15.7.07

Words ! words ! words !

Dans son journal de la semaine, publié hier par Libération, Marco Koskas note que parler politique est plus facile qu’écrire un livre : « Tout est plus facile qu’écrire, et rien n’est plus facile que commenter la vie politique. »

Il a raison... je commente, je commente 
et je n’écris pas. Pas assez.
Alors pour la politique, à bientôt !

L’Homme est-il rentable ?

Dans Denier du rêve toujours* Marguerite Yourcenar fait dire à l’un de ses personnages : « Je ne veux pas me suicider pour rien. »
Plutôt parler, ou écrire tiens par exemple... à temps.
*ouvrage déjà cité ci-avant

10.7.07

Vainqueur (extrait)

« Rien de plus méprisable que l'adulation du succès, mais puisque tout succès n'est jamais que passager, je ne fais que devancer le temps où cet homme fera dans l'Histoire figure de grand vaincu*, comme tous les vainqueurs... En attendant, je ne refuse pas aux résultats pratiques mon estime viagère... Cela ne vous dit rien, "cet homme qui est parvenu"?
– Vous oubliez (Alessandro) que je l'ai vu parvenir, dit-elle avec un infini mépris. Mon père corrigeait ses premiers articles à la gloire du socialisme.
Croyez-moi, Marcella, il en est des doctrines qu'on trahit comme des femmes qu'on abandonne: elles ont toujours tort. »
*Rome de l'an XI du fascisme

Denier du rêve,
Marguerite Yourcenar
éditions Gallimard (L'imaginaire)

5.7.07

Lettre timbrée 20 €

« Ségolène Royal, elle fait de la politique avec son c.. »
Lui, c’est le "militant historique", responsable de la section du parti socialiste du Portugal. Moi, je suis le "militant à 20 euros", tout fraîchement débarqué dans la planète socialiste en cette fin de printemps 2006 pour soutenir la candidature de, évidemment, Ségolène Royal. Et moi, au milieu de ce café de la place Londres de Lisbonne, où il m’a été donné rendez-vous pour une première prise de contact, face à ce type qui est censé m’accueillir au sein de la grande famille... je reste abasourdi ! Cet homme, je ne le connais pas, il ne me connaît pas. Nous parlons depuis dix minutes à peine et il me balance ça, avec tout la masse de son ancienneté, comme une évidence incontestable. Choqué par tant de cynisme - surtout d’ordinarité - je manque quitter les lieux et le lui dit. Il se radoucit... ce sera mon seul contact avec la section socialiste jusqu’au vote interne.
Puis, basta.
De ce jour, je compris que jamais Ségolène Royal ne serait acceptée au sein de la "famille" socialiste, la caste. Qu’elle pourrait être désignée comme candidate par la force des choses - notamment par celle de mon vote... et de quelques dizaines de milliers d’autres équivalents - et d’un concours de circonstances exceptionnellement favorables - sur lesquelles beaucoup à déjà été écrit dans ces pages (et reste à écrire mais je n’y reviens pas) mais, que dans le tréfonds de son ego machiste - hommes et femmes confondus -, de son arrogance feutrée et de sa morgue naturelle, jamais la spontanéité et une certaine fraîcheur alliée à la distance autonome affichée par l’usurpatrice, ne sera acceptée, ni même tolérée.
Ce fut le cas. Ça l’est. Ce le sera chaque jour davantage, je veux bien le parier.
À chaque étape de ce parcours admirable de courage et de rectitude - oui, je dis bien "rectitude", comme bravitude - tous les signes ont été là : à droite UMP voire en deçà, on lâchait comme un crachat : "La Ségo !" À gauche PS, avec mépris et commisération, on non-disait  "Ségolène" avec lippe mordante et sourictus carnassier.
Alors... aujourd’hui ?
Sincèrement, Madame Royal, je ne vois pas ce que pouvez espérer ou attendre de ce parti socialiste là ! Comme prévu et c’est d’ailleurs sa fonction centrale et son principal savoir faire, la direction multi-têtes - celle là comme bien d’autres - a fait la synthèse pour durer. Rien de neuf à l’horizon. L’art de la motion et de la synthèse est au parti socialiste ce que l’art du compromis est à la commission de Bruxelles. N’y voyez pas de mauvais esprit, seulement un clin d’œil au désormais célèbre "plan B" - comme Bermudes - et de la digestion ni une ni deux qui s’en est suivie. J’ai personnellement voté oui - et plutôt deux fois qu’une - mais j’ai été fortement irrité par la campagne affirmative des tenants du Oui, ne laissant aucune échappatoire. Toujours ce mépris pour l’autre, différent. Insupportable !
Cette même auto certitude, comme on le dit de l’auto satisfaction, revient. Vous ne pouvez pas ne pas le voir ! Même, vous le voyez plus que quiconque, après tout ce qu’ils vous en ont fait voir non ? En "sous adhérence" à 20 euros, moi, je suis illégitime. Mais, en extra adhérence, vous l’êtes tout autant, finalement ! Nous sommes ainsi des millions d’illégitimes.
Plutôt sympathique non ?
Alors, il vous faut continuer... reprendre la bâton de pèlerin - enfin, un peu moins catho inspirée quand même si possible - pour la longue marche hors des sentiers battus. Mais le contre-pied n’y suffira pas. Avec Michelle Bachelet au Chili, alors que pour le coup* ils étaient tous là - rivalisant de chapeaux et de postures - pour l’Anniversaire... Ça, c’était bien ! Mais, la confusion des dernières semaines, les sauts de côté par ci par là, ce n’est pas de niveau. Tiens par exemple, vous avez eu le courage et la liberté de tendre la main à Bayrou - de droite, quand même...- et de manifester clairement l’autonomie de votre démarche. 
Parenthèse : avec ma femme, nous avons beaucoup aimé la couverture des Inrocks, la photo comme le titre - "l’Affranchie" - et jugé aussi, bien peu ardente à votre endroit, la presse féminine. Que n’eussiez-vous été Afghane ou Iranienne... !
Donc, Bayrou, c’est bien. Mais il faut aller plus loin ! En fait, je veux dire... moins loin, tout près même : ce samedi, quelques vibrions qui ont (eux aussi) de la suite dans les idées, se réunissent à Paris pour réfléchir, sans a priori ni tabou, à la rénovation (refondation) de la pensée et de l’action politique à gauche.
A gauche justement, ça tombe bien, vous êtes de gauche...! Allez, fendez vous d’un petit bonjour aux chers soixante-huitards qui le méritent bien ! Le Sénat* pour une rencontre, ce n’est pas plus loin pour vous que Solférino, ou n’importe quel hôtel parisien. Pour moi, si, c'est un peu loin... je n’ai pas trouvé de billet à 20 euros dans un vol low cost pour venir. A mon grand regret, je n’y serai donc pas, physiquement. Seulement physiquement. C’est vrai qu’ils ont raison : On a toujours le droit d’inventer.
Et puis, tout de suite après, immergez-vous à nouveau dans la démarche participative. Relancez radicalement Désirs d’Avenir, avec un site fortement interactif. Immergez-vous dans tous les milieux, culturels, intellectuels, artistiques, ceux des chercheurs et des scientifiques, des innovateurs, des jeunes de toutes conditions et origines, surtout les jeunes. Et dans toute l'étendue et la richesse de notre territoire du 21ème siècle - l'Europe et au delà. L’été, la vie continue, ne laissez pas retomber le soufflet. Chaque jour compte. Ainsi, densifiez votre trace. Et nous la suivrons, à 20 euros ou plus.

