29.7.12

poème intégral

AU BORD DE LA FALAISE
Dans des hôtels qui avaient l'air d'organismes
     vivants.
Dans des hôtels pareils à l'intérieur d'un chien de
     laboratoire.
Enfoncés dans la cendre.
Ce type-là, à moitié nu, mettant la même chanson
     encore et encore.
Et une femme, la projection holographique d'une
     femme, sortait sur la terrasse
contempler le cauchemar ou les éclats.
Personne ne comprenait rien.
Tout était raté : le son, la perception de l'image.
Des cauchemars ou des éclats encastrés dans le ciel
à neuf heures du soir.
Dans des hôtels qui avaient l'air d'organismes
     vivants de films de terreur.
Comme lorsqu'on rêve qu'on tue quelqu'un
qui n'en finit jamais de mourir.
Ou comme cet autre rêve : celui du type qui évite
     une agression
ou un viol et cogne sur l'agresseur
jusqu'à mettre ce dernier par terre et là il continue à
     le cogner
et une voix (mais quelle voix ?) demande à
     l'agresseur
comment il s'appelle
et l'agresseur dit ton nom
et tu arrêtes de cogner et dis ce n'est pas possible,
     c'est mon nom,
et la voix (les voix) disent que c'est un hasard,
mais toi dans le fond tu n'as jamais cru aux hasards.
Tu dis : on doit être parents, tu es le fils
de l'un de mes oncles ou de mes cousins.
Mais lorsque tu le relèves et que tu le regardes, si
     maigre, si fragile,
Tu comprends que cette histoire aussi est un
     mensonge.
C'est bien toi l'agresseur, le violeur, l'inepte
     braqueur
Qui erre dans les rues inutiles du rêve.
Alors tu retournes aux hôtels-coléoptères,
     aux hôtels-araignées,
lire de la poésie au bord de la falaise.

les chiens romantiques (extraits), Roberto Bolaño et Roberto Amutio pour la traduction de l'espagnol (Chili). Christian Bourgois éd.

1 commentaire:

blakschmit a dit…

Cela parle de vous