6.7.12

Boson de Higgs, une autre lecture

Lecture 1 :
« Ananda, l'être et le non-être sont des concepts en désaccord avec la réalité car celle-ci transcende les limitations conceptuelles. Une personne éveillée a dépassé les notions d'être et de non-être.
« Ananda, non seulement l'être le non-être sont vides, mais la naissance et la mort le sont aussi, n'étant, pareillement, que des concepts.
Le vénérable Ananda demanda :
– Vénéré Maître, si la naissance et la mort sont vides, pourquoi dites-vous si souvent que tous les dharmas sont impermanents, naissent et disparaissent constamment ?
– Ananda, à un niveau conceptuel et relatif, nous parlons de dharmas naissant et disparaissant, mais, du point de vue de l'absolu, ils sont, par nature, ni nés ni morts.
– S'il vous plaît, Vénéré Maître, expliquez-nous ceci.
– Ananda, prenez l'exemple de l'arbre de la Bodhi que vous avez planté en face de la salle de Dharma. Quand est-il né ?
– Vénéré Maître, il est né il y a quatre ans, au moment même où la graine a donné des racines.
– Ananda ! Avant cela, l'arbre de la Bodhi existait-il ?
– Non, Vénéré Maître, pas avant cela.
– Voulez-vous dire qu'il a surgi du néant ? Un quelconque Dharma peut-il naître du vide ?
Ananda demeura silencieux.
Le Bouddha poursuivit :
– Ananda, il n'y a aucun dharma dans tout l'univers qui surgisse du néant. Sans la graine, il n'y aurait pas eu d'arbre de la Bodhi. Il est la continuation de la graine. Avant que la graine ne plonge ses racines dans la terre, l'arbre de la Bodhi était déjà présent en elle. Si un dharma existe déjà, comment peut-il naître ? La nature de l'arbre de la Bodhi est dépourvue de naissance. Ananda, après que la graine a plongé ses racines dans la terre, meurt-elle ?
– Oui, Vénéré Maître, afin de donner naissance à l'arbre.
– Ananda, la graine ne meurt pas ! Mourir veut dire passer de l'existence à la non-existence. Y a-t-il un seul dharma dans tout l'univers pouvant aller de l'existence à la non-existence ? Une feuille, un grain de poussière, un filet de fumée d'encens – rien de cela ne peut passer de l'existence à la non-existence. Tous ces dharmas se transforment simplement en d'autres dharmas. C'est ce qui arrive aussi à la graine bodhi. Elle ne meurt pas et se transforme en arbre. La graine et l'arbre sont tous deux sans naissance et sans mort. Ananda, la graine et l'arbre, vous, moi, les bhikkhus, un filet de fumée d'encens – tous, nous sommes sans naissance et sans mort.
« Ananda, tous les dharmas sont sans naissance et sans mort, qui ne sont que des concepts mentaux. Tous les dharmas ne sont ni pleins ni vides, ni créés ni détruits, ni souillés ni immaculés, ni croissant ni décroissant, ni allant ni venant, ni un ni plusieurs. Tout ceci n'est qu'illusion ! Grâce à la contemplation sur la nature vide de tous les dharmas, il est possible de transcender tous les concepts discriminatoires afin de réaliser la vraie nature que le monde de la naissance et de la mort, de la plénitude et de la vacuité, au devenir et à la dissolution ?
« Ananda, ne vous êtes-vous jamais arrêté au bord de la mer pour observer les vagues naître et mourir à la surface de l'eau ? La non-naissance et la non-mort sont comme cette eau, comme ces vagues. Ananda, il y a de longues et de courtes vagues, de hautes et de basses. Les vagues naissent et disparaissent mais l'eau reste. Sans eau, il n'y aurait pas de vagues. Les vagues retournent à l'eau. Elles sont l'eau, l'eau est les vagues. Bien qu'apparaissant et disparaissant, si les vagues comprenaient qu'elles sont elles-mêmes de l'eau, elles transcenderaient les notions de naissance et de mort, ne se feraient plus de souci, n'auraient plus peur, ou ne souffriraient plus à cause de la naissance et la mort.»
Thich Nhat Hanh, Sur les traces de Siddharta (1998)
jeune (future) ingénieure observant l'impermanence et l'interdépendance du mouvement des vagues sur le rivage de Bogatell, aujourd'hui
Lecture 2 :
Deker questionne Maître Tran Thanh :
« Dans la méditation, tu veux maîtriser.
– Oui  Deker, maîtriser, et tu penses que tu maîtrises parce que tu es dans la technique et que tu vides la tête. C’est ce que pensent en gros la plupart de ceux qui font la méditation : « je bloque, je vide la tête et je médite. » Mais, en réalité, ce n’est pas ça. Car lorsque tu arrives à maîtriser, tu crées une mémoire du corps. Cela reste mais ce n’est pas toi, tu ne fais que suivre un système que tu connais. Tu es limité. Inconsciemment, tu transportes avec toi ce que tu connais.
– Donc à ce niveau tu n’es jamais surpris ?
– Non, jamais surpris, puisque tu es dans le code. Bien sûr, cela apporte du bien-être et fait circuler, mais ce n’est pas cette exploitation profonde dont nous parlons. Ici, on bouleverse tout le système. Il faut atteindre la masse noire subtile pour être dans sa méditation. C’est un parcours de connaissance de sa propre création. Et là, les autres le nomment comme « grand »  car il exploite au delà de tout le système. C’est lui qui ensuite indique le processus par lequel, à leur tour, les autres vont suivre. Mais, si on le suit, on est déjà dans la limite ! Et rebelote.
– Une copie, si parfaite soit-elle, n’atteint jamais la valeur de l’original.
– Hé oui Deker, on est au dessous ! Il n’y a qu’un seul Picasso et un seul Matisse, mais tout le monde peut faire, de manière différente.
– Chacun est Picasso... sauf le résultat.
– Dans le processus, tu as ta propre masse subtile. Tout ce que tu as appris Deker, ce n’est ni bon ni mauvais, mais tu laisses de côté, il faut aller au-delà.
– La « masse noire subtile », comme... ?
– Comme toutes les cellules et tous les tissus, et leur combinaison qui se relie à tout.
– Un état latent potentiel donc, non fini...
– … dans le mouvement imperceptible.
– Dans la partie, tu es alors dans le tout, en interaction permanente ?
– La goutte d’eau elle est la mer, impossible à diviser. Alors que les hommes, eux, veulent diviser.
– Auto-limitation donc, telle la marée humaine. Vanité des vanités !
– Comme pour la masse noire subtile... Cette marée humaine avance dans l’ignorance, jusqu’à ce que l’humain prenne conscience que cette masse, elle existe et elle suit. La masse noire subtile est intacte, unique, authentique, et à toi seul.
– Alors notre royaume, c’est la masse noire ?
– Ah, mais voilà Deker, tu arrives à la conclusion : « Notre Royaume est notre masse noire subtile, intacte car tout le reste est affecté ».
– Et le « central », tu le situais au cœur, ne serait-ce pas finalement la masse subtile ?
– La masse subtile, c’est évident, mais je ne trouvais pas le mot exact pour exposer ! Parce que les chinois disent que « le cœur c’est central », mais le caca est une création intégrale de l’homme par la transformation dans un parfum unique et distinct à chaque être humain.
– « Sourire à son caca »... la masse subtile est un éther !
– Au-delà de l’oxygène, un état tout ce qu’il y a de réel. »
Extrait de dialogues Tran Thanh avec Deker, in Transition (2006)


