19.12.09

Causez moins fort, il y a péril en la demeure !

Mais qu'ont-ils tous à crier dans le micro ? Ne savent-ils pas qu'une console, dans un studio radio, c'est fait pour réguler le son de façon harmonieuse et efficace ; et l'ingénieur du son, il est justement là pour ca ! Donc, côté micro, le mieux est d'être naturel, d'avoir une voix posée et surtout non forcée.. Car, côté écoute, c'est toute la différence. Alors Serge July (RTL) et Dominique Souchier (Europe1) - je ne cite que les deux derniers en date, mais je pourrai en nommer bien d'autres - cessez de crier et de découper les mots comme un steak haché, pour (le croyez-vous ?) obtenir un meilleur effet. L'effet, vous l'obtenez, mais il est insupportable ! Et franchement inefficace. Un exemple ? Tiens là, aujourd'hui : FIA-S-CO … A … COPENHAGUE !!!!
Pourtant franchement, entre nous soit dit, le titre tout simple se suffit largement à lui-même : “Le sommet de Copenhague est un fiasco.“ C'est net et tranché, grave et désespérant. Les implications et conséquences sont immenses, chacun le voit bien. Et même, au delà du problème majeur du réchauffement climatique et de ses effets direct et indirect sur nos vies, tant de questions gravissimes apparaissent. Notamment, et ce n'est pas la moindre des inquiétudes, les “démocraties modernes” montrent là leur limite : le temps électoral est en conflit majeur avec le temps vital - le court terme du tempo démocratique entre en conflit durable avec le long terme de l'engagement. Aussi désormais, les qualités du candidat ne sont pas celles requises pour le dirigeant. On l'a vu avec Chirac, on le voit avec Sarkozy (liste non limitative...), le voit-on avec Obama ? C'est là aussi une grave question et qui dépasse largement les personnes citées. Midi à sa porte, fi des méridiens qui n'ont qu'à bien se tenir. Ça y est, vous avez (enfin) compris, Barack Obama n'a pas été élu Président de la Planète, mais Président des États-Unis. America first ! Et comment l'en blâmer, ainsi que tous les autres d'ailleurs, tous les chefs d'États réunis - miracle déjà dit-on - autour du réchauffement solidaire (équitable ?). Alors, c'est vrai, c'est bien tout ce qu'on pouvait espérer ? Notre nature reprend le dessus sur la Nature. Et hop,c'est reparti. Heureusement, une bonne nouvelle, dans tout ce maelström (mot choisi), les banques, ca va, elles s'en sortent ! Grâce à nous tous contribuables -responsables et non coupables- qui avons su être solidaires derrière nos gouvernements, Tous unanimes, si coordonnés, si efficaces à trouver -et injecter sans coup férir- tous les milliards nécessaires au sauvetage impératif. Que dis-je, impératif... Vital ! N'ayons pas peur des mots. La globalisation, ca marche.
Et puis vraiment, comment y croire au réchauffement de Copenhague, quand on s'les gèle depuis une semaine ! Chaud ou froid pour la saison ? Notre pensée reste Allègre.
Je me souviens... Il y avait en France dans le temps (au siècle dernier !) un Commissariat au Plan, dont l'objet était justement de “planifier” les politiques d'intérêt général, sur le long terme, bien au delà des échéances politiques. Dans les années 2000 (merci Chirac-Villepin, notamment) on a jugé que c'était ringard, vieux Gaullien, avec tous ces fonctionnaires pantouflards qui n'avaient pas à rendre de compte au réel... Traduction : aux électeurs. Donc, exit le plan ! Déjà dans les années 80, Hervé de Charette, Ministre libéral, avait préconisé le remplacement du Plan par la Stratégie... grand mot, petit effet. Moi, je suis prêt à parier qu'on ne va pas tarder à en reparler d'un Plan*, et de ses bienfaits. Mais là, je m'inquiète... vont-ils aussi le crier : “OUI, C'EST LA SO-LU-TION … LE RE-TOUR DU PLAN !! Ce n'est pas parce que le drapeau et l'hymne retrouvent une prééminence dans l'Identité Nationale, que notre pavillon doive être agressé en permanence. En plus, c'est gravement contagieux, car du coup, les invités se sentent obligés de suivre le mouvement, voire d'en rajouter. Un exemple ? Tiens, là aujourd'hui, ce matin même sur Europe1, Axel Kahn, le brillant généticien et chercheur, iconoclaste président d'université, qui rivalisait de gammes avec Souchier. Une caricature ! Bon, A. Kahn déjà, il a un timbre naturel assez élevé, strident disons. Alors il faut pas trop le chatouiller dans son contre alto ! Résultat, moins les arguments étaient pertinents -de part et d'autre- plus le ton montait. Perte d'énergie et de temps. Secondaire, dira-t-on ? Non, croyez-moi**, le “ton” c'est ES-SEN-TIEL.
Je nous vois tous - ou presque - les pieds dans l'eau dans quinze-vingt ans, saluant le geste unanime des banques au niveau mondial de verser une taxe (dite post Tobin) de 0,000002009% sur l'ensemble des transactions spéculatives, pour abonder généreusement le fonds d'allocation "les pieds au sec", lancé par l'ONU, pour faire face au relèvement (désormais) irréversible du niveau des mers. Et on  se dira : Heureusement que, dès la fin des années 2000, on a fait face à la faillite financière mondiale... sans quoi, imaginez le pire, les bénéfices de cette taxe on ne pourrait même pas compter dessus !

*bien sûr on trouvera un autre nom, plus tendance
**oui moi, moi-même, titulaire d'un master de ton, expert en ton(s), consultant européen itinérant sur la route du ton, auteur d'une thèse de septième cycle sur "le ton sur tous les tons" (en cours de rédaction)

