrir le placard au-dessus du micro-ondes 
— Tu n'as jamais su où se trouvaient les tasses Luís
et de me quitter sous le porche en me gâchant la matinée avec son petit au revoir d'adolescente décrépie, j'ai traversé le jardin à pas feutrés, la cravate pendue autour du cou, j'ai fait les nœuds à mes lacets, j'ai sorti la voiture du garage non sans heurter comme toujours le mur avec le tuyau d'échappement, et là-dessus le rideau du salon de s'écarter dans une lenteur théâtrale
— Au revoir mon Luís
et de me voir arriver le soir à la maison, exténué par ma journée au cabinet avec des centaines de chiens qui aboient dans la salle d'attente, et d'avoir à la croiser dans le vestibule, frétillante d'enthousiasme, posant ses membres antérieurs sur ma poitrine, me léchant le menton avec une allégresse baveuse, d'avoir à la repousser des mains
— Couché
et après le riz au lait du dessert je la promenais autour du quartier par la laisse de son bras, prenant racine devant chaque vitrine de prêt-à-porter comme un tronc de platane, puis suivais le feuilleton brésilien, les infos, le lit où je l'entendais qui roucoulait des promesses sur l'oreiller
— Luís 
(...) " 
"Le Manuel des inquisiteurs" de António Lobo Antunes (Commentaire p.197-198) Christian Bourgois Editeur


5.12.09

Et pourtant comme le monde est petit

"Maire de Puteaux, comme son père ; suppléante du député Nicolas Sarkozy, comme son père; députée des Hauts-de-Seine, comme son père ; administrateur (présidente) de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD), comme son père... 
Invariablement, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, 58 ans, poursuit son chemin politique dans les pas de Charles Ceccaldi-Raynaud." suite de l'article dans Le Monde du 04.12.09



Conseiller municipal de Neuilly s/seine comme son père ; membre de l'UMP comme son père ; conseiller général comme son père ; (futur) président du Conseil général des Hauts-de-Seine comme son père ; administrateur (ex-futur président) de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD) comme son père...

Invariablement, Jean Sarkozy, 23 ans, poursuit son chemin politique dans les pas de Nicolas Sarkozy.




Petit le monde, si petit*, non ?
Un bon coup dans la démographie, pour colorier un peu tout ca, non ?


*petit : animalcule, anodin, avorton, bambin, banal, bas, bébé, bénin, biquet, bon sujet, borné, bout d'homme, bref, chétif, coquet, court, courtaud, crapoussin, criquet, délicat, délié, demi-portion, dérisoire, douillet, écrasé, enfant, étriqué, étroit, exigu, extrait, faible, fils, fin, gamin, gentil, gnome, gosse, grêle, gringalet, humble, imperceptible, inférieur, infime, infinitésimal, insignifiant, invisible, jeune, joli, juste, léger, lilliputien, limité, maigre, malheureux, marmouset, méchant, médiocre, menu, mesquin, microbe, microscopique, mignon, mince, mineur, mini, miniature, minime, minus, minuscule, mioche, modeste, modique, moindre, môme, moutard, myrmidon, nabot, nain, négligeable, obscur, ordinaire, pauvre, petiot, piètre, portatif, puce, pygmée, quelconque, réduit, rétréci, riquiqui, simple, sommaire, subalterne, subtil, succinct, svelte, ténu, vil.

