« Il la suivait dans les draps qui
sentaient le moisi où il dut supporter qu'elle lui fît jusqu'au
bout l'affront de son impassibilité, il sentait la chaleur à
l'endroit où leurs ventres se rejoignaient et se mêlaient comme des
cloaques de reptiles, ils sentait la moiteur de ses seins pressés
contre sa poitrine, de ses jambes contre les siennes, des images
intolérables naissaient dans l'esprit de Marcel, il était une bête,
un grand oiseau vorace et frémissant qui s'enfouissait jusqu'au cou
dans les entrailles d'une charogne, car elle conservait
l'impassibilité obscène d'une charogne, ses yeux morts levés vers
le plafond, et là où leurs peaux se touchaient, à chaque point de
contact, des fluides s'échangeaient, la lymphe transparente, les
humeurs intimes, comme si son corps devait garder à jamais, dans une
hideuse métamorphose, la trace du corps de cette femme qu'il ne
reverrait plus et dont il ne savait pas le nom, et il se redressa
brutalement pour s'habiller et partir. »
Le sermon de la chute de Rome, Jérôme Ferrari. p 74 (Actes Sud 2012)
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