17.12.09

Sens giratoire


Dans un référendum (France) ou une votation (Suisse), il est généralement demandé de répondre par oui ou par non. Une différence de taille est apparue néanmoins à l'occasion de la votation anti-minarets : le sens giratoire de la question.
Pour la constitution européeenne -dernière consultation officielle en date en France- nous avons eu à nous prononcer sur la question : êtes-vous pour ou contre la ratification du traité de constitution européenne etc ? Pour = Oui. Contre = Non. Même, pour le statut de La Poste -première votation officieuse en France- les citoyens mobilisés se prononcaient sur la question : êtes-vous pour ou contre le maintien du statut de La Poste etc ? Pour = Oui. Contre = Non.
En Suisse, à la question de la votation officielle (validée par le Conseil Fédéral) : êtes-vous pour la construction de minarets etc ? Pour = Non. Contre = Oui. Car la question était : êtes-vous favorables à l'interdiction de la construction etc ? Si fait que répondre OUI -signe sémantiquement considéré comme un acte Positif- revenait à INTERDIRE. Cette subtilité n'avait pas pourtant pas échappée aux autorités nationales et cantonales, et avait fait l'objet d'âpres débats dans les mois qui ont précédé la votation... Néanmoins la question fut agréée en l'état et donc posée de même ! Inversion de sens giratoire, trouble des esprits, confusion... ?
Je ne veux pas remettre en cause le résultat flagrant du vote. Flagrant, oui, et même peut-être pire. Car, imaginons, parmi ceux qui n'ont PAS pris part au vote, le nombre d'approbateurs tacites, genre « je ne m'en mêle pas... mais j'en pense pas moins ! » Courage bien d'chez nous, non ? francais, belge, suisse, bref francophone au sens très large... incluant nécessairement le Suisse Alémanique sans lequel le résultat...
Donc, de Suisse où je me trouve quelques jours*, je me faisais cette réflexion : Bien tordue la question, non ?
Mais aussitôt, par un esprit d'escalier que j'affectionne et qui est autant le reconnaître ma marque de fabrique la plus saillante (au sens équestre de saillie), j'extrapolais, me remémorant la lecture quelques jours auparavant d'un article sur « le pantalon de Lubna » (40 coups de fouet pour un pantalon, livre apparemment courageux de Lubna Ahmad al-Hussein) où il mentionné par l'auteur (de l'article**) que le port du pantalon est prohibé pour les femmes dans l'enceinte de l'université, au Soudan. Là en l'occurrence le campus de l'université de Khartoum. Et je n'ai pu m'empêcher de penser à l'interdiction du port du voile pour les jeunes filles dans l'enceinte de l'école, en France. Bien tordu mon esprit, non ? Car tout de même (!) l'interdiction française n'est pas assujettie à quarante coups de fouet, voire à la menace d'une lapidation en place publique. Dé-mo-cra-tie !
Oui oui oui, bien entendu... et pourtant je ne peux m'empêcher de faire un parrallèle et de m'interroger sur le fait (patent) suivant : la manière dont on pose le débat induit largement son orientation. Chacun voit midi à sa poste, Zurich-Paris-Khartoum... les décalages horaires méridiens ne sont pas seuls en cause, et pas davantage les degrés sur l'échelle démocratique - degrés au fait, Celcius ou Fahrenheit ?- il faudrait pourtant se mettre d'accord quand le même mot est employé (par exemple) par Georges W. Bush et Barack H. Obama... Tâche impossible reconnaissons-le. En « l'espèce », c'est tant mieux.
En France, « on » (l'establishment pour résumer grossièrement) se félicite que l'édiction de la loi sur le port du voile a très sensiblement réduit les risques de conflits dans l'enceinte scolaire publique. Sans doute, et aussi -notamment- accentué la déscolarisation d'un certain nombre de jeunes musulmanes. Mais, une fois le pansement couvrant aux chastes regards la plaie béante, s'avise-t-on bien de la douleur restante, des risques de gangrène et des multiples effets secondaires, rejet après greffe manquée, ressentiment de la parole non tenue et au final haine de l'intra-exclusion ? Ce ne sont pas les chefs d'établissements ou les proviseurs qui tireront désormais la sonnette d'alarme. Qui alors ? Quel est l'autre espace social d'intégration et de brassage existant ? Aucun, plus aucun.
Et puis, voilà que big bang boum, Diam's met le voile ! Oui, à qui se fier (I?) disent aussitôt avec surprise et force toutes celles qui, de Ni Putes Ni Soumises aux défenseures les plus ardentes de l'égalité féminine, fondaient hier encore sur la star du rap leurs sincères espoirs d'une démultiplication du 9-1 rebelle -et femme libre dans un univers passablement machiste- en une départementalisation contagieuse émancipatrice ! Faut-il reprendre à zéro le débat national ? Et au fait, en passant -puisque la bougeotte d'En-Haut nous impose son tempo frénétique- s'agit-il bien là d'Identité ? Tout est mouvant, aucune certitude, celle d'hier comme celle de demain. Alors...?
Alors voilà, pour remonter mon escalier avant de terminer, les termes du débat, quel qu'en soit le sujet, c'est bien l'essentiel. Autant (davantage?) que le débat lui-même, puisque cela Détermine : « parlons-nous bien, tous ensemble, de la même chose ? »
Donc, pour ajouter une (petite) pierre à l'édifice démocratique -sans cesse en construction quoiqu'on en pense et heureusement- la mise sur la table publique de toutes les données objectives et subjectives***, tenant compte de tous décalages (horaire, sociétal et coutumier) d'un débat où les citoyens sont appelés au final à se prononcer, est un condition préalable à l'exercice démocratique. Un bien au-delà du café du commerce, exercice bien d'chez nous, non ?

*référence à mon précédent post sur le sujet, je n'ai pas eu dilemne à interroger ici parmi mes amis (francophones) quant à leur vote, tant ils n'ont eu guère besoin de le préciser... suffit de voir leur tête pour comprendre : « ...et ce sont Nos Concitoyens qui ont fait Ca !! »
**Marie Lemonnier, envoyée spéciale à Khartoum, article paru dans le numéro 3349 du Nouvel Observateur (12-18 novembre 2009)
***subjectif, soit le sujet actif + principe de non précaution

9.12.09

Irreversible

Extrait :
" (...) la clarté de Setúbal à travers les stores pareille à la lumière ambrée de la morgue où le Christ avec une tête de trafiquant de drogue mort d'overdose attend son autopsie sur le mur, les rideaux semblables à des tentures mortuaires, sur le marbre de la commode des boîtes et des brosses comme des os alignés pour l'examen du médecin légiste, ma femme s'affalant doucement comme une pieuvre s'endort, plongeant ses tentacules dans le sable des draps 
— Quel soulagement 
moi, craignant qu'elle ne me dévore, de m'habiller dare-dare avant qu'elle ne me demande dans son sommeil 
Tu ne me fais pas un bisou Luís ? 
et que je ne sois obligé de me couler jusqu'à cette chose flasque en chemisier à volants et de frotter mon menton sur un front enduit de crème hydratante, pendant qu'une paume visqueuse me pincerait l'oreille 
À ce soir Luís 
me rappelant une fille brune, boulotte, en train de m'enfiler une alliance au doigt sur la photo de l'album, j'ai fait chauffer du café dans la cuisine en priant pour qu'elle ne s'amène pas en chaussons histoire de m'aider à allumer le gaz, trouver le sucre, ouvrir le placard au-dessus du micro-ondes 
— Tu n'as jamais su où se trouvaient les tasses Luís
et de me quitter sous le porche en me gâchant la matinée avec son petit au revoir d'adolescente décrépie, j'ai traversé le jardin à pas feutrés, la cravate pendue autour du cou, j'ai fait les nœuds à mes lacets, j'ai sorti la voiture du garage non sans heurter comme toujours le mur avec le tuyau d'échappement, et là-dessus le rideau du salon de s'écarter dans une lenteur théâtrale
— Au revoir mon Luís
et de me voir arriver le soir à la maison, exténué par ma journée au cabinet avec des centaines de chiens qui aboient dans la salle d'attente, et d'avoir à la croiser dans le vestibule, frétillante d'enthousiasme, posant ses membres antérieurs sur ma poitrine, me léchant le menton avec une allégresse baveuse, d'avoir à la repousser des mains
— Couché
et après le riz au lait du dessert je la promenais autour du quartier par la laisse de son bras, prenant racine devant chaque vitrine de prêt-à-porter comme un tronc de platane, puis suivais le feuilleton brésilien, les infos, le lit où je l'entendais qui roucoulait des promesses sur l'oreiller
— Luís 
(...) " 
"Le Manuel des inquisiteurs" de António Lobo Antunes (Commentaire p.197-198) Christian Bourgois Editeur


