5.3.12

l'insoutenable légèreté du travail

Trois chiffres relevés dans le livre du sociologue Jean Viard « Nouveau Portrait de la France. La société des modes de vie » par Claude Weill, journaliste N.O* : au cours du XXe siècle, la richesse produite a été multipliée par dix ; la vie s'est allongée de vingt-cinq ans ; la part de notre existence consacrée au travail est tombée de 40% à 9%.
9%... mais paradoxe (apparemment) 90% des préoccupations pour bon nombre de gens ! Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond ou plutôt un décalage profond entre la réalité d'un mode de vie et l'organisation traditionnelle de la société.
« L'idée même qu'on se fait en France de l'organisation du travail est à repenser. La mobilité est inséparable des sociétés modernes. Il faut organiser la souplesse des temps et des espaces. La discontinuité – dans la vie professionnelle comme dans la vie sexuelle et familiale – est le mode normal des vies longues, faites de séquences et donc de ruptures. Autrefois, quand vous étiez recruté pour un boulot, vous en preniez pour quarante ans. C'est fini. Le problème, c'est : qui choisit et qui subit la rupture, et comment inventer les filets de sécurité permettant de franchir les marches ? Cela reste à faire. Tant qu'on ne se sera pas attaqué à l'inégalité devant le risque de chômage, qui est au cœur de l'insécurité sociale, le FN continuera de prospérer. Le rôle de la politique, désormais, c'est d'articuler la diversité des trajets de vie individuels et de réinventer un horizon collectif. »

*article paru le 9 février dans le Nouvel Observateur, entretien intitulé contre la morosité française

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