4.7.07

Désencombrement

A la recherche d’un mode de vie désencombré. Voilà bien une quête propice à l’homme que je deviens... plutôt de l’homme en devenir. Je me réfère à cette phrase extraite d'un texte attribué à Philon à propos des thérapeutes et qui remonte environ à l’an 40 environ : « Un des aspects concrets de la thérapie des Thérapeutes sera de proposer un mode vie « désencombré ». Ils savent que l’argent, les possessions, l’entretien des domaines, etc., sont source de soucis, d’anxiété et, plus grave encore, d’« oubli » du sens véritable de la vie. On peut passer ainsi toute son existence « à côté de la vie », « faire des choses admirables » et oublier qu’il y avait mieux à faire que faire. »

Il y a "mieux à faire que faire"… admirable raccourci, saisissant, ne trouvez-vous pas ?

Certes, on ne peut renoncer valablement qu’à ce qu’on possède ! Il est facile de me rétorquer qu’à « vaincre sans péril… » ...n’ayant de fait ni maison, ni voiture, ni actions, je n’ai guère de mérite à me désencombrer. Bien vu.

Pourtant, qui ne possède pas ? Chacun et chacune d’entre nous possède au moins un bien qui lui est propre, auquel il et elle tient plus que tout, dont la valeur lui est subjectivement inestimable.

Matériellement, qui peut véritablement dire : « je n’ai rien à perdre »

Mais, bien au delà du matériel -dont le détachement s’avère pour (presque) tous le plus difficile- se désencombrer aborde tous les aspects de la personne, physique, mental, émotionnel, même spirituel.

Le désencombrement est à mes yeux un parcours d’étapes sur le chemin de la vie, une forme d’allègement qui vise à harmoniser l’existentiel à l’essentialité de l’être. Procédant ainsi par touches successives -artiste de lui-même- l’être sculpte sa propre statue de vie, dans une posture que l’on peut alors (objectivement) qualifier d’authentique, à tout le moins fidèle à sa valeur propre.

Découvrir sa propre valeur, y engager toutes ses forces, le plus tôt dans la vie ; suivre sa petite voix intérieure, l’intuition davantage que la raison, l’esprit plus que la pensée, le cœur sans mesure ; prendre conscience de la richesse infinie que recèle chaque personne, s’en ouvrir ; se poser simplement, et surtout sincèrement, la question en toute occasion : est-ce que c’est bon pour moi ? … Quand l’école deviendra-t-elle un lieu privilégié -et protégé- de sensibilisation et de découverte de la conscience intérieure de soi, un parcours de recherche et de découverte de soi-même au milieu de tous les autres, au plus tôt -dans les toutes premières années- arrimant solidement la confiance à la valeur ainsi dévoilée !

Gageure, ce siècle est plus que jamais -mais n’est-ce pas le parcours immanquable de chaque siècle succédant au précédent ?- celui de l’offre ! le désencombrement relèverait-il alors de la pure fiction ? Hé bien justement, c’est exactement l’inverse, l’occasion fait le larron : qui n’est pas exposé à toutes les illusions, consommations, tentations et diversions, n’aura jamais la chance de vivre l’expérience d’y résister ! Abondance de propositions ne nuit pas… à qui peut -et souhaite- discerner son intérêt véritable. Quel est ton intérêt véritable d’avoir ou d’obtenir, ceci ou cela ? A la réflexion, la réponse au cœur de chacun est en fait très simple… n’est-il pas vrai ?

Pour résumer, l’homme veut toujours doubler.

Pourquoi au fait ?


*Philon et les Thérapeutes d'Alexandrie, J-Y.Leloup éd. Albin Michel

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