5.12.09

Et pourtant comme le monde est petit

"Maire de Puteaux, comme son père ; suppléante du député Nicolas Sarkozy, comme son père; députée des Hauts-de-Seine, comme son père ; administrateur (présidente) de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD), comme son père... 
Invariablement, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, 58 ans, poursuit son chemin politique dans les pas de Charles Ceccaldi-Raynaud." suite de l'article dans Le Monde du 04.12.09



Conseiller municipal de Neuilly s/seine comme son père ; membre de l'UMP comme son père ; conseiller général comme son père ; (futur) président du Conseil général des Hauts-de-Seine comme son père ; administrateur (ex-futur président) de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD) comme son père...

Invariablement, Jean Sarkozy, 23 ans, poursuit son chemin politique dans les pas de Nicolas Sarkozy.




Petit le monde, si petit*, non ?
Un bon coup dans la démographie, pour colorier un peu tout ca, non ?


*petit : animalcule, anodin, avorton, bambin, banal, bas, bébé, bénin, biquet, bon sujet, borné, bout d'homme, bref, chétif, coquet, court, courtaud, crapoussin, criquet, délicat, délié, demi-portion, dérisoire, douillet, écrasé, enfant, étriqué, étroit, exigu, extrait, faible, fils, fin, gamin, gentil, gnome, gosse, grêle, gringalet, humble, imperceptible, inférieur, infime, infinitésimal, insignifiant, invisible, jeune, joli, juste, léger, lilliputien, limité, maigre, malheureux, marmouset, méchant, médiocre, menu, mesquin, microbe, microscopique, mignon, mince, mineur, mini, miniature, minime, minus, minuscule, mioche, modeste, modique, moindre, môme, moutard, myrmidon, nabot, nain, négligeable, obscur, ordinaire, pauvre, petiot, piètre, portatif, puce, pygmée, quelconque, réduit, rétréci, riquiqui, simple, sommaire, subalterne, subtil, succinct, svelte, ténu, vil.

4.12.09

L'afghanistan, c'est loin

Depuis une vingtaine d'années, il n'est pas d'exemple d'une offensive militaire US et/ou alliée à l'étranger qui ait débouché sur la paix, la prospérité et la démocratisation de la société concernée (sans même aller jusqu'à citer en caricature l'Irak).
Mais pourquoi est-il si aisé aux Etats d'investir dans l'armement, l'envoi de troupes et le financement de logistiques toujours plus sophistiquées -donc honéreuses-, et si difficile aux mêmes Etats de mettre la main à la poche dans l'aide mondiale au développement ?
Alors qu'il est avéré, prouvé (etc etc) que l'aide EFFECTIVE au développement des nombreux pays de la planète en danger de malnutrition, de désordre climatique, d'insuffisance criante d'éducation, d'hygiène et de santé, en danger d'Espoir de Vie tout simplement, peut résoudre -avec le temps, c'est à dire dans une absolue continuité des politiques mondiales d'aide et d'assistance- la plupart de ces problèmes, qui nous concernent. Oui, qui NOUS concernent au premier chef ! Non seulement au titre de la solidarité humaniste, mais des interconnections avec nos propres modes de vie, de leurs conséquences directes sur notre quotidien : renchérissement des denrées (alimentaires et autres), émigration massive, désordres politiques et sociaux potentiels de conflits internes et externes, foyers d'extrémisme nourris par le ressentiment et la haine, terrorisme.
C'est une question, dont je dois avouer qu'elle me tarabuste depuis bien longtemps sans que je n'ai Jamais trouvé nulle part une réponse cohérente satisfaisante en provenance des "Autorités", quelles qu'elles soient, d'où qu'elles émanent.
Imaginons à présent qu'une partie substantielle des dépenses -en pure perte reconnaissons-le (ajouté aux pertes en vies humaines, souffrances familiales et relationnelles, débâcle morale et civilisationnelle)- consacrée aux actions militaires et paramilitaires extérieures, soit affectée au pur développement, directement, sans aucun artifice de contournement. Tout est réglé ! Mais oui, tout ce qui concerne l'envie, la haine, la jalousie, le ressentiment, la vengeance, l'orgueil, la domination, la manipulation... ! Je ne parle pas des êtres humains, individuellement -il ne faut pas trop rêver- mais des "collectivités humaines" rassemblées sous forme de sociétés organisées et structurées en États, Nations et Fédérations. Car là où un être humain  et peut individuellement ressentir sa faiblesse, son insuffisance à maîtriser ses multiples instincts et dominer les émotions contradictoires qui le traversent, une communauté d'humains -soit une nation, un groupe de nations, une multitude de nations- peut sans conteste faire prévaloir LE BON SENS d'un intérêt vital planétaire bien compris. Aux êtres humains ensuite, individuellement, de gérer leur part "d'identité nationale" au mieux de leur conscience.
- Ah, toujours aussi idéaliste et utopiste, mon cher !
Encore ? Alors, cela ne cessera qu'après la catastrophe annoncée, et si largement démontrée ! Faudra-t-il que l'individu (ex-développé, ex-riche, ex-gavé) soit à terre -ou au fond de l'eau- pour que la collectivité se relève ?
- L'afghanistan, c'est loin ! Combien de fois ai-je entendu cette réflexion -interchangeable d'Afghanistan en Biafra, Somalie, Vietnam, Timor, Chili... etc* etc*- dans les rédactions où j'ai travaillé. À Soir 3 notamment (1975-1982) on avait même un spécimen attitré, Daniel D.. C'était devenu systématiquement un leitmotiv, générateur de sarcasme et de dérision, et donc, au bout du compte et de lassitude, de l'autocensure la plus admise.
Oui l'Aghanistan, c'est loin... pour y combattre.
Non l'Afghanistan*, c'est près, tout près même pour aider, soutenir et coopérer. Pour Donner, avec une garantie de réception en effets induits comme l'on dit -tiens (heureux contraste d'effets collatéraux) au dela du centuple. A terme(s).
Donner sans attendre en retour garantit de Recevoir.
Barack Obama vient d'annoncer l'envoi de 30.000 hommes supplémentaires. Je me suis surpris, à mon tour, à penser : l'Afghanistan... c'est bien loin ! Et puis j'ai écouté Tout le discours à West Point, également les éclaircissements émanant de la Maison Blanche -comme cette video debriefing de l'amiral Mike Mullan- et je me suis tempéré, puisque c'est "pour 18 mois, et back home". Soit, envoyer plus d'hommes, pour en repartir plus sûrement, le pays ayant regagné sa pleine autorité démocratique et sa souveraineté.
Tempéré seulement, car franchement, je n'y crois guère. Mais je souhaite tellement que ca marche pour Obama, pour tout ce que représente son élection au niveau de la planète en ce XXIème siècle, pour tous ces immenses défis que l'électeur américain a lancé au monde, volontairement -et encore plus sans doute involontairement- par son incroyable vote, si courageux, si enthousiaste, si contagieux !
Donc, méthode Coué : l'Afghanistan* c'est aussi près que la Corse*. Il y a les pour, il y a les contre, il y a les je m'en fous totalement, mais pour tout un chacun, c'est juste devant sa porte.

