29.3.12

transgression régression, spirale stérile

Transgression
Décembre 2007. Kadhafi, le leader Lybien est reçu très officiellement à Paris -le jour de célébration des droits de l'homme- avec honneurs et fastes, il impose sa tente sa suite ses putes à l'Hôtel Marigny, annexe du Palais de l'Elysée. Loué soit le Seigneur des sables... N.S. s'acoquine, se courbe, s'exécute, et nous fait honte. Rama Yade, symbole de sa diversité, en charge des droits de l'homme auprès de Bernard Kouchner (tenace promoteur du droit d'ingérence) déclare: "Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort." Elle sera virée*. Kouchner juge désormais  inutile ce département ministériel. Avant d'être viré à son tour, non sans avoir avalé toutes les couleuvres nécessaires à la démonétisation d'une vie consacrée à l'humanitaire. Total gâchis.
Régression
Mars 2011. Kadhafi, l'homme à abattre. Mourir pour Benghazi, N.S. offre son corps et les Rafales à la libération du peuple Libyen. A la mort de Kadhafi, il salue "une étape majeure".

Transgression
Juillet 2008. Assad, le leader Syrien invité d'honneur de N.S., assiste en grande pompe (rol out the red carpet) au défilé du 14 juillet à Paris -où il dispute la vedette avec l'égyptien Moubarrak l'autre démocrate-, occasion pour sa femme d'acquérir ses premières Louboutin.
Régression
Février 2012. N.S. monte à l'assaut, champion des sincérités successives il déclare: "Maintenant ça suffit, ce régime (Assad) doit partir".

Transgression - régression, etc etc, mouvement brownien d'une stérilité inégalée, de mémoire contemporaine. Deux exemples, mais parmi beaucoup d'autres: l'écologie, priorité absolue qui se retrouve aux oubliettes cinq après, et Fukushima! Perte d'énergie, de temps, d'espoir, de confiance... Perte mais pour quoi? Que reste-t-il au fond de tout cela, un énorme vide, il ne reste absolument rien. La Culture du Vide, voici ce qui résume un quinquennat absurde et inutile. Tout était écrit pourtant, il suffisait de lire et d'écouter, de ne pas se laisser envoûter par une posture. Quel gâchis!
Et à présent, hé bien ça recommence... Non?
Droits et devoirs du citoyen. Le vote c'est un droit et aussi un devoir.


*depuis, rentrée au bercail, dans la spirale stérile toujours s'autogénère

26.3.12

un vote nécessaire

Je rends hommage à Ariane Mnouchkine pour la "maternité" du mot nécessaire, à telle enseigne que je lui offre humblement ce blog pour relayer la contribution qu'elle publie dans Télérama dans le souci de démultiplier une pensée qui me semble relever d'un principe d'hygiène publique et de la vigilance nécessaire en effet pour la défense de la dignité humaine, française notamment.

« Je me suis surprise à penser des pensées moches, tordues par l’angoisse :
— Pourvu que ce ne soit pas un arabe ! Pourvu que ce ne soit pas un Afghan ! Pourvu que ce ne soit pas un musulman. Pourvu que ce ne soit pas un immigré. Avec ou sans papiers. Pourvu, Oh pourvu, que cela soit un détraqué, ou s’il le faut absolument, une ordure bien de chez nous. Avec un nom bien français, européen à la rigueur. Pour que tout le monde se taise. Et pleure. Sans pouvoir lancer aucune insulte, aucun venin, aucune polémique, n’exhiber aucune prévisible, triomphante et immonde ironie. Pour qu’on se taise et pense à ces soldats, à ces enfants. Catholique, musulmans, juifs. Soldats, tout court. Enfants, tout court. Mais où en est donc mon beau et triste pays pour que, lors d’un événement aussi grave, moi, je me détourne ne serait-ce qu’un instant du temps sacré de la compassion et que j’en arrive à penser : « Pourvu que cet abruti, cet intoxiqué, ne soit pas ceci ou cela ».

Je dois écrire quelque chose sur cette campagne. Télérama, très amicalement me le demande. J’ai dit oui. Il y a longtemps. Depuis des jours et des jours je tourne autour de mon papier. J’aimerais tant écrire avec hauteur de vue, modération, tempérance. Assumer la complexité de ce moment de l’Histoire. Trouver des solutions nouvelles. Eclairer. Ne pas ajouter du vide au vide. Des mots à des mots. Si seulement, comme certains, j’étais désabusée, je pourrais paraître plus sage, plus éclairée. Or je suis morte de trouille et je suffoque de colère. Pas bonne conseillère la colère. Ni la peur. Attention à ce que je peux dire. Pas d’inexactitude. Pas de vulgarité. Pas d’emballement.

