16.12.11

un monde intérieur

Le monde intérieur emplit-il? Retiré, retirado, retrait, conjoints. Nécessairement? Non, pas nécessairement, on peut très bien se tenir dans l'entre deux, disons à l'entresol (entresuelo, zwischenstock) comme à l'entre étages du monte-charges -"Ascenseur pour l'échafaud", Miles Davis, un son rythmé, solitaire et continu-, à l'exact croisement des deux niveaux: se hausser lègèrement, peut-être naturellement allonger le cou et nous percevons le dessus; légère flexion, nous voici au dessous. Comme une petite gymnastique d'assouplissement, stretching. À propos, de quel niveau -dessus / dessous- le monde intérieur relève-t-il importe peu. Ce qui compte, ici, c'est la simultaniéité d'apercu qui lève la contradiction, voire l'antagonisme, autorisant de facto l'accès et l'entrée véritable. Il s'agit donc, ici, d'une réconciliation (au sens “processus de réconciliation”) comme la peau l'opère naturellement et apparemment si aisément, interne / externe. Bientôt, le processus bien enclenché et développé atteint la superposition, deux calques apposés et ajustés au besoin individuel. Au delà de la nécessité intérieure, un besoin vital. Le calque métaphorique ouvre une perspective de compréhension et une voie de vérité enfin sereine(?), au coeur du tumulte du sang (du coeur), de la vie.
La frustration de ne pas être parmi, s'estompe. La prise de conscience de l'illusion du partage circonstanciel -les fêtes!- laisse tout son champ libre à l'empathie spirituelle, à la connexion vibratoire, une libération amplificatrice d'énergies qui (se) réoriente vitalement, en effet. Un absolu fort incarné.
Ces trois derniers mois, je me suis beaucoup occupé de mettre mon corps en phase. Il est l'heure à présent -tout en poursuivant- de passer à l'âme, sans passer l'arme... L'édifice toujours fragile tangue sec sur la houle des sentiments, gîte même sacrément. L'amer varie sans cesse, alors l'humble solution -d'attente forcément provisoire- se limite à l'ancre flottante; du moins est-on ainsi assuré de sa relative stabilité, toute circonstancielle, histoire de faire le point, de se donner les moyens de. On "bouchonne dans la bonace" disait souvent Chaban. Reste à définir la bonace*, sa texture, son ampleur, sa nature même. ¿De laquelle parle-t-on? La mienne ressemble trait pour trait au monde d'aujourd'hui. Du seul mouvement et bien que balancier erratique aléatoire surgit autre chose. Aussi me saisit, à l'écoute de la radio**: "sans appui et pourtant appuyer" écrit Jean de la Croix. Ce qui peut me tenir, c'est ce que je ne tiens pas. Survivre implique donc d'être artiste. Un autre monde est possible, oui.
*en mer, calme plat entre deux périodes de mauvais temps (Larousse)
**France Culture évidemment

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