*les astérisques sont tous interchangeables

2.12.09

Un poids, une seule mesure

Existe-t-il un modèle de démocratie universel ? Non bien évidemment.
 
C'est pour l'avoir oublié que Bush Jr. et son clan - notamment mais pas seulement loin de là - s'est planté en beauté en Irak, et ailleurs. Enfin planté, pas sûr... Attendons quelques années, quelques mois peut-être, et nous verrons émerger de la boue fétide de la corruption, un azur eldorado verdoyant., fruit pourri d'intérêts considérables planifiant la militarisation politique américaine toutes ces années. Cela viendra, un jour ou l'autre.., la vérité l'emporte toujours (finit toujours par l'emporter) sur le mensonge.
Mon interpellation veut se limiter à la Suisse et ce - choquant, xénophobe, limite raciste et en tous cas égoïste et pour le moins troublant - vote référendaire sur les minarets. Je vis à Barcelone et vais en Suisse fréquemment, plusieurs fois par an. J'y compte des amis, ouverts et tolérants. Ont-ils voté pour ou contre les minarets ? Ont-ils seulement voté ? Pour l'heure je ne sais... leur demanderai-je ? pas sûr ! Eux ne m'ont pas demandé pour qui j'avais voté aux présidentielles. Notez qu'ils devaient le savoir, s'ils consultaient un tant soit peu ce blog dès les années 2006 et davantage 2007. Et aujourd'hui encore, puisque je reste constant dans mes choix. Je ne leur demanderai certainement pas, en effet, si cela peut être interprété même incidemment comme un soupçon inquisitorial. Inquisitorial, et pour cause...
La démocratie a de multiples facettes. Certaines nous conviennent mieux d'autres, nous conviennent à nous. À nous seulement, point. Les suisses ne se posent pas de question sur leur pratique référendaire. Ils l'ont choisie, ils l'exercent. Point.
Ceci pour dire mon désaccord avec Daniel Cohn-Bendit sur sa préconisation de "faire revoter" les suisses. Cela me pèse de dire cela... ils se trouve que je suis d'accord avec lui, et depuis des années, sur la plupart de ce qu'il dit et entreprend, et anticipe le plus souvent. Aux élections européennes, ma main fut ferme en dirigeant le bulletin dans l'urne d'Europe Écologie. Et aux prochaines Régionales, si je n'étais inscrit en Charente - issue de Poitou-Charentes !- où je m'apprête, avec grand plaisir et de nouveau à soutenir Ségolène Royal, j'aurai renouvelé l'essai sans faillir.
Raison de plus donc pour marquer ce désaccord. Cette position, je le reconnais, m'est d'autant plus inconfortable eu égard à l'hypocrite - qualificatif très mesuré - tour de passe-passe Suisse/États-Unis dans l'arrestation de Roman Polanski. Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. Mais quand bien même... je maintiens. Désaccord formel sur le principe, donc sur l'essentiel. Je ne veux même pas entrer dans le détail de l'argumentation de Daniel Cohn-Bendit - celle-ci, beaucoup trop étayée et convaincante, risquerait de confondre mon désaccord... !
Sur le principe, oui, car de même je n'étais pas d'accord pour que soit annulé le "mauvais vote" législatif en Algérie - le Front Islamique du Salut (FIS) l'avait emporté à plus de 80% au premier tour de 1991, horreur !- nié le "mauvais vote" palestinien en faveur du Hamas et, pas davantage - au sujet du traité européen - faire revoter les "mauvais électeurs" en Irlande ou au Danemark, et trapper ainsi le "mauvais Non" au référendum français - pour lequel j'ai néanmoins voté Oui, comme pour Maastricht - par un alibi parlementaire.
On ne peut se réclamer de la Démocratie et passer sont temps à donner des leçons de "bonne démocratie" au monde entier. La démocratie n'est pas bonne, quand vos projets sont approuvés, et mauvaise, lorsqu'ils viennent à être rejetés.
- Je veux bien vous soumettre la question, à condition que vous y apportiez ma réponse.
La base, c'est le vote. Du moment que celui-ci est légal* et conforme, il n'y a rien à dire. Rien, sur le principe du vote bien entendu. Tout, en revanche, dans les opinions contradictoires, commentaires et réactions... Car, démocratie un jour, démocratie tous jours. Il y a un prix à payer ? Hé oui, c'est comme cela, il faut s'y faire ! Mieux, il faut aimer le oui comme le non. À égalité, en vrai démocrate. Aimer la liberté d'expression, bref aimer l'autre, tout Autre.
Parfois, c'est rude, je le reconnais. Mais, quand bien même, moi aussi je me battrai pour que mon ennemi ait autant le droit de parler et de se défendre. Honnêtement, pas tant par prosélytisme, foi ou compassion, mais par intérêt personnel bien compris ! Égoïstement, car j'imagine quand (et si)... et ce sera mon tour ?

Ps. Encore un mot pour souligner le remarquable éditorial de Denis Olivennes, dans la dernière livraison du Nouvel Observateur, sur Roman Polanski et l'État de droit - US en l'occurrence - dans la ligne de l'excellent documentaire Wanted and desired. Mais aussi mon "interrogation", c'est peu dire (aurai-je l'occasion d'y revenir) sur la position conjointe de Jean Daniel et de Jacques Julliard "en faveur" du débat sur l'identité nationale, dans la précédente livraison du même Nouvel Observateur. "Troublé" dit Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand au milieu des années 80, à l'arrivée à Paris de Jaruszelski. Cela n'a rien à voir, je sais... et pourtant ! C'est un trouble du même ordre, que je ressens, comme une odeur fétide. Sans doute que la source n'y est pas étrangère : le Ministère de l'Immigration. A tout prendre eût-il mieux valu que l'initiative émane de l'éducation nationale, lieu de brassage de toutes les identités. Et encore, aurais-je pris ?

*légal ...! Je sais qu'Hitler est arrivé légalement au pouvoir - ne jamais oublier cette leçon cinglante de l'histoire - c'est toute une limite patente de la démocratie. aNon, la messe n'est sans doute pas dite. La démocratie électoral(liste)e n'est peut-être pas la panacée... oser aller à l'encontre de la pensée dominante ! Peut-être - je dis bien peut-être - peut-on encore inventer autre chose... mieux ? Rien n'est figé dans le marbre des institutions. Reste la vie, sa pratique, ses errements et ses innovations. Mais c'est là tout un autre champ de débat, passionnant bien que fort risqué.a

28.11.09

Et pour être complet...

On peut également lire ceci, propos réfléchis et assumés de Marie NDiaye qui a posteriori persiste et signe.