Mais après tout, que puis-je dire d’autre que ce que, chaque matin, je ressens en suivant, obsessionnellement, de l’étranger où je suis, les nouvelles de cette terrible campagne, où chaque jour le pouvoir en place se prétend le seul propriétaire légitime de l’Etat. Où, paraît-il, si le verdict des urnes ne plaisait pas au clan régnant, c’est que les élections auraient été confisquées, volées. Bref, où la gauche, même la plus raisonnable, pour ne pas dire la plus minimaliste, ne pourrait prétendre à l’alternance que par effraction. Alors, sans fioriture, je vais dire où j’en suis, moi. Je n’attends aucune approbation. Je récolterai probablement le contraire de la part de certains de mes amis.


Voilà :
J’ai 73 ans. Je n’ai plus le temps. Plus le temps de perdre. Je ne veux pas faire encore un tour de droite. Pour le dire autrement, je ne veux pas passer mon tour, encore une fois, comme je l’ai fait en 2007, parce que certains, à gauche, au Parti socialiste même, ou tout à côté du Parti socialiste, faisaient la fine bouche. 

« Je ne me sentais pas », avouent maintenant ou se vantent certains ou certaines. Et bien, moi, voyez-vous, je ne me sens pas d’aller encore une fois me promener dans les bois pour voir si le loup n’y est pas. Il y est, je le sais ! Et puis je ne veux plus avoir honte. Voilà cinq ans que cette « équipe » me fait honte. Chez nous, et ailleurs. Et ailleurs, où je suis en ce moment, on ne se gêne pas pour écrire fort ce qu’à peine on chuchote chez nous.

(Là il manque un paragraphe sur les hontes. J’y ai renoncé. Il y en avait trop.)
« Les Français parlent aux Français » Pom Pom Pom Poooom ! 
Il en est parmi vous qui se souviennent. D’autres parmi nous qui ont appris de quoi je parle. Comme moi ils l’ont reçu en héritage. D’autres sont trop jeunes. Eh bien, qu’on les renseigne ! Mais il est temps, oui, il est temps que les Français reparlent aux Français. Tous les français. De souche, de rameaux, de fleurs, ou simplement de cœur, de langue, d’espoir.
Pour changer la France et l’Europe, il va falloir nous parler. En français, en bon et beau français et dans toutes les langues d’Europe. Oui, les peuples d’Europe vont devoir reprendre la parole qu’on leur a volée. Car la confiscation c’est là qu’elle est ! Pas ailleurs.
Donc il faut gagner. D’abord gagner. Et pour gagner il faut voter. Il faut voter. Il faut voter. Il faut voter. Vous n’aimez pas le mot « utile » ? Alors je vous propose le mot « nécessaire ». Le vote nécessaire. Ce qui implique, je vous l’accorde, qu’il n’est pas suffisant. Seulement indispensable. Après il y aura les législatives. Plus ouvertes, plus précises de choix, mais pas suffisantes non plus, les législatives. Aucun vote n’est suffisant. Seulement nécessaire. Indispensable. On meurt encore dans le monde, en ce moment même, pour arracher le droit de vote. Alors ? Après ? 
Après, il y a l’action, le travail d’information limpide, la pression populaire. Après il y a nous, les citoyens solidaires, qui devrons ouvrir grandes les portes capitonnées des salons de Bruxelles, ces salons aux lourds rideaux, où nos dirigeants acoquinés, bien à l’abri des regards et donc de la compréhension des peuples et de leur accord, décident de tout sans nous demander rien.

Oui, il faudra tout revoir : le statut de la Banque centrale européenne qui doit refinancer les dettes publiques et non enrichir les banques spéculatrices. Oui, je sais, il n'est pas du pouvoir du président élu d'imposer à la BCE de racheter les dettes publiques, car cet interdit figure dans les traités, et bien justement, la première bonne mesure (réaliste) consistera à organiser un référendum sur  le nouveau TSCG (Traité pour la stabilité, la croissance et la gouvernance), dit aussi « pacte budgétaire » instaurant la « règle d'or » budgétaire limitant les déficits à 0,5% .

