4.12.09

L'afghanistan, c'est loin

Depuis une vingtaine d'années, il n'est pas d'exemple d'une offensive militaire US et/ou alliée à l'étranger qui ait débouché sur la paix, la prospérité et la démocratisation de la société concernée (sans même aller jusqu'à citer en caricature l'Irak).
Mais pourquoi est-il si aisé aux Etats d'investir dans l'armement, l'envoi de troupes et le financement de logistiques toujours plus sophistiquées -donc honéreuses-, et si difficile aux mêmes Etats de mettre la main à la poche dans l'aide mondiale au développement ?
Alors qu'il est avéré, prouvé (etc etc) que l'aide EFFECTIVE au développement des nombreux pays de la planète en danger de malnutrition, de désordre climatique, d'insuffisance criante d'éducation, d'hygiène et de santé, en danger d'Espoir de Vie tout simplement, peut résoudre -avec le temps, c'est à dire dans une absolue continuité des politiques mondiales d'aide et d'assistance- la plupart de ces problèmes, qui nous concernent. Oui, qui NOUS concernent au premier chef ! Non seulement au titre de la solidarité humaniste, mais des interconnections avec nos propres modes de vie, de leurs conséquences directes sur notre quotidien : renchérissement des denrées (alimentaires et autres), émigration massive, désordres politiques et sociaux potentiels de conflits internes et externes, foyers d'extrémisme nourris par le ressentiment et la haine, terrorisme.
C'est une question, dont je dois avouer qu'elle me tarabuste depuis bien longtemps sans que je n'ai Jamais trouvé nulle part une réponse cohérente satisfaisante en provenance des "Autorités", quelles qu'elles soient, d'où qu'elles émanent.
Imaginons à présent qu'une partie substantielle des dépenses -en pure perte reconnaissons-le (ajouté aux pertes en vies humaines, souffrances familiales et relationnelles, débâcle morale et civilisationnelle)- consacrée aux actions militaires et paramilitaires extérieures, soit affectée au pur développement, directement, sans aucun artifice de contournement. Tout est réglé ! Mais oui, tout ce qui concerne l'envie, la haine, la jalousie, le ressentiment, la vengeance, l'orgueil, la domination, la manipulation... ! Je ne parle pas des êtres humains, individuellement -il ne faut pas trop rêver- mais des "collectivités humaines" rassemblées sous forme de sociétés organisées et structurées en États, Nations et Fédérations. Car là où un être humain  et peut individuellement ressentir sa faiblesse, son insuffisance à maîtriser ses multiples instincts et dominer les émotions contradictoires qui le traversent, une communauté d'humains -soit une nation, un groupe de nations, une multitude de nations- peut sans conteste faire prévaloir LE BON SENS d'un intérêt vital planétaire bien compris. Aux êtres humains ensuite, individuellement, de gérer leur part "d'identité nationale" au mieux de leur conscience.
- Ah, toujours aussi idéaliste et utopiste, mon cher !
Encore ? Alors, cela ne cessera qu'après la catastrophe annoncée, et si largement démontrée ! Faudra-t-il que l'individu (ex-développé, ex-riche, ex-gavé) soit à terre -ou au fond de l'eau- pour que la collectivité se relève ?
- L'afghanistan, c'est loin ! Combien de fois ai-je entendu cette réflexion -interchangeable d'Afghanistan en Biafra, Somalie, Vietnam, Timor, Chili... etc* etc*- dans les rédactions où j'ai travaillé. À Soir 3 notamment (1975-1982) on avait même un spécimen attitré, Daniel D.. C'était devenu systématiquement un leitmotiv, générateur de sarcasme et de dérision, et donc, au bout du compte et de lassitude, de l'autocensure la plus admise.
Oui l'Aghanistan, c'est loin... pour y combattre.
Non l'Afghanistan*, c'est près, tout près même pour aider, soutenir et coopérer. Pour Donner, avec une garantie de réception en effets induits comme l'on dit -tiens (heureux contraste d'effets collatéraux) au dela du centuple. A terme(s).
Donner sans attendre en retour garantit de Recevoir.
Barack Obama vient d'annoncer l'envoi de 30.000 hommes supplémentaires. Je me suis surpris, à mon tour, à penser : l'Afghanistan... c'est bien loin ! Et puis j'ai écouté Tout le discours à West Point, également les éclaircissements émanant de la Maison Blanche -comme cette video debriefing de l'amiral Mike Mullan- et je me suis tempéré, puisque c'est "pour 18 mois, et back home". Soit, envoyer plus d'hommes, pour en repartir plus sûrement, le pays ayant regagné sa pleine autorité démocratique et sa souveraineté.
Tempéré seulement, car franchement, je n'y crois guère. Mais je souhaite tellement que ca marche pour Obama, pour tout ce que représente son élection au niveau de la planète en ce XXIème siècle, pour tous ces immenses défis que l'électeur américain a lancé au monde, volontairement -et encore plus sans doute involontairement- par son incroyable vote, si courageux, si enthousiaste, si contagieux !
Donc, méthode Coué : l'Afghanistan* c'est aussi près que la Corse*. Il y a les pour, il y a les contre, il y a les je m'en fous totalement, mais pour tout un chacun, c'est juste devant sa porte.

*les astérisques sont tous interchangeables

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