Néonazi et néokozy

L'écrivain américain Percival Everett à propos de la microcosmique affaire Marie NDiaye : "L'attaquer pour ce qu'elle pense de la politique de son pays, c'est du pur fascisme. Je ne pense pas beaucoup de bien des Etats-Unis, mais la chose qui est vraiment appréciable, c'est la liberté totale d'expression. Dans notre pays, la ligue pour la protection des droits des citoyens a défendu la liberté d'expression des néo-nazis. Même si on déteste entendre ce que les néo-nazis ont à dire, il faut apprécier le fait qu'ils ont le droit de s'exprimer et que personne ne peut vous dire ce qu'il faut penser. C'est tout simplement ridicule."
And, so what ? Tolérer en France l'expression libre des mouvements néo-nazis ! Moi, je ne l'imagine pas.
Cependant cette position, si naturellement et clairement exprimée par l'auteur de (le) Supplice de l'eau, qui dénonce la politique militarisée de Bush, me fait réfléchir. La garantie de Mon droit d'expression le plus large, le plus extrême, le plus fou... passe par l'acceptation du Sien*. Alors que je m'apprête à en user -largement ?- sur ce blog (exemple parmi d'autres) quelle position me dois-je d'adopter, pour être cohérent ?
Car évidemment que j'ai jugée grotesque voire infantile, la réaction de E.Raoult-dans-les-brancards condamnant en auto-urgence (10/11/09) des propos tenus trois mois auparavant (18/08/09) par un écrivain -pardon mais je n'arrive pas à m'y faire à "écrivaine" et pourtant je m'honore qu'on me qualifie de féministe (ce qui n'est généralement pas lancé comme compliment!)- pour un prix qui n'était et pour cause pas encore décerné (02/11/09). Et quand bien même... l'aurait-elle déjà reçu ce prix X ou Y, qu'est-ce que cela y changerait ? Et le Goncourt, quand même, il ne faut pas charrier ! À quand les caricatures de Drouant (le resto) puis les manifs "spontanées" organisées par des maisons d'édition ? Atteinte à... À quoi au fait ? Bernard Pivot, membre de la dite académie, a bien raison d'en rigoler.
La sortie de E.Raoult vient s'ajouter à l'odieuse complaisance des ministres et sous affidés déculottés, en défense du Prince Jean, et, de façon plus lointaine mais tout aussi présente à mon esprit (tordu et vicieux de sale ex-journaliste), aux lâches gloussements complaisants de bon nombre de "confrères", voletant -telles des ouailles époumonées en salle des fêtes du Palais- à l'honteux secours du mépris Sarkoziste, réponse à la pertinente (et normalement courageuse) question de Laurent Joffrin à propos des dérives d'hyper-présidence, lors de la première et unique conférence de presse présidentielle.
Et Frédéric M. quelle amère déception. Mais l'amère va et vient, ainsi du large soutien dont il a -à juste titre - bénéficié à propos de au fait... d'un livre, non ? Homonymie n'équivaut pas garantie. Même, peut faire leurre.
C'est grave, très grave selon moi, ce retour du "devoir de réserve". Car cela peut nous entraîner loin. Trop loin, déjà maintenant. Sans revenir sur des expériences ou souvenirs personnels (je ne m'interdis toutefois pas de le faire un de ces jours et traiter radicalement de l'auto-censure) cette notion de "devoir de réserve" qualificative de toutes les interprétations abusives -un peu du genre "trouble à l'ordre public"- donne droit à n'importe qui de condamner n'importe quoi. Et, généralement, c'est à sens unique.
Mais revenons à la problématique posée par Percival Everett, car je le reconnais, elle me pose sacrément problème. Quand Le Pen passe à la télé, je coupe le son. Ma femme est encore plus rapide que moi dans l'exercice. "Le Poux" qu'on dit à la maison ! Cependant, il est vrai que du temps où j'exerçais dans les médias nationaux (français) j'ai toujours défendu que Le P. etc puisse s'exprimer librement. Au nom de la liberté d'expression et aussi d'une certaine cohérence : lorsque des années plus tôt (je parle des années 70 et 80 surtout) s'est posée à intervalles réguliers -au rythme de l'opportunisme de chaque camp- la question de l'interdiction du Front National, la réponse -ou plutôt la courageuse non réponse des pouvoirs successifs- a été de ne pas donner suite. A partir de de ce moment là, il faut en assumer toutes les implications. Ou alors on fait comme en Birmanie (LND) ou en Algérie (FIS) on annule le scrutin et on interdit le parti vainqueur.
Alors donc, pour ce qui est de la polémique actuelle, comment faire ? Car non seulement Marie NDiaye dit des choses parfaitement sensées, que j'approuve avec (obligation de) réserve -ah ! que n'ai-je le Goncourt, merde- de mon balcon Barcelonais, mais elle a sacrément du talent. Or donc, face à cette liberté souverainement revendiquée, je devrais a contrario me coltiner celle (la liberté) d'un néo-nazi enfumé, haineux, négationniste, et de surcroit, vulgaire et laid ?!
Hé ben oui, voilà. C'est le prix net, sans Tva réduite aux acquêts. Ça va être dur, je sens. Même, comme je vois nos sociétés évoluer, ca être de plus en plus dur de revendiquer -et de tenir mordicus- la tolérance, l'altruisme, la compassion, la fraternité (merci Ségolène de nous l'avoir liftée), bref l'humanisme comme fin et comme moyen. Je veux bien essayer, mais franchement je n'y mettrai pas ma main à couper**.

PS. Nous n'avons pas quitté le France de Sarkozy en 2007, mais celle de Chirac en 1996. Depuis cela ne s'est pas vraiment arrangé.

*Tout autre que moi
**encore que, avec le clavier on peut désormais taper de la gauche...

26.11.09

Cheikh Anta Diop / El Hadj N'Diaye

/ Moi je suis allé à l'école et l'on nous disait que nous étions des étrangers en Afrique.
Nous n'habitions pas l'Afrique, nous sommes venus par l'Océanie.
Nous étions des occupants noirs comme le blanc est un occupant blanc.
Et alors c'est l'occupant le plus fort qui déracine l'autre !
Que le vrai indigène de l'Afrique, c'est le pygmée.
Le noir est venu avant-hier, le blanc est venu hier, et puis c'est tout.
Bidéw bi juddu / Une étoile est née
Asamaan see / Dans ce ciel
Bidew bi leeral te dem / Cette étoile nous a éclairés et s'en est allée
Cheikh Anta Diop / Cheikh Anta Diop
Cheikh wéetel nga ñu / Cheikh, nous sommes orphelins
(bis)
Cheikh Anta Diop / Cheikh Anta Diop
Cheikh wéetel nga ñu / Cheikh, nous sommes orphelins
Du Magrheb au sud de l'Afrique
En passant par l'Egypte des paramides
Rarement sagesse n'a égalée celle de Cheikh Anta Diop
Cheikh Anta Diop / Cheikh Anta Diop
Cheikh wéetel n'ga ñu / Cheikh, tu nous a laissés seuls
(bis)
Cheikh Anta Diop / Cheikh Anta Diop
Cheikh wéetel n'ga ñu / Cheikh, tu nous a laissés seuls
Ton génie Cheikh
Brille tel un soleil
Dans cette nuit noire d'obscurantisme
Cette Afrique-là dont parlait Hegel
Cheikh, ta sagesse, elle est encore là
Nous ne te dirons jamais adieu
Baayu Samori Diop / Père de Samori Diop
Cheikh wéetel n'ga ñu / Cheikh, tu nous a laissés seuls
Baayu Jomo Kenyata Diop / Père de Jomo Kenyata Diop
Cheikh wéetel n'ga ñu / Cheikh, tu nous a laissés seuls
Grand savant universel
Nibina Ceytou / Tu es rentré à Ceytou./