Un tel référendum outre ses vertus pédagogiques — il faudra susciter un long débat démocratique sur l'Europe telle qu’elle est et telle qu’elle devra être — donnera un fort mandat au président français pour renégocier les traités dont, en tout premier lieu, le Traité de Lisbonne honteusement signé dans le dos du peuple qui l’avait déjà refusé par un référendum incontestable.

Je ne suis pas « réaliste»  ? Ils le sont eux ? Ce sont eux les « courageux » ? Les raisonnables ? Qui livrent nos emplois, nos services publics, la protection sociale des peuples européens, à l’avidité insensée des actionnaires mondialisés ? 

La justice de la fiscal… « Halte à la spoliation ! », hurlent-ils déjà. La justice, n’en déplaise à certains, n’est pas spoliatrice, c’est l’injustice qui l’est. Il n’y a qu’à regarder autour de nous.

Des spoliés, il y en a plus de huit millions en France. 12% de la population. Plus de huit millions. Plus de la population totale de la Suisse. Ou de Kinshasa. Oui, Kinshasa dispersée à la surface de notre douce France. Alors, oui, les habitants de Kinshasa-en-France, eux, peuvent parler de spoliation. Il y en aura des choses à faire, à exiger, à obtenir. A détruire, ce qui est facile, à construire, ce qui est difficile. Il la faudra cette banque dont parlent les Economistes atterrés (1). Dont parlait déjà Ségolène Royal. Une grande banque publique pour le développement économique et social. « Impossible », répètent en ricanant les si savants propriétaires du pouvoir. Et pourquoi pas ? Au Brésil une telle banque existe, elle est financée sur une taxe annuelle, très légère, sur le chiffre d'affaire des entreprises ; en France cette taxe pourrait porter sur les profits ou les transactions financières. Un tel outil permettrait de sauver et de créer de nombreux emplois, certains de ces emplois engageant du même coup la reconversion écologique de l’économie de notre pays.

Il faudra donner aux salariés des droits sur les choix stratégiques de leurs entreprises. Ils sont les premiers concernés

Il faudra mettre en œuvre un salaire minimum européen. Il le faudra ce titanesque effort, ce New Deal, ce Nouveau Pacte, ce Nouveau Contrat, appelez cela comme vous voulez, ces programmes « rooseveltiens » axés sur des emplois d'utilité publique. Une partie d'entre eux devra porter sur la rénovation des banlieues. On fera d'une pierre deux coups : former au travail les jeunes de ces quartiers, en faire ainsi les premiers artisans de la rénovation de leur propre cadre de vie. Il va falloir. Il faudra. Il faudra.

Il le faudra, il le faudra à nouveau, ce combat de David contre Goliath. Qui ne commencera qu’après les élections. 

Mais pour le mener ce combat terrible, il faut d’abord gagner ces élections. Je voterai nécessaire. Je voterai indispensable. Je voterai Hollande. Parce qu’il faut gagner cette fois-ci et prendre la responsabilité de gouverner. La gauche radicale aura, d’ici là, conquis du terrain dans les sondages et probablement distancé le Front national dans les sondages, ce qui sera une très grande et très réjouissante chose. Elle pourra désormais, par le nombre de députés que sans aucun doute elle saura faire élire, avoir un groupe à l’Assemblée, et inspirer, éclairer, aiguillonner les propositions de l’exécutif, et stimuler les décisions du Parlement ce qui sera une très importante et précieuse chose.

En attendant, il faut gagner. Je voterai Hollande.  » 


Ariane Mnouchkine est née le 3 mars 1939. Metteur en scène de théâtre, elle a fondé le Théâtre du Soleil qu’elle continue d’animer.

22.3.12

questions sans réponse

Sondage exclusif*
- 9 français sur 10 sont en mesure de citer le nom du meurtrier retenu barricadé à Toulouse pendant plus de 30 heures (après qu'il ait perpétré trois attentats en douze jours, provoquant la mort de sept personnes)
- 1 français sur 10 se souvient (imparfaitement) du nom d'une seule des sept victimes du meurtrier, parmi lesquelles trois jeunes enfants.
Ceci interroge sérieusement sur : notre société - NOUS - les médias et le traitement de l'actualité en temps réel  - NOUS -  le temps politique - NOUS - les a priori sur les communautés (confessionnelles...) - NOUS - la vie plurielle en société (si bien décrite en allemand par leibkultur comme la culture du vivre ensemble)  - NOUS -  l'information émotion - NOUS - la haine et l'amour, etc notamment. Sans oublier nous, bien entendu.
Ce qui est précieux dans les questions, c'est qu'elles peuvent (aussi) générer des réponses. Elles peuvent.