Lecture 3 :
« L’Éveillé raconta alors à ses disciples la fable suivante :
Il était une fois un roi très intelligent qui invita plusieurs aveugles de naissance à visiter le palais. Il leur amena un éléphant et leur demanda de le toucher, puis de le décrire. Celui qui toucha ses jambes déclara qu'un éléphant ressemblait aux piliers d'une maison. L'homme qui effleura sa queue affirma qu'il était comme un plumeau. La personne qui palpa ses oreilles attesta qu'il s'apparentait à un panier en osier, et celui qui lui frotta le ventre témoigna que c'était un tonneau rond. La personne qui lui caressa la tête le trouva semblable à une jarre en terre, et celui qui se frotta à sa trompe, à un bâton. Quand ils se retrouvèrent pour discuter de ce qu'était un éléphant, personne ne tomba d'accord avec son voisin, et une violente dispute s'ensuivit.
Bhikkhus, ce que vous voyez et entendez n'est qu'une petite partie de la réalité. Si vous considérez ceci comme la réalité dans son intégralité, vous finirez pas en avoir une vision déformée. Une personne sur le chemin doit garder un cœur humble et tolérant. »
Thich Nhat Hanh (ibid)
groupe de voyants autour du mammouth au parc de la Ciutadella, aujourd'hui

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