"Les voix de Thomas Sankara -celui qui disait "que cette dette nous perdrait", celle de l'artisan de l'ombre -aux visions trop novatrices pour son époque- Cheikh Anta Diop, l'accompagnent. Du fond de Carbone 14 -unique laboratoire de physique nucléaire existant en Afrique noire- poursuivant ses recherches dans une totale solitude intellectuelle, il est celui qui a su avant tous qu'il fallait utiliser le soleil comme énergie, assumer ses choix, et fustiger le carriérisme. Il inspire à El Hadj ces pépites de chansons crues et douces" Emmanuelle Honorin.

23.11.09

Patience et longueur de temps

Chant XIX (37e jour)
"PÉNÉLOPE - En ce manoir, mon hôte, si tu voulais rester encore à me charmer, le sommeil ne saurait s'abattre sur mes yeux. Mais on ne peut toujours écarter le sommeil; c'est pour tous les mortels que, sur la terre aux blés, les dieux ont fait la loi. Je vais donc, il est temps, regagner mon étage et m'étendre en ce lit qu'emplissent mes sanglots et que trempent mes larmes depuis le jour qu'Ulysse est allé voir là-bas cette Troie de malheur!... que le nom en périsse!... Puissé-je reposer: toi, dors en ce logis! fais-toi par terre un lit, ou qu'on te dresse un cadre...
A ces mots, regagnant son étage brillant -sans la laisser, suivait le reste des servantes-, elle rentra chez elle avec ses chambrières: elle y pleurait encore Ulysse, son époux, à l'heure où la déesse aux yeux pers, Athéna, vint jeter sur ses yeux le plus doux des sommeils."
Chant XX (38e et 39e jour)
"Ce fut dans l'avant-pièce que le divin Ulysse vint alors se coucher: par terre et sur la peau fraîche encor de la vache, il entassa plusieurs toisons de ces brebis que, chaque jour, offraient aux dieux les Achéens.
Quand il y fut couché, Eurynomé sur lui vint jeter une cape. Mais, songeant à planter des maux aux prétendants, il restait éveillé.
De la salle, il voyait s'échapper les servantes, qui, chez les prétendants allant à leurs amours, s'excitaient l'une l'autre au plaisir et aux rires. Son cœur en sa poitrine en était soulevé; son esprit et son cœur ne savaient que résoudre: allait-il se jeter sur elles, les tuer, ou, pour le dernier soir, laisserait-il encor ces bandits les avoir?...
Tout son cœur aboyait: la chienne, autour de ses petits chiens qui flageolent, aboie aux inconnus et s'apprête au combat; ainsi jappait son âme, indignée de ces crimes; mais, frappant sa poitrine, il gourmandait son cœur:
ULYSSE - Patience, mon cœur*, c'est chiennerie bien pire qu'il fallut supporter le jour que le Cyclope, en fureur, dévorait mes braves compagnons! ton audace avisée me tira de cet antre où je pensais mourir!
C'est ainsi qu'il parlait, s'adressant à son cœur; son âme résistait, ancrée dans l'endurance, pendant qu'il se roulait d'un côté, puis de l'autre; comme on voit un héros, sur un grand feu qui flambe, tourner de-ci, de-là une panse bourrée de graisses et de sang; il voudrait tant la voir cuite tout aussitôt; ainsi, il se roulait, méditant les moyens d'attaquer, à lui seul, cette foule éhontée.
Mais voici qu'Athéna se présentait à lui, venue du haut du ciel, sous les traits d'une femme, et lui disait ces mots, debout à son chevet:
ATHÉNA - Pourquoi veiller toujours, ô toi, le plus infortuné de tous les hommes?... N'as-tu pas maintenant ton foyer, et ta femme, et ce fils que pourraient t'envier tous les pères?
Ulysse l'avisé lui fit cette réponse:
ULYSSE - Déesse, en tout cela, tes discours sont parfaits; mais ce que au fond de mon esprit, je cherche encore, c'est comment, à moi seul, mes mains pourront punir cette troupe éhontée, qui s'en vient chaque jour envahir ma maison! et, souci bien plus grand! si je tuais ces gens avec l'assentiment de ton Père et le tien, mon cœur voudrait savoir où me réfugier; penses-y, je te prie!
La déesse aux yeux pers, Athéna, répondit:
ATHÉNA -Pauvre Ami! les humains mettent leur confiance en des amis sans force, en de simples mortels qui n'ont pas grand esprit!... Ne suis-je pas déesse? toujours à tes côtés, je veillerai sur toi dans toutes tes épreuves et, pour te parler net, cinquante bataillons de ces pauvres mortels pourraient nous entourer de leur cercle de mort; c'est encore en tes mains que passeraient leurs bœufs et leurs grasses brebis. Allons! que le sommeil te prenne, toi aussi! rester toute la nuit aux aguets, sans dormir, c'est encore une gêne: tes maux sont à leur terme.
A ces mots, lui versant le sommeil aux paupières, cette toute divine remonta sur l'Olympe. Ulysse alors fit pris du sommeil, qui détend les soucis et les membres."
Odyssée, Homère. Traduction de Victor Bérard pour la Librairie Armand Collin (1931)


*Lorsque Ulysse, de retour en son palais, tente de modérer sa fureur et son désir de vengeance en s'écriant, au chant XX de l'Odyssée: "Patience, mon coeur!", il prononce une petite phrase qui va changer la face du monde.
Pour la première fois sans doute, l'homme dialogue avec lui-même, analyse ses sentiments, découvre sa vie intérieure. La psychologie est née. Désormais, le chemin qui mène la pensée humaine vers "La princesse de Clèves"** et "A la recherche du temps perdu" est tracé. En fait, l'analyse psychologique proprement dite se développe au cours du Ve siècle athénien.
Dans la tragédie, l'histoire, la philosophie, J. de Romilly*** en démontre l'évolution capricieuse et fondamentale qui commande toutes les littératures à venir.

**dont la lecture sera rendue obligatoire dans les écoles publiques (lycées français à l'étranger inclus) à la rentrée 2010
***"Patience, mon coeur" : l'essor de la psychologie dans la littérature grecque classique, Paris, Les Belles-Lettres

20.11.09

TEDdy bear

About this talk...

Designer Philippe Starck spends 18 minutes reaching for the very roots of the question "Why design ?" Listen carefully for one perfect mantra for all of us, genius or not.