4.12.09

L'afghanistan, c'est loin

Depuis une vingtaine d'années, il n'est pas d'exemple d'une offensive militaire US et/ou alliée à l'étranger qui ait débouché sur la paix, la prospérité et la démocratisation de la société concernée (sans même aller jusqu'à citer en caricature l'Irak).
Mais pourquoi est-il si aisé aux Etats d'investir dans l'armement, l'envoi de troupes et le financement de logistiques toujours plus sophistiquées -donc honéreuses-, et si difficile aux mêmes Etats de mettre la main à la poche dans l'aide mondiale au développement ?
Alors qu'il est avéré, prouvé (etc etc) que l'aide EFFECTIVE au développement des nombreux pays de la planète en danger de malnutrition, de désordre climatique, d'insuffisance criante d'éducation, d'hygiène et de santé, en danger d'Espoir de Vie tout simplement, peut résoudre -avec le temps, c'est à dire dans une absolue continuité des politiques mondiales d'aide et d'assistance- la plupart de ces problèmes, qui nous concernent. Oui, qui NOUS concernent au premier chef ! Non seulement au titre de la solidarité humaniste, mais des interconnections avec nos propres modes de vie, de leurs conséquences directes sur notre quotidien : renchérissement des denrées (alimentaires et autres), émigration massive, désordres politiques et sociaux potentiels de conflits internes et externes, foyers d'extrémisme nourris par le ressentiment et la haine, terrorisme.
C'est une question, dont je dois avouer qu'elle me tarabuste depuis bien longtemps sans que je n'ai Jamais trouvé nulle part une réponse cohérente satisfaisante en provenance des "Autorités", quelles qu'elles soient, d'où qu'elles émanent.
Imaginons à présent qu'une partie substantielle des dépenses -en pure perte reconnaissons-le (ajouté aux pertes en vies humaines, souffrances familiales et relationnelles, débâcle morale et civilisationnelle)- consacrée aux actions militaires et paramilitaires extérieures, soit affectée au pur développement, directement, sans aucun artifice de contournement. Tout est réglé ! Mais oui, tout ce qui concerne l'envie, la haine, la jalousie, le ressentiment, la vengeance, l'orgueil, la domination, la manipulation... ! Je ne parle pas des êtres humains, individuellement -il ne faut pas trop rêver- mais des "collectivités humaines" rassemblées sous forme de sociétés organisées et structurées en États, Nations et Fédérations. Car là où un être humain  et peut individuellement ressentir sa faiblesse, son insuffisance à maîtriser ses multiples instincts et dominer les émotions contradictoires qui le traversent, une communauté d'humains -soit une nation, un groupe de nations, une multitude de nations- peut sans conteste faire prévaloir LE BON SENS d'un intérêt vital planétaire bien compris. Aux êtres humains ensuite, individuellement, de gérer leur part "d'identité nationale" au mieux de leur conscience.
- Ah, toujours aussi idéaliste et utopiste, mon cher !
Encore ? Alors, cela ne cessera qu'après la catastrophe annoncée, et si largement démontrée ! Faudra-t-il que l'individu (ex-développé, ex-riche, ex-gavé) soit à terre -ou au fond de l'eau- pour que la collectivité se relève ?
- L'afghanistan, c'est loin ! Combien de fois ai-je entendu cette réflexion -interchangeable d'Afghanistan en Biafra, Somalie, Vietnam, Timor, Chili... etc* etc*- dans les rédactions où j'ai travaillé. À Soir 3 notamment (1975-1982) on avait même un spécimen attitré, Daniel D.. C'était devenu systématiquement un leitmotiv, générateur de sarcasme et de dérision, et donc, au bout du compte et de lassitude, de l'autocensure la plus admise.
Oui l'Aghanistan, c'est loin... pour y combattre.
Non l'Afghanistan*, c'est près, tout près même pour aider, soutenir et coopérer. Pour Donner, avec une garantie de réception en effets induits comme l'on dit -tiens (heureux contraste d'effets collatéraux) au dela du centuple. A terme(s).
Donner sans attendre en retour garantit de Recevoir.
Barack Obama vient d'annoncer l'envoi de 30.000 hommes supplémentaires. Je me suis surpris, à mon tour, à penser : l'Afghanistan... c'est bien loin ! Et puis j'ai écouté Tout le discours à West Point, également les éclaircissements émanant de la Maison Blanche -comme cette video debriefing de l'amiral Mike Mullan- et je me suis tempéré, puisque c'est "pour 18 mois, et back home". Soit, envoyer plus d'hommes, pour en repartir plus sûrement, le pays ayant regagné sa pleine autorité démocratique et sa souveraineté.
Tempéré seulement, car franchement, je n'y crois guère. Mais je souhaite tellement que ca marche pour Obama, pour tout ce que représente son élection au niveau de la planète en ce XXIème siècle, pour tous ces immenses défis que l'électeur américain a lancé au monde, volontairement -et encore plus sans doute involontairement- par son incroyable vote, si courageux, si enthousiaste, si contagieux !
Donc, méthode Coué : l'Afghanistan* c'est aussi près que la Corse*. Il y a les pour, il y a les contre, il y a les je m'en fous totalement, mais pour tout un chacun, c'est juste devant sa porte.

*les astérisques sont tous interchangeables

2.12.09

Un poids, une seule mesure

Existe-t-il un modèle de démocratie universel ? Non bien évidemment.
 
