Trois
chiffres relevés dans le livre du sociologue Jean Viard « Nouveau
Portrait de la France. La société des modes de vie » par
Claude Weill, journaliste N.O* : au cours du
XXe siècle, la richesse produite a été multipliée par dix ;
la vie s'est allongée de vingt-cinq ans ; la part de notre
existence consacrée au travail est tombée de 40% à 9%.
9%... mais paradoxe (apparemment) 90% des préoccupations pour bon nombre de gens ! Il y a
vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond ou plutôt un décalage
profond entre la réalité d'un mode de vie et l'organisation
traditionnelle de la société.
« L'idée
même qu'on se fait en France de l'organisation du travail est à
repenser. La mobilité est inséparable des sociétés modernes. Il
faut organiser la souplesse des temps et des espaces. La
discontinuité – dans la vie professionnelle comme dans la vie
sexuelle et familiale – est le mode normal des vies longues, faites
de séquences et donc de ruptures. Autrefois, quand vous étiez
recruté pour un boulot, vous en preniez pour quarante ans. C'est
fini. Le problème, c'est : qui choisit et qui subit la rupture,
et comment inventer les filets de sécurité permettant de franchir
les marches ? Cela reste à faire. Tant qu'on ne se sera pas
attaqué à l'inégalité devant le risque de chômage, qui est au
cœur de l'insécurité sociale, le FN continuera de prospérer. Le
rôle de la politique, désormais, c'est d'articuler la diversité
des trajets de vie individuels et de réinventer un horizon
collectif. »
*article
paru le 9 février dans le Nouvel Observateur, entretien intitulé contre la morosité
française.
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