11.1.13

service public

Recommandation: pour toutes celles et ceux qui, comme moi, ne comprennent pas grand chose à la PMA (Procréation Médicale Assistée) et surtout veulent pouvoir se faire une idée "en amont" du Débat public (anti/pro/manif/etc) prenez à peine une heure de votre temps et les Matins de France Culture de ce jour! Invité, le professeur René Frydman le meilleur spécialiste de la question sur laquelle il travaille depuis plus de 30 ans (Fécondation in vitro, premier "bébé éprouvette"). Un discours clair, didactique, autorisé et compréhensible. En tant qu'auditeur, je me sentais respecté dans mes opinions (non opinion en l'occurrence, par défaut) et à présent j'y vois un peu plus clair... C'est ici sur le site de Radio France à sa page du jour.

Et en passant, bonne année 13 à tous !

7.1.13

monnaie de singe?


PAN TROGLODYTES
« Je m'installe dans le hamac, mon verre à la main, je sirote mon Coca-Cola light à l'aide d'une paille, et je me complais dans la contemplation des humains. Je les regarde. Ils sont nombreux et pourtant ils sont seuls. Ils s'assoient sur des chaises. Ils posent leurs mains à plat sur leurs genoux. Ils s'entourent d'objets : bouilloire, théière, cuillère, tapis, télévision, tableaux accrochés sur les murs. Ils sont attachés au décorum. Ils sont propres. Certains plus que d'autres, si j'en juge par ce que j'ai observé les rares fois où il m'a été donné de visiter des intérieurs différents de celui où l'on me fait habiter. Les humains sont doués pour l'absence : ils disent Untel est triste, mais Untel n'est plus là. Ils disent Un jour, j'aurai du temps, mais le temps n'est pas là. Ils présument de tout. Les humains disent Ma maison. Ils disent J'ai un jardin. Ils disent Ma famille, mes amis. Ils disent Les gens, ils disent Le monde. Les humains disent Mon singe en me montrant du doigt. Il dit J'ai acheté mon singe en Afrique. Il dit Je recrute mes hommes moi-même. Il dit J'ai rencontré ma femme à Cuba en 1972 et j'ai tout de suite su que c'était elle. Il dit Mon argent, Mon singe, Mes hommes, Ma femme, Ma business.
Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleuves et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont, leur existence durant, courbés sous un invisible poids. Quelque chose les affaisse. Il pleut : voilà qu'ils courent. Ils espèrent les dieux et cependant ne voient pas les yeux des bêtes tournés vers eux. Ils n'entendent pas notre silence qui les écoute. Enfermés dans leur raison, la plupart ne franchiront jamais le pas de la déraison, sinon au prix d'une illumination qui les laissera fous et exsangues. Ils sont absorbés par ce qu'ils ont sous la main, et quand leurs mains sont vides, ils les posent sur leur visage et ils pleurent. Ils sont comme ça. »
Anima, Wajdi Mouawad (Leméac/Actes Sud 2012)

Острый человек (second rôle)

Mais non, vous n'y êtes pas mais pas du tout : Depardieu actuellement, il est en plein tournage.
Et nous, on a vraiment cru que tout cela était vrai ! On s'est mis à se pincer et se frotter les yeux ; et dire qu'on a même failli s'offusquer : la planque Belge, la démocratie Tchétchène, l'humaniste Poutine, tout ça...
mais en fait, il tourne, Voilà.
Donc il ne faudra pas s'étonner si on le voit la semaine prochaine avec Bachar à Damas. D'ailleurs, déjà, il aurait dû être hier à son  (bon) côté - aubaine, imaginez, première apparition publique depuis deux mois !- mais il a dû en dernière minute compléter ses prises en Mordovie : appartement, maison sur la rivière, cave, etc
Et tiens, la preuve irréfutable du tournage en cours :
photo de plateau (non créditée)
Острый человек (rôle) Humain pathétique

Sacré farceur, va ! Et tout ça pour le buzzz.

1.1.13

any day now

2012 dernier jour
Excursion into philosophy, Edward Hopper, 1959
(Huile sur toile, 76,2 × 101,6 Collection privée)

2013 premier jour
Cape Cod morning, Edward Hopper, 1950
(Huile sur toile 86,7 x 101,9 Washington D.C. National museum of American Art)

d'un jour à l'autre
Barcelona, Rambla del Poble Nou, Bogatell  12.31.2012 7:00am
Temperatures air/ext.: 7°C air/int.: 16°C eau/douche: 12°C eau/mer: 5°C terre/sable: 9°
Barcelona, Rambla del Poble Nou, Bogatell  01.01.2013 7:00am
Temperatures air/ext.: 6°C air/int.: 16°C eau/douche: 11°C eau/mer: 4°C terre/sable: 8°


« Soudain la mer s'est répandue devant mes yeux et j'ai eu la sensation qu'on ouvrait mon cerveau pour le laisser libre de s'étendre après des jours entiers dans un Tupperware. Je suis descendu de la voiture et mes poumons se sont remplis de ciel et d'algues, de sel et d'iode. Sur la plage, une quinzaine de personnes prenaient le soleil, toujours les mêmes, parfois je me demandais ce qu'elles pouvaient bien faire de leur vie, pour se tenir là chaque après-midi au moindre rayon, à fixer les flots pendant des heures, comme méditant infiniment face à la mer. Elles-même devaient ignorer à quoi j'occupais mes journées, en général nous nous saluions d'un mouvement de tête, et les rares mots que nous échangions étaient consacrés à la beauté des lieux, à la manière qu'avait la lumière de tomber, la marée de dénuder les récifs, à la luminosité du sable ou à la couleur de l'eau, plus ou moins mobile, plus ou moins verte, bleue, turquoise, plus ou moins gris anthracite ou argent quand le soleil déclinait. Parfois l'un d'entre eux se levait et s’avançait jusqu'aux premiers clapotis, puis il s’enfonçait dans l'eau à pas lents, insouciant des maigres treize ou quatorze degrés qu'aurait affiché le mercure si on y avait plongé un thermomètre. Mieux valais s'en abstenir et s'en remettre à l'envie qui nous prenait parfois. Bientôt il était presque entier englouti et nageait vers l'horizon, les yeux rivés sur le ciel et les oiseaux. J'étais l'un des leurs et j'étais bien placé pour savoir qu'ainsi ils faisaient plus que se baigner, qu'il s'agissait d'un rituel étrange, d'une cérémonie qui avait à voir avec l'oubli et la réparation. Il arrivait que certains s'épanchent un peu et, les yeux embués, évoquent la chance que nous avions de vivre là. À l'expression que prenait leurs visages, au ton qu'affectaient leurs voix, je comprenais qu'il ne s'agissait pas seulement d'une simple satisfaction de vacancier ou de touriste. Non, quelque chose de plus profond les liait à ces paysages. J'avais la sensation qu'ici chacun était venu pour se sauver. Chacun tentait de faire peau neuve. Chacun fuyait sa vie son passé son présent ses fantômes, essayait de les tenir à distance et de les noyer quotidiennement en fixant l'étendue marine, et plus encore en s'y plongeant comme on se lave. J'ai enfilé un maillot et me suis enfoncé dans l'eau glacée. L'eau me mordait les bras à faire mal, gelait ma nuque... »
Les Lisières, Olivier Adam (Flammarion 2012)

d'un an à l'autre
Bonne année !!