2.12.09

Un poids, une seule mesure

Existe-t-il un modèle de démocratie universel ? Non bien évidemment.
 
C'est pour l'avoir oublié que Bush Jr. et son clan - notamment mais pas seulement loin de là - s'est planté en beauté en Irak, et ailleurs. Enfin planté, pas sûr... Attendons quelques années, quelques mois peut-être, et nous verrons émerger de la boue fétide de la corruption, un azur eldorado verdoyant., fruit pourri d'intérêts considérables planifiant la militarisation politique américaine toutes ces années. Cela viendra, un jour ou l'autre.., la vérité l'emporte toujours (finit toujours par l'emporter) sur le mensonge.
Mon interpellation veut se limiter à la Suisse et ce - choquant, xénophobe, limite raciste et en tous cas égoïste et pour le moins troublant - vote référendaire sur les minarets. Je vis à Barcelone et vais en Suisse fréquemment, plusieurs fois par an. J'y compte des amis, ouverts et tolérants. Ont-ils voté pour ou contre les minarets ? Ont-ils seulement voté ? Pour l'heure je ne sais... leur demanderai-je ? pas sûr ! Eux ne m'ont pas demandé pour qui j'avais voté aux présidentielles. Notez qu'ils devaient le savoir, s'ils consultaient un tant soit peu ce blog dès les années 2006 et davantage 2007. Et aujourd'hui encore, puisque je reste constant dans mes choix. Je ne leur demanderai certainement pas, en effet, si cela peut être interprété même incidemment comme un soupçon inquisitorial. Inquisitorial, et pour cause...
La démocratie a de multiples facettes. Certaines nous conviennent mieux d'autres, nous conviennent à nous. À nous seulement, point. Les suisses ne se posent pas de question sur leur pratique référendaire. Ils l'ont choisie, ils l'exercent. Point.
Ceci pour dire mon désaccord avec Daniel Cohn-Bendit sur sa préconisation de "faire revoter" les suisses. Cela me pèse de dire cela... ils se trouve que je suis d'accord avec lui, et depuis des années, sur la plupart de ce qu'il dit et entreprend, et anticipe le plus souvent. Aux élections européennes, ma main fut ferme en dirigeant le bulletin dans l'urne d'Europe Écologie. Et aux prochaines Régionales, si je n'étais inscrit en Charente - issue de Poitou-Charentes !- où je m'apprête, avec grand plaisir et de nouveau à soutenir Ségolène Royal, j'aurai renouvelé l'essai sans faillir.
Raison de plus donc pour marquer ce désaccord. Cette position, je le reconnais, m'est d'autant plus inconfortable eu égard à l'hypocrite - qualificatif très mesuré - tour de passe-passe Suisse/États-Unis dans l'arrestation de Roman Polanski. Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. Mais quand bien même... je maintiens. Désaccord formel sur le principe, donc sur l'essentiel. Je ne veux même pas entrer dans le détail de l'argumentation de Daniel Cohn-Bendit - celle-ci, beaucoup trop étayée et convaincante, risquerait de confondre mon désaccord... !
Sur le principe, oui, car de même je n'étais pas d'accord pour que soit annulé le "mauvais vote" législatif en Algérie - le Front Islamique du Salut (FIS) l'avait emporté à plus de 80% au premier tour de 1991, horreur !- nié le "mauvais vote" palestinien en faveur du Hamas et, pas davantage - au sujet du traité européen - faire revoter les "mauvais électeurs" en Irlande ou au Danemark, et trapper ainsi le "mauvais Non" au référendum français - pour lequel j'ai néanmoins voté Oui, comme pour Maastricht - par un alibi parlementaire.
On ne peut se réclamer de la Démocratie et passer sont temps à donner des leçons de "bonne démocratie" au monde entier. La démocratie n'est pas bonne, quand vos projets sont approuvés, et mauvaise, lorsqu'ils viennent à être rejetés.
- Je veux bien vous soumettre la question, à condition que vous y apportiez ma réponse.
La base, c'est le vote. Du moment que celui-ci est légal* et conforme, il n'y a rien à dire. Rien, sur le principe du vote bien entendu. Tout, en revanche, dans les opinions contradictoires, commentaires et réactions... Car, démocratie un jour, démocratie tous jours. Il y a un prix à payer ? Hé oui, c'est comme cela, il faut s'y faire ! Mieux, il faut aimer le oui comme le non. À égalité, en vrai démocrate. Aimer la liberté d'expression, bref aimer l'autre, tout Autre.
Parfois, c'est rude, je le reconnais. Mais, quand bien même, moi aussi je me battrai pour que mon ennemi ait autant le droit de parler et de se défendre. Honnêtement, pas tant par prosélytisme, foi ou compassion, mais par intérêt personnel bien compris ! Égoïstement, car j'imagine quand (et si)... et ce sera mon tour ?

Ps. Encore un mot pour souligner le remarquable éditorial de Denis Olivennes, dans la dernière livraison du Nouvel Observateur, sur Roman Polanski et l'État de droit - US en l'occurrence - dans la ligne de l'excellent documentaire Wanted and desired. Mais aussi mon "interrogation", c'est peu dire (aurai-je l'occasion d'y revenir) sur la position conjointe de Jean Daniel et de Jacques Julliard "en faveur" du débat sur l'identité nationale, dans la précédente livraison du même Nouvel Observateur. "Troublé" dit Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand au milieu des années 80, à l'arrivée à Paris de Jaruszelski. Cela n'a rien à voir, je sais... et pourtant ! C'est un trouble du même ordre, que je ressens, comme une odeur fétide. Sans doute que la source n'y est pas étrangère : le Ministère de l'Immigration. A tout prendre eût-il mieux valu que l'initiative émane de l'éducation nationale, lieu de brassage de toutes les identités. Et encore, aurais-je pris ?

*légal ...! Je sais qu'Hitler est arrivé légalement au pouvoir - ne jamais oublier cette leçon cinglante de l'histoire - c'est toute une limite patente de la démocratie. aNon, la messe n'est sans doute pas dite. La démocratie électoral(liste)e n'est peut-être pas la panacée... oser aller à l'encontre de la pensée dominante ! Peut-être - je dis bien peut-être - peut-on encore inventer autre chose... mieux ? Rien n'est figé dans le marbre des institutions. Reste la vie, sa pratique, ses errements et ses innovations. Mais c'est là tout un autre champ de débat, passionnant bien que fort risqué.a

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