*de Jarnac
**Lieu de réunion publique à la suite de l’appel "on a toujours raison de vouloir inventer"- publié par le journal Libération le 11 juin - lancé par Daniel et Gabriel Cohn Bendit, Christiane Taubira, Joël Roman, Jean Pierre Mignard et Jean Yves Le Drian, notamment

4.7.07

Désencombrement

A la recherche d’un mode de vie désencombré. Voilà bien une quête propice à l’homme que je deviens... plutôt de l’homme en devenir. Je me réfère à cette phrase extraite d'un texte attribué à Philon à propos des thérapeutes et qui remonte environ à l’an 40 environ : « Un des aspects concrets de la thérapie des Thérapeutes sera de proposer un mode vie « désencombré ». Ils savent que l’argent, les possessions, l’entretien des domaines, etc., sont source de soucis, d’anxiété et, plus grave encore, d’« oubli » du sens véritable de la vie. On peut passer ainsi toute son existence « à côté de la vie », « faire des choses admirables » et oublier qu’il y avait mieux à faire que faire. »

Il y a "mieux à faire que faire"… admirable raccourci, saisissant, ne trouvez-vous pas ?

Certes, on ne peut renoncer valablement qu’à ce qu’on possède ! Il est facile de me rétorquer qu’à « vaincre sans péril… » ...n’ayant de fait ni maison, ni voiture, ni actions, je n’ai guère de mérite à me désencombrer. Bien vu.

Pourtant, qui ne possède pas ? Chacun et chacune d’entre nous possède au moins un bien qui lui est propre, auquel il et elle tient plus que tout, dont la valeur lui est subjectivement inestimable.

Matériellement, qui peut véritablement dire : « je n’ai rien à perdre »

Mais, bien au delà du matériel -dont le détachement s’avère pour (presque) tous le plus difficile- se désencombrer aborde tous les aspects de la personne, physique, mental, émotionnel, même spirituel.

Le désencombrement est à mes yeux un parcours d’étapes sur le chemin de la vie, une forme d’allègement qui vise à harmoniser l’existentiel à l’essentialité de l’être. Procédant ainsi par touches successives -artiste de lui-même- l’être sculpte sa propre statue de vie, dans une posture que l’on peut alors (objectivement) qualifier d’authentique, à tout le moins fidèle à sa valeur propre.

