YES!
16.10.12
15.10.12
pré psy
« Quand le passionné s'est assuré qu'il n'est pas malade, et que rien ne l'empêche, pour l'instant, de vivre bien, il en vient à cette réflexion : "Ma passion, c'est moi ; et c'est plus fort que moi."
Il y a toujours du remords et de l'épouvante dans la passion, et par raison, il me semble ; car on se dit : "Devrais-je gouverner si mal ? Devrais-je ressasser ainsi les mêmes choses ?" De là une humiliation. Mais une épouvante aussi, car on se dit : "C'est ma pensée même qui est empoisonnée ; mes propres raisonnements sont contre moi ; quel est ce pouvoir magique qui conduit ma pensée ?" Magie est ici à sa place.
Beaucoup ont écrit là-dessus ; et les stoïciens nous ont laissé de beaux raisonnements contre la crainte et contre la colère. Mais Descartes est le premier, et il s'en vante, qui ait visé droit au but dans son Traité des Passions. Il a fait voir que la passion, quoiqu'elle soit toute dans un état de nos pensées, dépend néanmoins des mouvements qui se font dans notre corps ; c'est par le mouvement du sang, et par la course dont on ne sait quel fluide qui voyage dans les nerfs et dans le cerveau, que les mêmes idées nous reviennent, et si vives, dans le silence de la nuit. Cette agitation physique nous échappe communément ; nous n'en voyons que les effets ; ou bien encore nous croyons qu'elle résulte de la passion, alors qu'au contraire c'est le mouvement corporel qui nourrit les passions. Si l'on comprenait bien cela, on s'épargnerait tout jugement de réflexion, soit sur les rêves soit sur les passions qui sont des rêves mieux liés ; on y reconnaîtrait la nécessité extérieure à laquelle nous sommes tous soumis, au lieu de s'accuser soi-même et de se maudire soi-même. On se dirait : "Je suis triste ; je vois tout en noir ; mais les évènements n'y sont pour rien ; mes raisonnements n'y sont pour rien ; c'est mon corps qui veut raisonner ; ce sont des opinions d'estomac." »
homonyme, 9 mai 1911
8.10.12
DSK auto portrait
DSK, cet homme du séisme, fait pourtant partie de ces dirigeants qui n’ont pas vu venir le séisme financier…
Là, ce n’est pas un séisme, c’est un Gouffre. Un Gouffre qui est
devenu l’autre face du monde. DSK n’est qu’un homme de paille du
néolibéralisme. Il n’est pas du tout le grand économiste qu’on décrit
habituellement. Il n’a jamais rien produit. On attend toujours son prix
Nobel, qu’il annonçait vaniteusement à ses camarades de fac à 20 ans.
C’est un keynesien-schumpeterien classique, n’importe quel prof
d’économie en première année en sait autant que lui.
Au fond, c’est un fumiste qui raconte bobard sur bobard depuis qu’il a
vingt ans. Ses derniers discours en tant que chef du FMI sont
aberrants. Il passe son temps à dire que tout va mieux, que la nouvelle
gouvernance mondiale va tout arranger, qu’il est optimiste pour les
Grecs, etc. Ce n’est même pas du cynisme: il s’en fout. Ce n’est pas du
tout un homme de parole. Contrairement à Nafissatou Diallo, lui n’est
pas habité par le Verbe. De ce point de vue, spirituellement, il est
très peu juif. Il faut choisir entre étudier la Torah et se taper des
putes à longueur de temps ! Les mots ne lui coûtent rien. Ils ne lui
servent qu’à donner le change. Son désir est ailleurs. Son désir, on le
trouve dans sa passion pour les échecs, ou dans ses textos: «J’emmène une petite faire les boîtes de Vienne.»
Extrait de l'entretien accordé au Nouvel Observateur par Stéphane Zagdanski, auteur de "Chaos brûlant" (Seuil) Texte intégral de l'entretien.
6.10.12
fin d'un exil
« Je regarde les vagues légères d'un nouveau jour sur l'Atlantique.
Le bateau laisse de chaque côté de sa proue une déchirure blanche, bleue et sulfurique d'eau, d'écume et d'abîmes remués.
Ce sont les portes de l'océan qui tremblent.
Au-dessus passent les minuscules poissons volants, faits d'argent transparent.
Je reviens de l'exil.
Je regarde longuement ces eaux sur lesquelles je navigue vers d'autres eaux : les vagues tourmentées de ma patrie.
Le ciel d'une longue journée couvre tout l'océan.
Puis la nuit viendra qui cachera de son ombre une fois encore le grand palais vert du mystère. »
Pablo Neruda (1973)
engagement
La
patrie dans les ténèbres
« Ma
poésie et ma vie ont couru comme un fleuve américain, comme un
torrent du Chili, né dans la profondeur secrète des montagnes
australes et dirigeant inlassablement vers une issue marine le
mouvement de ses eaux. Ma poésie n'a rien rejeté de ce qu'a charrié
son courant ; elle a accepté la passion, elle a développé le
mystère, elle s'est frayée un chemin dans le cœur du peuple.
Mon
destin a été de souffrir et de lutter, d'aimer et de chanter ;
le triomphe et la défaite ont été mon lot en ce monde, et j'ai
connu le goût du pain et j'ai connu le goût du sang. Que peut
désirer d'autre un poète ? Toutes les alternatives, celles qui
vont des larmes aux baisers, de la solitude à la chaleur populaire,
durent et agissent dans ma poésie, car j'ai vécu pour elle et elle
a nourri mes combats. Si j'ai reçu nombre de prix, des prix fugaces
comme des papillons au pollen fugitif, j'ai obtenu un prix suprême,
un prix que beaucoup dédaignent mais qui, en réalité, est pour
beaucoup inaccessible. Je suis arrivé, au long d'une dure leçon
d'esthétique et de recherche, à travers les labyrinthes de la
parole écrite, à être le poète de mon peuple. C'est là ma
récompense, et non les œuvres et les poèmes traduits ou les livres
rédigés pour décrire ou disséquer mes mots. Ma récompense est ce
moment grave de ma vie où, au fond du charbon de Lota, en plein
soleil dans la salpêtrière ardente, un homme est monté de la fosse
comme on remonte de l'enfer, le visage transformé par le travail
terrible, les yeux rougis par la poussière et, me tendant sa main
durcie, cette main qui porte la carte de la pampa dans ses cals et
ses rides, m'a dit, les yeux brillants : « Il y a
longtemps que je te connais, mon frère. » oui, c'est le
laurier de ma poésie, ce trou dans la pampa redoutable, d'où sort
un ouvrier à qui le vent, la nuit et les étoiles du Chili ont
répété maintes et maintes fois : « Tu n'es pas seul ;
il existe un poète qui pense à tes souffrances. »
J'adhérai
au Parti Communiste le 15 juillet 1945. »
J'avoue
que j'ai vécu,
de
Ricardo Neftali Reyes Basolato (Pablo Neruda)
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