Cliq here


Ps. Blogal World in progress. Yesterday, around one hour (52 minutes). Today, 18 minutes. Tomorrow...? Bets are opened

19.11.09

Un coup de main ?

Si vous avez une heure à gagner : "la première séance"
On s'en reparle, à l'occasion.

18.11.09

Humain, trop humain

Le temps est fixe, et l'espace.
Nous, vivants - terriens, animaux, végétaux - nous voyons mobiles, progressifs. Car notre fixité (nous) serait-elle supportable ! En face, sur l'autre berge, l'humanité. Quel plus beau mot ? Projeté, catapulté, rêve fou d'une entrée en matière.

6.11.09

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Être * (ou)

*un pauvre
D'une phrase...
Extrait–2ème partie :
"— Ne voulez-vous pas vous asseoir ?
c'était en janvier et les bougainvillées interceptant la lumière augmentaient le silence, mon père dans la clinique d'Alvalade incapable de parler, avec un vase d'émail entre les cuisses
 — Pipi monsieur le docteur pipi
la balançoire vide oscillant de-ci de-là, le moulin près du puits en train de rouiller au vent, les vaches, les porcs et les poules ont fini par disparaître ou par être volés, seuls sont restés les corneilles, les pigeons et les loups d'Alsace sur la crête du versant, et moi dans le garage à finir mon bateau en attendant qu'ils viennent m'expulser mais pas ainsi, messieurs, pas ainsi, pas avec deux bonshommes insignifiants ouvrant leur serviette, trifouillant des papiers, exhibant un avis d'expulsion, et moi leur indiquant une chaise de paille percée
 — Ne voulez-vous pas vous asseoir ?
un des bonshommes orné d'une moustache d'acteur comique cherchant un stylo dans sa poche
 — Il vous faut me signer cela
et ils ne ressemblaient pas à des créatures à prendre au sérieux, ils ressemblaient aux clowns qu'engageait Sofia pour l'anniversaire des gosses, qui entraient par la porte de la cuisine, s'enfermaient dans la chambre aux armoires pour s'enfariner le visage et apparaissaient en gants blancs après le goûter, saluant les enfants et jouant des paso doble au saxophone, les clowns qui semblaient être parents des servantes et à qui Sofia offrait dans la cuisine une tranche de gâteau d'anniversaire et leur remettait une enveloppe, puis ils partaient en rasant le mur avec les instruments dans leur étui et moi avec l'envie de dire aux huissiers de justice avant qu'ils ne commencent à raconter des histoires drôles et à parler espagnol
 — Vous devez faire erreur je n'ai pas d'argent ce n'est pas mon anniversaire aujourd'hui
les gosses en cercle sur le tapis battant des mains, faisant éclater des ballons, tirant sur leurs énormes chaussures, et le clown à la moustache, dont les poches donnaient l'impression de se multiplier comme les tiroirs des pupitres, sortant un bout de crayon dans l'espoir que je trouve ça drôle et que je rigole
 — Il vous faut me signer cela
je les appelais de la clôture et les pitres s'arrêtaient sous un réverbère, tournaient vers moi leurs joues fardées dont le halo de la lampe accentuait l'air d'humilité et de soumission, les vagues rongeaient l'obscurité au-delà des arbres de Chine, au-delà des jardins, moi avec cent escudos pour chacun et eux à genoux sur le trottoir, ouvrant les étuis de leur saxophone, cherchant à me plaire
 — Monsieur désire-t-il que nous jouions pour lui un paso doble ?
cette musique d'aveugle capable de me faire pleurer je ne sais pourquoi, moi retenant mes larmes, m'enfuyant dans la maison suffoqué d'une étrange nostalgie, ma belle-mère, qui endossait sa fourrure de renard argenté dans le vestibule, fronçant le sourcil
 — Qu'est-ce que c'est que ce raffut ?
les saxophones jouant de plus belle, des bruits de lutte dans leur domaine, des discussions, des malles, le ronflement d'une auto s'évanouissant sous les cyprès, mon père à grands cris
 — Andouille
le moulin en quête de vent, le tracteur au milieu du maïs dans un effort à rendre tripes, une fille de tourterelles sur le toit de la serre, et moi en séchant mes paupières
 — Ce paso doble est de toute beauté vous ne trouvez pas ?
ma belle-mère lévitant dans un brouillard de parfum
 — Le jeune homme est-il idiot ou le fait-il exprès ?
le clown à la moustache déposant sur la table de l'échiquier l'avis d'expulsion au lieu de me tirer les armes avec un paso doble
 — Il vous faut me signer cela
un ange de pierre a voltigé le long du plafond sans que personne l'ait vu sinon moi tout comme moi seul voyais les loups et les voleurs dans les ténèbres de mon enfance, le clown sans moustache dépité qu'on ne lui serve pas une tranche de gâteau d'anniversaire
 — Nous avons des instructions du tribunal pour tout sceller
pour sceller les corbeaux, le vent, les grenouilles, les eucalyptus, les murmures et les voix du passé, pour sceller la cuisinière étalée sur l'autel les quatre fers en l'air et mon père le pantalon sur les chevilles
 — Je fais tout ce qu'elles veulent mais je n'enlève jamais mon chapeau de la tête pour qu'on sache bien qui est le patron
pour sceller mon père dans la clinique aussi
(— Pipi monsieur le docteur pipi)
le pitre à la moustache détachant une page de l'avis d'expulsion
 — Le duplicata est à vous prenez
et moi le glissant comme une partition sur le pupitre du piano
 — Duplicata de quoi ?
vu que sous les sarcasmes des oiseaux il n'y avait que de la bruyère et des murs de glaise que les averses de février emporteraient, ils ont apposé les cires solennelles sur les fenêtres, sur les portes et sur les châssis sans vitres, avec des bandes adhésives ils ont fermé chaque pièce l'une après l'autre au lieu de raconter des blagues, de me serrer la main avec des gants blancs, de se mettre tout à coup à jouer le Pisa Morena, et de ce fait ils ont scellé les corbeaux, les corneilles, les sanglots des grenouilles, ils ont scellé à la cire les meuglements des veaux et de cyprès scellé en cyprès scellé nous sommes arrivés sur la route, un mutisme de terre sainte régnait sur le domaine et moi m'adressant aux deux clowns en leur montrant le café des paysans, ouvriers et commis voyageurs de Palmela, qui se taisaient toujours en me voyant entrer comme si ç'avait été mon père et qu'il ait ordonné leur arrestation, et tandis que résonnait à mon oreille une nostalgie de je ne sais quoi, moi avec l'impression qu'on fêtait cet après-midi-là mon anniversaire
 — Vous êtes bien sûr de ne pas vouloir une tranche de gâteau ?
(...) "
Le Manuel des inquisiteurs de António Lobo Antunes (p.106-109) Christian Bourgois Editeur.
Et Christian Bourgois remerciait António Lobo Antunes de lui avoir proposé de publier "Le Manuel des inquisiteurs" dans sa version française (1996) avant toute édition portugaise ou autre.