Découvrir sa propre valeur, y engager toutes ses forces, le plus tôt dans la vie ; suivre sa petite voix intérieure, l’intuition davantage que la raison, l’esprit plus que la pensée, le cœur sans mesure ; prendre conscience de la richesse infinie que recèle chaque personne, s’en ouvrir ; se poser simplement, et surtout sincèrement, la question en toute occasion : est-ce que c’est bon pour moi ? … Quand l’école deviendra-t-elle un lieu privilégié -et protégé- de sensibilisation et de découverte de la conscience intérieure de soi, un parcours de recherche et de découverte de soi-même au milieu de tous les autres, au plus tôt -dans les toutes premières années- arrimant solidement la confiance à la valeur ainsi dévoilée !

Gageure, ce siècle est plus que jamais -mais n’est-ce pas le parcours immanquable de chaque siècle succédant au précédent ?- celui de l’offre ! le désencombrement relèverait-il alors de la pure fiction ? Hé bien justement, c’est exactement l’inverse, l’occasion fait le larron : qui n’est pas exposé à toutes les illusions, consommations, tentations et diversions, n’aura jamais la chance de vivre l’expérience d’y résister ! Abondance de propositions ne nuit pas… à qui peut -et souhaite- discerner son intérêt véritable. Quel est ton intérêt véritable d’avoir ou d’obtenir, ceci ou cela ? A la réflexion, la réponse au cœur de chacun est en fait très simple… n’est-il pas vrai ?

Pour résumer, l’homme veut toujours doubler.

Pourquoi au fait ?


*Philon et les Thérapeutes d'Alexandrie, J-Y.Leloup éd. Albin Michel

3.7.07

Et, vous avez du temps à perdre? *

« Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
«
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots »
Mais je n’ai pas le temps, moi !*
se payer du bon temps
gagner du temps
perdre son temps + prendre son temps + occuper son temps + tromper le temps + passer son temps = glander
en temps réel
consacrer son temps
employer son temps
à la recherche du temps…
temps mort (sport)
le temps nous est compté
temporiser
l’échelle du temps
ça fait beau temps que...
(et)
il y a beau temps que…
le temps perdu
(et) le temps retrouvé (liquide) (solide)
maître en son temps

tempo
le temps s'écoule
mi-temps
tiers-temps
le temps passe
le temps s'arrête
brûler son temps

tout le temps
en ce temps là
avoir le temps
n’avoir qu’un temps
de temps en temps
le Temps

être de son temps
de temps à autre
le temps qui fout le le camp
rattraper le temps
le temps est (au dialogue, au beau fixe...)
donner du temps au temps
un bout de temps
temps universel

depuis le temps que…
temporada
un laps de temps
dans la nuit des temps
la plupart du temps
le temps partagé
en un rien de temps
(depuis) la nuit des temps
du temps...
autres temps, autres mœurs (Ô tempora! Ô mores!)
(O the times! The customs!)
de mon temps…
de ton temps !
de notre temps !!
de tous temps !!!
les temps modernes
en temps normal (de paix, de guerre)
temps présent
au bon vieux temps
temps pis
(juste) le temps de…
du temps jadis
pendant ce temps
le temps perdu ne se rattrape pas
le temps perdu ne se rattrape jamais
tempérer
en temps utile, en temps voulu, en temps opportun
en temps et en heure
le temps nécessaire
marque un temps

chaque chose en son temps
hors du temps
le temps qui s’en va
les temps qui viennent
le temps s’en allait

…le payer de son temps
quelques temps

un certain temps
le temps propre
il y a un temps (pour tout)
(valse à) trois temps … mille temps
(moteur à) quatre-temps
en deux temps (trois mouvements)
à quelques temps de là
(« C'est sans doute pour cela, ajouta-t-elle* avec dépit,) que dans le temps il a refusé de (m'épouser. Et moi imbécile, qui allais consulter Mme de Rênal ! »)
*Mlle Elisa
avec le temps, va, tout s'en va
dans un premier temps (j’y vais), dans un deuxième temps (je reviens)
temps solaire (vrai)
il y a longtemps que je...
temps virtuel - temps réel
faire son temps
faire son (meilleur) temps, puis
(la jeunesse) n'a qu'un temps
le temps de… j’arrive
pour un temps limité
le temps fort (du match)
que de temps (perdu, passé, écoulé, inutile, gâché)
concordance des temps
temps simples
temps composés
arrêter le temps
à mi-temps, à temps complet, à temps partiel, à temps différé, à temps fixe, à temps variable
temps variable avec éclaircies
ni temps passé, ni
mais qu’est-ce qu’il fait de son temps ?
depuis le temps que…
marquer son temps
tromper le temps
la marche du temps
temporaire
marquer son
temps
tout ce temps !
le temps des cerises

un temps de chien
quel temps fait-il ?

un temps pourri
un temps de cochon
un vrai temps de merde
quel temps !
« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! 
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux. 
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit. 
« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
C’est long.
Un peu court !

* une erreur s’est glissée dans le texte, laquelle ?