*Autre repère intéressant, le temps d'antenne accordé à l'un, et à tous les autres (obsèques Montauban et Jérusalem incluses).

Sondage virtuel, bien entendu, produit de mon imagination(?)

19.3.12

un parfum d'actualité



Une vie intégrale est-elle encore possible

–  Ma famille (Hortense) n'a pas été directement touchée par les camps. Personne n'est mort là-bas si bien que je n'ai pas personnellement souffert du fait d'être juif. Ma famille était tout à fait assimilée, comme on dit. Il n'y avait pas de tabou particulier à la maison sur ce sujet. C'est plutôt politiquement que j'ai abordé tout cela lorsque j'ai finalement compris que le monde d'agglutinés où nous sommes était directement issu d'Auschwitz, et Hiroshima également. Le monde où nous vivons fonctionne comme les camps, dans la même fragmentation et le même refus de la responsabilité. 
–  Mais les gens ne sont pas déportés Samuel, ils ne sont pas transformés en abat-jour, en savons, on ne peut pas dire ça.
–  Ils ne sont pas déportés, non, ils ne sont pas transformés en savons mais sont devenus des marchandises plus ou moins rentables. L'ensemble du système fonctionne sur un rapport de rentabilité comme les camps. C'est là l'inconscient de notre monde. Cette industrialisation de la mort est un point de non-retour sur lequel s'est greffé l'industrialisation de la vie. A Auschwitz ils ont fabriqué des cadavres, ils ont supprimé la vie dans la mort, si bien qu'aujourd'hui c'est la mort elle-même qui est niée dans la vie et en même temps qu'elle est la vie dans la vie. C'est pourtant clair. A Auschwitz ils ont organisé, ils ont organisé le meurtre du langage et maintenant nous subissons le bruit assourdissant de la communication planétaire qui tend à nous faire oublier ce meurtre. Les mots ne portent plus leur sens. Les individus ne se parlent plus parce que le sens des mots a été contaminé à Auschwitz. Ce qui avait tenu de valeur aux individus jusqu'à Auschwitz a été anéanti là-bas.
–  Ce n'est pas vrai Samuel, ce n'est pas vrai. 
–  Tu ne veux pas l'entendre (Hortense), personne ne veut l'entendre. Les hommes aujourd'hui ne supportent plus d'appartenir à cette espèce qui n'a pas su empêcher Auschwitz. Ils veulent se débarrasser de l'humain, de l'humain dans l'espèce humaine. Ils ne savent plus ce qu'être un homme signifie. 

Extrait de Horsita (roman?) de Lorette Nobécourt*, publié en 1999. Il y a donc treize ans de cela, ce pourrait tout aussi bien être 2009 ou 2012, aussi sans doute 2019.
Lire et relire, antidote de la pauvreté d'une campagne présidentielle où l'on voudrait (tant) qu'elle soit exaltante, profonde, bouleversante, au sens des idées qui bouleversent, visionnaire oui, que l'on confond improprement avec prospective – que sait-on de l'avenir pour en prédire les arcanes (devrais-je plutôt parler de lames), lui qui pour se jouer de nos vanités déploie et replie constamment son œuvre, il ne nous attend pas, il est déjà là, avant nous. Je voudrais tant qu'il y ait ces emportements utopiques, I want a dream. Mais, la crise la crise la crise, bref le vide sidéral de la réflexion au profit de la réactivité brownienne : Prem ! C'est à qui dégainera le premier, défouraillera. Alors, dans ces temps de frustration intense – pour moi seulement, je ne veux gêner personne, pour moi seul bien entendu amoureux impénitent de la Politique comme résolution (diurne) de mes rêves (nocturnes), pour moi seul qui irai voter quoi qu'il en soit et qu'ils en soient, ne serait-ce que parce que si on me l'interdisait je me battrai à sang et à mort pour pouvoir en user de ce pouvoir là –, je lis beaucoup ces jours, découvrant dans les pensées coulées de l'encre heureusement sèche à nos regards avides et assoiffés, d'infinis horizons dans lesquels je ne cesse de (re)découvrir la simple Évidence : tout est lié et Relié, à la fois dans le temps et l'espace, avant, là et après, tout ici et tout là-bas, les interconnections humaines (pour ne s'en tenir qu'à cette dimension) innombrables ont de quoi rassasier les appétits les plus exigeants. Et si les « grandes questions » ne sont pas si nombreuses, elles extendent néanmoins leur champ illimité. Nous y fondre redonne espoir, rien n'est donc perdu définitivement. Mais si mais si.
Ayant déjà abordé ici ce sujet du choix électoral, j 'ajoute pour être tout à fait clair et au besoin transparent, que je vais voter François Hollande, finalement dès le premier tour. Pourtant... pas vraiment sexy, ni fulgurant, assurément ! Loin des vastes horizons, sans doute ! Pragmatique et raisonnable, trop certainement ! Mais qui s'interroge politiquement, c'est manifeste selon ma perception, sur « savoir ce qu'être un homme signifie » au XXI° siècle de notre ère humanoïde végétalisée. Instrumentalisée, si l'on préfère. Se réapproprier l'humain en nous, tâche individuelle d'abord, mais collective nécessairement et vitalement. L'individu ne représente-t-il pas à ses yeux "la puissance d'un collectif déployé". Hollande parle d'égalité comme socle et de justice comme référent premier. Or il peut les mettre en œuvre. C'est, ce sera toute la gravité de sa responsabilité. Car les comptes sont toujours faits, en définitive. Comme je dis souvent (répète, disent nos enfants) : ni châtiment, ni récompense, que des conséquences. On est loin des envolées lyriques... voilà bien pourtant une «posture» digne et équanime pour notre vieux pays. En l'occurrence et compte tenu de ce qui Est, ce serait déjà oui, révolutionnaire, au sens abouti de révolution. R-évolution. Rien que pour cela, ce qui implique pour tout cela, il aura ma voix et compte déjà mon soutien.