5.11.09

Avoir* (ou)

*un pauvre
D'une phrase...
Extrait–1ère partie :
« Il y a un bon nombre d'années de ça on m'a emmenée en Alentejo à la confirmation de foi de la fille d'une couturière de la maison qui s'était mariée et ce que j'y ai vu c'est une foule de rustres, des hommes à moustaches et des femmes coiffées en toupet, mastiquant la bouche ouverte et déversant des assiettes entières de sandwichs au jambon dans des sacs plastique, moi agrippée aux jupes de ma mère, et ma mère avec une grimace de reine entourée de vassaux qui n'en étaient pas dignes, d'un haussement d'épaules résigné
— Quoi qu'on fasse pour les faire évoluer ces petites gens sont comme ca
tout cela se passant dans une église ou dans un couvent abandonné sans plafond, avec des tableaux des saints martyrisés au-dessus des restes de l'autel, des chiens errants en train de se disputer un morceau de poulet sous la table, un aveugle jouant de l'accordéon dans le confessionnal, le sacristain flanquant des bourrades au parrain qui tenait une bouteille d'anis dans sa main ballante, et la couturière, traînant elle aussi un sac plastique débordant de mangeaille, avec des plumes tombant de ses cheveux, la couturière, se frottant au manteau de fourrure de ma mère en nous offrant un plat composé de cure-dents plantés dans des rondelles de boudin qu'une vieille, avec des piaulements de moineau, fourrait en un éclair de rapine dans son sac à main
— Appréciez-vous le repas madame ?
ma mère s'époussetant en cachette
(— Je parie qu'ils m'ont refilé une cargaison de poux)
d'un air renfrogné, sans sourire, faisant signe au chauffeur qui l'escortait comme un gorille suisse du Vatican
— Le plus possible Aurora
ma mère déjà hors de l'église en ruine, dans un patio où les marmots des invités se couraient après en se lançant des pierres et où un groupe de filles sous des masques de ouistiti autour d'un orgue de Barbarie, épiées par des lascars avec bottes en basane et joues garnies de pattes, se photographiaient mutuellement en poussant des cris d'excitation, ma mère se parfumant avec un vaporisateur comme on se désinfecte
— Quelle odeur mon Dieu
et à peine sommes-nous arrivées à Estoril qu'elle m'a prescrit de prendre un bain et de me laver la tête à cause des punaises, des maladies et de la fumée des fritures, et à chaque fois qu'il m'arrivait d'aller à Palmela, je revoyais la fête de confirmation en Alentejo, les mêmes personnes, la même confusion, le même inconfort en dépit des meubles et des tableaux raisonnables, des porcelaines qui n'auraient pas été vilaines si elles n'avaient été recollées et des photos de Salazar et de la reine, en dépit des sonorités du piano, des miroirs prétentieux et du bataillon des servantes mal fagotées, un jour j'ai raconté à ma mère comment était le domaine et elle, sur le point de se rendre chez son masseur ou chez les Sœurs de la Charité
— Qu'est-ce que la demoiselle espérait de la part de péquenauds qui n'ont même pas un pauvre à eux ?
tandis que moi, chaque mercredi, j'avais un pauvre pour moi toute seule, un pauvre à qui on m'interdisait de donner de l'argent pour qu'il n'aille pas aussitôt le dépenser en eau-de-vie car c'est ce que font les pauvres dès qu'ils se voient avec le plus petit sou dans leur poche, je lui donnais seulement des chaussures et des vêtements qui ne servaient plus et les restes du dîner de la veille dont le vétérinaire disait que leur assaisonnement pouvait faire du mal aux chiens et leur ternir le poil, quand mon pauvre est mort de tuberculose dans la cabane où il habitait, sur une colline surplombant la mer, battue par le vent et semée d'herbes, de dépotoirs et de jolies fleurs blanches, j'ai remarqué que dans sa cabane il n'y avait pas d'électricité ni de lumière mais qu'en revanche il y avait un lustre pendu au plafond agitant ses pendeloques de verre, un canari dans une cage affairé autour d'une feuille de laitue, et un corps étendu sur le sol parmi un tas de guenilles immondes, avec un pull de mon frère Gonçalo, en guise de couverture, et après la mort de mon pauvre on m'a offert un autre pauvre plus jeune qui durerait plus longtemps, en bonne santé, ne toussant pas encore, baptisé et avec ses vaccinations à jour, garanti par monsieur le curé comme n'ayant pas de vice et comme étant incapable de me manquer de respect, mais que j'ai dû renvoyer le Noël suivant après m'être plainte aux Sœurs de la Charité de son manque d'éducation car j'avais commis la sottise de lui donner dix escudos en lui recommandant
— Tâchez à présent de ne pas dépenser tout cela en eau-de-vie
et lui de me répondre avec une impolitesse inouïe en tournant et retournant la pièce dans sa main
— Bien sûr que non mademoiselle bien sûr que non soyez tranquille car je vais de ce pas aller au garage acheter une Alfa Romeo
ce qui m'a permis de comprendre que les pauvres ne savent pas tenir à leur place, ou bien ils traînent une tuberculose et nous jettent leurs bacilles en plein visage, ou bien ils deviennent tout à fait odieux, enragés qu'ils sont d'être pauvres et d'habiter dans des cabanes de planches et de tôles en zinc sur un versant de colline au-dessus des vagues, avec le soleil faisant reluire la misère, des boîtes de conserve et les tessons éparpillés dans l'herbe, de sorte que jamais plus je n'ai voulu avoir un pauvre à moi, d'autant que j'ai déjà suffisamment de tracas dans la vie, les maladresses de la coiffeuse de chez qui je ressors avec une coupe mal taillée, et les bêtises des gosses avec la drogue, les gosses élevés par moi seule vu que João passait des semaines et des semaines au domaine de Palmela, lequel après le cauchemar de la révolution et la maladie de mon beau-père s'est mis à ressembler à un camp de Gitans, confiné dans le garage à construire un bateau, on ne comprend d'ailleurs pas pourquoi puisque il n'y a pas d'eau alentour, João qui, tant que nous avons vécu ensemble, était comme inexistant, il ne savait pas jouer au bridge, il ne savait pas choisir une cravate assortie à sa chemise, à partir d'une heure du matin il s'endormait la bouche béante au milieu des conversations alors même qu'on s'adressait à lui, et mes oncles si naïfs ou de si bonne foi uniquement parce que le père de João avait été ministre et avait reçu Salazar au domaine parmi les vaches et les hordes d'oiseaux, lui avait trouvé un poste au conseil fiscal de la banque où il se rendait à la fin du mois pour apposer sa signature et recevoir son chèque, jusqu'à une nuit où une de mes belles-sœurs m'a réveillée à grands cris comme si on l'étranglait
— Les Russes ont pris le Portugal Sofia si mademoiselle ne me croit pas qu'elle branche la radio (...) » 
Le manuel des inquisiteurs de António Lobo Antunes (Commentaire p.83-87) Christian Bourgois Editeur

1.11.09

(crise financière)*

*oxymore

19.1.09

Soon

I'll be back in a while ...