C'est pour l'avoir oublié que Bush Jr. et son clan - notamment mais pas seulement loin de là - s'est planté en beauté en Irak, et ailleurs. Enfin planté, pas sûr... Attendons quelques années, quelques mois peut-être, et nous verrons émerger de la boue fétide de la corruption, un azur eldorado verdoyant., fruit pourri d'intérêts considérables planifiant la militarisation politique américaine toutes ces années. Cela viendra, un jour ou l'autre.., la vérité l'emporte toujours (finit toujours par l'emporter) sur le mensonge.
Mon interpellation veut se limiter à la Suisse et ce - choquant, xénophobe, limite raciste et en tous cas égoïste et pour le moins troublant - vote référendaire sur les minarets. Je vis à Barcelone et vais en Suisse fréquemment, plusieurs fois par an. J'y compte des amis, ouverts et tolérants. Ont-ils voté pour ou contre les minarets ? Ont-ils seulement voté ? Pour l'heure je ne sais... leur demanderai-je ? pas sûr ! Eux ne m'ont pas demandé pour qui j'avais voté aux présidentielles. Notez qu'ils devaient le savoir, s'ils consultaient un tant soit peu ce blog dès les années 2006 et davantage 2007. Et aujourd'hui encore, puisque je reste constant dans mes choix. Je ne leur demanderai certainement pas, en effet, si cela peut être interprété même incidemment comme un soupçon inquisitorial. Inquisitorial, et pour cause...
La démocratie a de multiples facettes. Certaines nous conviennent mieux d'autres, nous conviennent à nous. À nous seulement, point. Les suisses ne se posent pas de question sur leur pratique référendaire. Ils l'ont choisie, ils l'exercent. Point.
Ceci pour dire mon désaccord avec Daniel Cohn-Bendit sur sa préconisation de "faire revoter" les suisses. Cela me pèse de dire cela... ils se trouve que je suis d'accord avec lui, et depuis des années, sur la plupart de ce qu'il dit et entreprend, et anticipe le plus souvent. Aux élections européennes, ma main fut ferme en dirigeant le bulletin dans l'urne d'Europe Écologie. Et aux prochaines Régionales, si je n'étais inscrit en Charente - issue de Poitou-Charentes !- où je m'apprête, avec grand plaisir et de nouveau à soutenir Ségolène Royal, j'aurai renouvelé l'essai sans faillir.
Raison de plus donc pour marquer ce désaccord. Cette position, je le reconnais, m'est d'autant plus inconfortable eu égard à l'hypocrite - qualificatif très mesuré - tour de passe-passe Suisse/États-Unis dans l'arrestation de Roman Polanski. Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. Mais quand bien même... je maintiens. Désaccord formel sur le principe, donc sur l'essentiel. Je ne veux même pas entrer dans le détail de l'argumentation de Daniel Cohn-Bendit - celle-ci, beaucoup trop étayée et convaincante, risquerait de confondre mon désaccord... !
Sur le principe, oui, car de même je n'étais pas d'accord pour que soit annulé le "mauvais vote" législatif en Algérie - le Front Islamique du Salut (FIS) l'avait emporté à plus de 80% au premier tour de 1991, horreur !- nié le "mauvais vote" palestinien en faveur du Hamas et, pas davantage - au sujet du traité européen - faire revoter les "mauvais électeurs" en Irlande ou au Danemark, et trapper ainsi le "mauvais Non" au référendum français - pour lequel j'ai néanmoins voté Oui, comme pour Maastricht - par un alibi parlementaire.
On ne peut se réclamer de la Démocratie et passer sont temps à donner des leçons de "bonne démocratie" au monde entier. La démocratie n'est pas bonne, quand vos projets sont approuvés, et mauvaise, lorsqu'ils viennent à être rejetés.
- Je veux bien vous soumettre la question, à condition que vous y apportiez ma réponse.
La base, c'est le vote. Du moment que celui-ci est légal* et conforme, il n'y a rien à dire. Rien, sur le principe du vote bien entendu. Tout, en revanche, dans les opinions contradictoires, commentaires et réactions... Car, démocratie un jour, démocratie tous jours. Il y a un prix à payer ? Hé oui, c'est comme cela, il faut s'y faire ! Mieux, il faut aimer le oui comme le non. À égalité, en vrai démocrate. Aimer la liberté d'expression, bref aimer l'autre, tout Autre.
Parfois, c'est rude, je le reconnais. Mais, quand bien même, moi aussi je me battrai pour que mon ennemi ait autant le droit de parler et de se défendre. Honnêtement, pas tant par prosélytisme, foi ou compassion, mais par intérêt personnel bien compris ! Égoïstement, car j'imagine quand (et si)... et ce sera mon tour ?

Ps. Encore un mot pour souligner le remarquable éditorial de Denis Olivennes, dans la dernière livraison du Nouvel Observateur, sur Roman Polanski et l'État de droit - US en l'occurrence - dans la ligne de l'excellent documentaire Wanted and desired. Mais aussi mon "interrogation", c'est peu dire (aurai-je l'occasion d'y revenir) sur la position conjointe de Jean Daniel et de Jacques Julliard "en faveur" du débat sur l'identité nationale, dans la précédente livraison du même Nouvel Observateur. "Troublé" dit Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand au milieu des années 80, à l'arrivée à Paris de Jaruszelski. Cela n'a rien à voir, je sais... et pourtant ! C'est un trouble du même ordre, que je ressens, comme une odeur fétide. Sans doute que la source n'y est pas étrangère : le Ministère de l'Immigration. A tout prendre eût-il mieux valu que l'initiative émane de l'éducation nationale, lieu de brassage de toutes les identités. Et encore, aurais-je pris ?

*légal ...! Je sais qu'Hitler est arrivé légalement au pouvoir - ne jamais oublier cette leçon cinglante de l'histoire - c'est toute une limite patente de la démocratie. aNon, la messe n'est sans doute pas dite. La démocratie électoral(liste)e n'est peut-être pas la panacée... oser aller à l'encontre de la pensée dominante ! Peut-être - je dis bien peut-être - peut-on encore inventer autre chose... mieux ? Rien n'est figé dans le marbre des institutions. Reste la vie, sa pratique, ses errements et ses innovations. Mais c'est là tout un autre champ de débat, passionnant bien que fort risqué.a