Dernier ouvrage paru (2011) «Grâce leur soit rendue», suite à la publication duquel l'auteur franchit finalement l'Arche de Roberto Bolaño à Blanès, au couchant.

14.3.12

soit dit en passant

La perspicacité que Jean Daniel, wise man et plume pensante (pansante serais-je tenté d'écrire) du Nouvel Observateur, met à déchiffrer avec profondeur et mesure les matières politiques et sociétales les plus complexes de notre monde contemporain, s'exprime (parfois) avec des mots d'une limpidité confondante, que l'on doit relire pour ne pas se pincer; est-il possible de résumer avec tant de simplicité ce qui paraît généralement insurmontable à traiter, démonstration: "Au passage, je voudrais dire qu'il n'y a rien de commun entre un parti démocrate islamiste et ce que l'on appelait, en Europe, un parti "démocrate-chrétien". Sinon on aurait affaire à un parti "démocrate musulman" et non "islamiste". Ces partis se disent "islamistes" parce qu'ils refusent toute séparation entre la religion et l'Etat et parce qu'ils ont la conviction sincère et profonde que l'islam contient tous les principes de la démocratie." Comment cela* est-il rendu possible, l'amour humaniste je suppose... chapeau bas J.D.

*clairvoyance

6.3.12

just relax

5.3.12

l'insoutenable légèreté du travail

Trois chiffres relevés dans le livre du sociologue Jean Viard « Nouveau Portrait de la France. La société des modes de vie » par Claude Weill, journaliste N.O* : au cours du XXe siècle, la richesse produite a été multipliée par dix ; la vie s'est allongée de vingt-cinq ans ; la part de notre existence consacrée au travail est tombée de 40% à 9%.
9%... mais paradoxe (apparemment) 90% des préoccupations pour bon nombre de gens ! Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond ou plutôt un décalage profond entre la réalité d'un mode de vie et l'organisation traditionnelle de la société.
« L'idée même qu'on se fait en France de l'organisation du travail est à repenser. La mobilité est inséparable des sociétés modernes. Il faut organiser la souplesse des temps et des espaces. La discontinuité – dans la vie professionnelle comme dans la vie sexuelle et familiale – est le mode normal des vies longues, faites de séquences et donc de ruptures. Autrefois, quand vous étiez recruté pour un boulot, vous en preniez pour quarante ans. C'est fini. Le problème, c'est : qui choisit et qui subit la rupture, et comment inventer les filets de sécurité permettant de franchir les marches ? Cela reste à faire. Tant qu'on ne se sera pas attaqué à l'inégalité devant le risque de chômage, qui est au cœur de l'insécurité sociale, le FN continuera de prospérer. Le rôle de la politique, désormais, c'est d'articuler la diversité des trajets de vie individuels et de réinventer un horizon collectif. »

*article paru le 9 février dans le Nouvel Observateur, entretien intitulé contre la morosité française