28.1.10

ce que je crois (art.19478 ou 9 sais plus...)

Ce sont quelques mots lancés dans l'océan de l'actualité - amoncelés comme sur l'infinie décharge dont se nourrissent les affamés, on ne saurait plus (très vite) en retrouver la trace, l'origine- et que je saisis donc avant broyage et extinction. C'est un état que je ressens plus fortement à présent,avec acuité, avec gravité même, l'état encore possible (?) de la différenciation, de la hiérarchie (ici de l'information). Tout se côtoie, se cumule, s'interchange. Était-ce hier ou il y a un an ? Établir un degré, une priorité, comment ? Durablement, mot désuet.
Donc je capte et retiens, sans hasard : "Dans les Balkans, qui ont été le théâtre de conflits cruels, il y a une fatigue du laxisme. C'est une région très dure, autoritaire, cruelle et épique. Et l'Europe n'a pas su gérer cette région du monde. Nous souffrons de son indécision permanente à notre égard. C'est une politique souvent contradictoire, illogique. Les pays occidentaux veulent de nous dans l'Europe, puis non. Cela crée dans cette péninsule, qui est dans un état très inquiétant, une fatigue de la démocratie." Fatigue de la démocratie... Il faut avoir le talent (aussi la vie) d'Ismail Kadaré pour parvenir à synthétiser avec tant de justesse ce qui constitue à mes yeux la plus grave menace qui nous guette. Nous, c'est à dire tous ceux qui de par le monde disent : "oui, on verra on verra... " Il parle de l'Albanie, et moi instantanément je pense à la Turquie. Et -une nouvelle fois, encore une fois, tant de fois (hommage à Bashung) - je me suis dit : Au nom de quoi donnons-nous des Leçons ? Notre histoire ! Mais Tous ont une Histoire. Notre Position ! Mais, quelle était-elle hier encore ? Et Demain... Notre légitimité ! Mais, aucun homme n'est supérieur à un autre.
Menace grave, oui, celle qui guette nos vanités, nos petits conforts et nos orgueils infondés. Attendons-nous donc à terme* à ce qu'Ils nous envoient tous balader. Car nos référents ne sont pas éternels. Nous ne faisons que passer, locataires sans hypothèque. Et puis un contretemps est si vite arrivé. Un détail, rien, un tremblement de terre, une irruption volcanique, un tsunami, quelques incendies continentaux ou inondations urbaines... Rien n'est acquis, n'oublions pas. Et là, qui s'en sort le mieux ? Qui résiste, s'adapte, comprend, patiente, partage, temporise et croit ! Déjà, nous ne savons même plus les produits de saison. D'ailleurs ,à dire vrai, nous ne savons plus grand chose de notre base vitale, finalement. Tout cela devrait nous inviter à plus d'humilité, troquer nos moulinets par des tentes communes, ouvertes aux vents.
L'autre (Berlusconi) disait : "ils ont de la chance de pouvoir faire du camping..." Comme dormir à la belle étoile. Mais qui ? Tiens, encore un mot qui s'emboîte à propos dans mon post (à galène, car en pension j'écoutais la nuit sous la couette les séries radiophoniques sur France II radio), celui du chanteur et compositeur berbère du groupe Tiraniwen : "Pour moi, la liberté, c'est d'être indépendant, de n'importe quelle façon. Pas forcément de vivre dans un désert, parce que quand tu vis comme ca, tu as toujours besoin des gens, tu as toujours besoin d'eau, toujours besoin de médicaments, toujours besoin d'un renseignement, et cela veut dire que tu n'es toujours pas libre."

*pour les prévisions du "terme", se référer aux prévizionnistes professionnels parmi tous ceux qui se trompent régulièrement - ou qui manquent ce qui est autant - et se relèvent illico la vague passée.

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