Je
dois battre ma coulpe. Tant et tant d'années où j'ai rebattu les
oreilles de mes proches, ma plus proche en particulier dans les
années 90, sur l'évolution immanquable de nos sociétés de la
verticalité (institutionnelle notamment) à l'horizontalité. J'en
ai même fait le centre de mon combat –«si
singulier» pour le moins, estimeront nombre de mes relations,
famille et amis proches, justement– lors de mon engagement
politique électoral aux législatives de 1993. Vingt ans déjà!
Oui, vingt ans que je rabâche inlassablement cette évidence pour
moi, plus intuitive que construite ou réfléchie: c'en est fini des
structures pyramidales et centralisées, le monde est désormais
conduit à une horizontalité qui va bousculer –qui bouscule déjà
même considérablement– nos habitudes et modes de vie. Remettre
l'homme au centre du jeu, lui permettre d'accomplir son destin
individuel et collectif à la fois local et global.
J'ai puisé dans cette
conviction ma force, m'opposant (nécessairement) aux structures en
place, empruntant une voie politique étroite qui ne pouvait
évidemment mener à l'élection :
candidat libre! Autant dire candidat sans
avenir. Je ne le regrette pas, malgré les effets dévastateurs
collatéraux qui en ont résulté durablement dans ma vie
professionnelle et sociale. Disons plus clairement que s'il m'est
arrivé, et encore parfois aujourd'hui, d'en regretter certains
effets multiplicateurs, je n'en ai jamais remis en cause... la cause précisément. Cette évidence allait entraîner nombre de
conséquences, pas seulement au niveau théorique et conceptuel, sur
l'appréhension du monde environnant, la place qu'il convient d'y
réserver, le rôle que désormais il serait utile de tenir, pour
harmoniser la pensée à l'action...
Vaste programme, en cours,
jamais achevé. D'où également une impression de flou ou de
confusion, d'incertitude. Même, la réalité d'une forme de
précarité sociétale. Risque et danger. Pourtant, au fond de mon
être se tient toujours cette évidence et donc, corrélativement,
que je ne suis pas venu au bon moment. Trop tôt... trop tard... les
deux? Mais peu importe, car au fond les signes d'encouragement
ne manquent pas. Ils sont comme des petits cailloux placés sur le
chemin de l'inconnu, des signaux de reconnaissance.
Par exemple je peux dire,
contre toute mode et tendance actuelle (et donc d'autant plus
fortement) que j'ai trouvé dans la longue campagne participative de
Ségolène Royal en 2006 et 2007 une profonde correspondance avec mes
idées, je dirais même plus, mes sentiments profonds. Et très tôt,
pratiquement dès le départ, j'ai spontanément associé à sa démarche une
pensée comme celle d'Edgard Morin... leur rapprochement ultérieur
ne m'a donc nullement surpris (d'ailleurs qu'en est-il aujourd'hui de
ce laboratoire régional de la complexité, a-t-il lui aussi été
victime des modes et passions passagères?).
Aussi, sans aucun désir
de provocation, j'aime à réaffirmer ici et maintenant que cette
femme avait –et donc a, quoiqu'il en soit– une « vision
de l'évolution ». Et que si Francois Hollande est élu
Président de la République, ce que personnellement je souhaite, il
serait bien inspiré de saisir cette chance, cette opportunité de
prendre à ses côtés dans un espace préservé –en particulier
des ravages du temps rapide*– une personne de cette trempe qui a
démontré par la parole et par l'action qu'elle comprend les
évolutions de notre temps et partant celles nécessaires de notre
société.
Je pense à Ségolène Royal en écoutant Jérémy
Rifkin**, très bien interrogé à France Inter par Stéphane Paoli
hier dimanche. Une petite heure précieuse d'entretien que je
recommande vivement à quiconque souhaite percevoir le monde qui est,
c'est à dire celui qui se prépare sous nos regards ouverts, faisant
ainsi écho à La Fontaine : «À ce signe d'abord leurs
yeux se dessillèrent». Une recommandation que j'adresse en
particulier à mes relations, famille et amis proches... Et
je profite de l'occasion pour substituer à « horizontalité »
le terme mieux adapté et complet, plus pertinent, de « latéralité ».
*Je pense par exemple à
ce que pourrait être un vaste commissariat général
au Plan, revu à la forme XXI° siècle, en tant qu'organe central,
durable et intangible
**La
troisième révolution industrielle – Comment
le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le
monde (éditions
Les liens qui libèrent, février 2012)
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